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Monday 30 November - Prêts pour l’Avent’ure ?
Lundi 30 novembre 2020 – Fête de saint André, Apôtre
Par Le père Ludovic Frère, recteur
Jésus rejoint ici des pêcheurs pour qu’ils deviennent pêcheurs d’hommes : quand le Christ appelle à le suivre, il fait tout quitter ; mais tout quitter pour tout mieux trouver. Il ne demande pas à André, Simon, Jacques et Jean de renoncer à leur compétence de pêcheurs ; mais il promet d’élever cette mission à un niveau jamais espéré par ces Galiléens : ainsi, ils iront pêcher des hommes au bout du monde. D’ailleurs, d’après ce que retient la tradition, André ira jusqu’en Mésopotamie.
Oui, quand le Seigneur appelle, il fait tout quitter pour tout mieux trouver. S’il avait choisi des médecins, il les aurait appelés à soigner l’humanité malade. S’il avait choisi des soldats, il les aurait invités à combattre avec les armes de la charité. Jésus nous rejoint toujours dans notre réalité humaine, pour l’élever à une dimension que nous n’avions même pas imaginé. Il ne vient pas annuler ce que nous sommes ; il vient l’accomplir pleinement et l’ouvrir à l’éternité.
Tout ce que vous avez construit dans la vie, tous vos charismes et vos compétences, tout cela le Seigneur veut le rejoindre sans cesse, pour lui donner une dimension que vous n’auriez jamais pu imaginer.
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Ainsi, suivre le Christ, c’est toujours une aventure passionnante ! Bien sûr, cet adjectif, il nous faut l’entendre dans les deux sens du terme : c’est passionnant tellement c’est exaltant, et c’est passionnant tant c’est crucifiant. Mais c’est toujours pour nous élever, toujours pour donner de l’épaisseur à notre vie et c’est toujours pour le salut : le nôtre et celui du monde. Alors, quand on suit le Christ, on n’est jamais déçu !
En ce début d’Avent, je vous invite à voir votre foi comme une aventure passionnante. Pour nos enseignement en ligne de ces jours, c’est le thème général qui a été choisi, avec un jeu de mot un peu facile mais signifiant : « l’Avent’ure continue ». Oui, l’Avent appelle à « l’avent-ure », peut-être surtout en cette année si particulière.
Car cet Avent en contexte de pandémie, nous pouvons choisir de le vivre dans la frustration de tout ce que nous ne pouvons pas faire ou dans l’enthousiasme d’une aventure à vivre.
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Pour partir à l’aventure, deux préalables sont requis : accepter de se déplacer et ne pas vouloir comparer son aventure avec celle des autres.
L’apôtre saint André nous le montre bien aujourd’hui : d’abord, il accepte de bouger, comme les 3 autres pêcheurs. Lâcher les filets, quitter le bord du lac, laisser là leur père, ça n’a certainement pas été facile pour eux. Les apôtres n’ont aucune garantie sur ce qui les attend, mais ils saisissent dans la voix du Christ – ou dans son regard, peut-être - une promesse d’aventure irrésistible. Aventure qui a pour première étape nécessaire l’abandon de leurs filets.
Au seuil de l’Avent, la question est donc pour nous évidente : n’y a-t-il pas un filet qui nous maintient empêtré, qui nous empêche de faire un pas, qui nous freine dans la suite du Christ ? Au Laus, on dirait volontiers : n’y a-t-il pas une chèvre à laquelle on est trop attaché ? Quelque chose qui fixe à un piquet et qui empêche d’être mobile. Si l’Avent ne nous rend pas disposés à nous laisser déplacer, nous ne serons pas disponibles non plus à l’avènement du Christ dans la gloire.
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La deuxième condition pour vivre une grande aventure, c’est de ne pas comparer notre aventure personnelle à celle des autres. Avec le Seigneur, la vie n’est pas une compétition, où il faudrait faire toujours mieux que les autres, plus brillant, plus remarquable. Une grande et belle ambition peut bien sûr être un moteur dans la vie, mais c’est l’ambition de faire du grand pour le Seigneur, non pas pour briller aux yeux des autres.
La comparaison est alors un piège dans lequel les apôtres vont parfois tomber. Quand ils chercheront entre eux qui est le plus grand, Jésus les remettra tout de suite en place. C’est seulement en ne se comparant pas aux autres qu’André pourra devenir saint André, avec son parcours original et sa vocation propre. S’il avait voulu être saint Pierre, il aurait été un mauvais Pierre. Non, il lui faut être André, avec tout ce que ça signifie de complémentarité avec Pierre, de différence aussi, et de refus de jalouser son frère qui sera choisi comme chef des Apôtres.
De même avec Jacques et Jean. Remarquez d’ailleurs que l’appel dont saint Matthieu rend compte dans son évangile, c’est celui de Pierre, André, Jacques et Jean. Or, à la Transfiguration comme au jardin des Oliviers, qui Jésus emmènera-t-il à l’écart ? Pierre, Jacques et Jean. Mais pas André ! Pourquoi donc ? A-t-il manqué l’examen donnant accès à cette plus grande intimité avec le Christ ? Certainement pas. Mais Jésus avait pour lui un autre projet.
Dans la vie de l’Église tout particulièrement, mais aussi dans d’autres dimensions de l’existence, il est tellement nécessaire de renoncer aux comparaisons et aux jalousies, pour accueillir le chemin propre à chacun. La vie n’est qu’amertume si l’on regarde vers les autres pour se plaindre de ce qu’on n’est pas ou de ce qu’on n’a pas. Mais la vie est aventure, quand on sait découvrir ce qu’on a de spécifique, ce chemin unique sur lequel le Seigneur nous attend.
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Alors, vous êtes prêts pour l’Avent’ure ? Prêts à bouger et prêts à renoncer aux comparaisons ? Ce sont deux conditions pour que ces 4 semaines de l’Avent portent vraiment du fruit. Une aventure nous attend. On pourrait dire qu’on en connaît déjà l’issue, puisque nous célébrerons la joie de la naissance du Sauveur.
Mais le Seigneur, maître des temps et de l’histoire, ne se contente pas de répéter les choses. L’Avent et Noël de cette année seront différents des autres années ; non pas d’abord à cause de la pandémie, mais parce que le Seigneur fait toutes choses nouvelles. Il ne fait jamais de copier-coller, ni d’une année sur l’autre, ni d’une personne à l’autre. Le Seigneur nous invite à du nouveau, toujours surprenant, toujours passionnant !
Que cette Eucharistie nous rende donc disponibles à ce « nouveau » que le Seigneur veut pour nous, personnellement et communautairement. Qu’il trouve nos cœurs disposés à l’aventure ; et pour cela, que sa grâce nous libère des filets qui retiennent et des comparaisons qui séparent. Notre « oui » au Seigneur sera alors vraiment « oui » : la plus belle manière de veiller son avènement.
Maranatha, viens Seigneur Jésus !