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Saturday 3 May - 3e journée de la session mariale d’ouverture de l’année jubilaire
Le rôle des saints
Par le père Ludovic Frère, recteur du sanctuaireFête des saints Philippe et Jacques
La célébration des saints Philippe et Jacques dans les premiers jours de l’année jubilaire est une invitation, me semble-t-il, à ne pas manquer de mentionner, dans l’histoire du Laus, la présence particulière des saints. On présente le Laus comme un sanctuaire marial, et on a bien raison, car c’est la Belle Dame elle-même qui précisera à Benoîte avoir demandé ce lieu à son fils pour la conversion des pécheurs. Nous sommes donc bien chez Marie, dans un lieu voulu par Marie, porté par Marie.
Mais la vie de Benoîte a aussi été éclairée par de nombreuses interventions angéliques et la rencontre avec plusieurs saints. Saint Maurice, saint Joseph, saint Gervais, sainte Barbe et sainte Catherine. Sans compter tous ceux que Benoîte a vus lors du grand moment d’allégresse que fut sa visite du paradis.
Il n’est pas simple de brosser en quelques phrases le tableau de la présence des saints dans la vie de Benoîte. Difficile de résumer leurs apparitions à la servante du Laus, tant elles ont été diverses, pour des raisons différentes, dans des contextes qui n’étaient pas les mêmes. Mais c’est peut-être justement là le premier témoignage que nous offrent les saints : ils nous accompagnent en toute chose. Et si la tradition reconnaît bien volontiers des saints patrons pour tous les corps de métier et pour bien d’autres choses encore, c’est pour dire cette proximité avec nous de ceux qui ont vécu avant nous ; et qui ont tenté d’être fidèles à l’évangile, de s’oublier eux-mêmes pour se donner aux autres, de suivre le Christ dans une vie d’offrande, de supporter les épreuves dans l’espérance.
Le premier saint à s’être manifesté à Benoîte, c’est saint Maurice. On pourrait l’appeler : « le saint préparateur ». Les manuscrits du Laus rapportent : « Benoîte eut un sentiment d’aller visiter une chapelle ruinée […]. Dès qu’elle y fut, elle vit un saint sur l’autel. […]. Elle lui demanda qui il était. "je suis Maurice", répondit le saint. […]. La bergère lui offrit son pain ; Voyant qu’elle mourait de soif, il alla puiser de l’eau dans un puits proche de la chapelle et lui dit : "les bienheureux ne mangent pas" ». Voyez la délicatesse des saints, attentifs à nos soifs, surtout nos soifs de Dieu.
Saint Joseph a lui aussi visité ce lieu. Les manuscrits du Laus nous disent : « saint Joseph est apparu six fois à Benoîte, lui disant de prendre bien patience en gardant son troupeau et de bien le suivre sans se fâcher ». Qui s’étonnera que l’époux de Marie s’occupe du concret et que, dans sa douceur, il invite Benoîte à se calmer un peu ? Les saints sont de bienveillants conseillers, pour apaiser nos esprits souvent fébriles et impatients.
Saint Gervais a une autre mission auprès de Benoîte. Il est apparu en avril 1670 à la bergère, après un baptême au village d’Avançon, juste en face du Laus. Les manuscrits nous disent : « au lieu d’aller au festin après le baptême, elle revint à l’église où elle vit saint Gervais, le patron du lieu, qui lui dit de donner des avertissements à plusieurs personnes ». En rencontrant ce saint patron, Benoîte est témoin de cette réalité que nous oublions peut-être : chacune de nos églises a un saint patron qui veille sur la communauté chrétienne ; une sorte de supporter, qui agit au Ciel pour l’unité de nos communautés paroissiales… et qui a donc pas mal de pain sur la planche !
Les deux dernières saintes à être apparues à Benoîte sont sainte Barbe et sainte Catherine-de-Sienne ; ensemble, elles sont venues vers Benoîte, selon l’événement rapporté ainsi : « en l’année 1678, le jour de la fête de sainte Barbe, la très digne Mère de Dieu apparut à Benoîte entre deux saintes, dont l’une portait une couronne éclatante et l’autre une couronne d’épines. Et la Mère de Dieu lui dit : "Ma fille, si vous voulez une couronne dans le Ciel, il faut en porter une d’épines sur la terre" ». Peu de temps après, Benoîte demande à son bon ange « qui étaient ces saintes qui accompagnaient la Mère de Dieu la dernière fois. L’ange lui répondit que c’étaient sainte Barbe et sainte Catherine de Sienne ».
Remarquez que sainte Barbe se manifeste tout juste le jour de sa fête. Les fêtes des saints ne sont pas simplement des commémorations ; ce sont des jours privilégiés pour reconnaître leur présence et leur action à nos côtés. Aujourd’hui, c’est donc un jour particulier pour accueillir la présence de saint Philippe et de saint Jacques : deux apôtres, qui nous aident à être de vrais disciples du Christ. Plus largement, notre année jubilaire au Laus est une année particulière pour accueillir la présence de Marie dans notre vie.
Enfin, avec sainte Barbe, apparue à Benoîte le jour de sa fête, c’est sainte Catherine-de-Sienne qui lui apparaît aussi. Nous la fêtions mardi, Catherine de Sienne. Une sainte forte, qui osa parler au Pape pour qu’il quitte Avignon et revienne à Rome. Une femme qui écrivit à l’évêque d’Ostie : "Hélas, ne plus se taire! Criez avec cent mille voix. Je vois que, parce qu'on se tait, le monde est détraqué et l'Epouse du Christ est pâle ». Catherine remuait l’Eglise comme le fait de nos jours le Pape François ! Elle nous rappelle que les saints nous aident, mais aussi qu’ils nous remuent, qu’ils nous évitent de nous endormir, d’être fades, tièdes ou paresseux !
Saint Maurice qui prépare à la rencontre, saint Joseph bienveillant conseiller, saint Gervais fidèle à son patronage, sainte Barbe qui nous dit l’importance de fêter les saints et sainte Catherine-de-Sienne réveillant les assoupis ! Voilà ce que font les saints à nos côtés ! En fêtant aujourd’hui d’eux d’entre eux, en ce sanctuaire où nous honorons la Reine des saints, prenons le temps de nous réjouir de leur aide, d’en rendre grâce, de les laisser par l’exemple de leur vie nous remuer et nous faire vouloir de grandes choses pour nous tous : nous faire vouloir être comme eux, des saints. Et c’est possible, c’est à notre portée, avec la grâce de Dieu. Amen.