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Saturday 28 February - Messe de clôture de la 3ème session ski-spi
L'appel de la montagne
Par le père Ludovic Frère
La montagne ! Dans la première lecture, c’est sur une montagne que le Seigneur conduit Abraham avec son fils Isaac ; dans l’évangile, c’est sur une « haute montagne » que 3 disciples sont témoins de la transfiguration du Christ. Et d’après la 2e lecture, c’est bien plus haut qu’une montagne que le Christ est élevé : « il est assis à la droite de Dieu et il intercède pour nous ».
Au terme d’une semaine à la montagne, ces lectures, qui sont proclamées dans toutes les églises du monde en ce dimanche, sont vraiment bienvenues pour nous, ici ! La montagne comme rencontre avec le Seigneur, la montagne comme lieu d’épreuve et la montagne comme une annonce de notre élévation auprès du Père pour l’éternité.
Oui, vraiment, la montagne nous parle de Dieu ; et c’est sans doute pourquoi elle a, aux yeux de beaucoup de monde, quelque chose d’irrésistible, comme un appel à aller plus haut. La montagne nous invite à écouter notre aspiration aux hauteurs, pour ne pas nous contenter d’une petite vie bien rangée et confortable.
Pour Abraham, aller sur la montagne s’annonce comme une épreuve vraiment déstabilisante. Est-ce que Dieu lui demande de sacrifier son fils, ce fils qui a été le fruit d’une promesse tant attendue ? En fait, le Seigneur montrera qu’il ne veut pas la mort de l’enfant, mais il veut qu’Abraham grandisse encore dans sa foi : qu’il ne se contente pas de profiter de ce que Dieu a donné, mais qu’il monte jusqu’à Dieu qui donne.
Passer des dons de Dieu à Dieu qui donne : c’est un grand acte de foi, tel que Benoîte l’a profondément vécue ici. Ne pas nous contenter des dons de Dieu, même s’il est légitime d’en profiter comme nous l’avons fait cette semaine avec la joie de la neige et le bonheur d’être ensemble ; ne pas nous contenter cependant des seuls dons de Dieu, mais aller jusqu’à leur Source, jusqu’à Dieu lui-même, qui est notre seul nécessaire.
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La montagne nous parle de Dieu aussi, par sa beauté et sa majesté. En contemplant tant de grandeur, nos yeux s’élèvent vers Celui qui en est l’auteur. C’est toute la démarche de conversion d’un homme comme saint Augustin : cherchant un sens à toute la réalité, il interroge ce qu’il voit de beau dans le monde. Mais les créatures lui font comprendre qu’il doit voir plus haut : leur beauté n’est qu’un reflet de Celui qui en est l’auteur. Et ainsi, Augustin s’élève jusqu’à la beauté de Dieu Lui-même.
Après une semaine où nous en avons eu plein les yeux, qu’allons-nous faire des beautés que nous avons contemplées ? Saurons-nous, comme Augustin, remonter jusqu’à leur Créateur ? Saurons-nous aussi chercher à les refléter, ces beautés, non seulement par le teint bronzé que vous avez acquis ici, mais plus encore par cette beauté de l’âme qui peut irradier tout notre être, comme le Christ en sa transfiguration. Ça pourrait être une belle intention pour la suite du Carême : veiller à avoir une belle âme, la rendre belle comme on peut le faire d’une œuvre d’art, pour glorifier Dieu et réjouir les autres.
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Mais encore : si la montagne nous parle de Dieu, par sa beauté et sa majesté, dans la Bible aussi, Dieu parle sur la montagne. Nous venons de l’entendre avec le récit de la transfiguration : un récit lumineux qui annonce la résurrection du Christ, vers laquelle nous avançons pendant ce Carême.
Il a fallu à Pierre, Jacques et Jean monter avec le Christ pour contempler son rayonnement glorieux ; monter jusqu’à un endroit désert, silencieux et calme… des lieux qui nous sont nécessaires pour savoir écouter Dieu et contempler sa lumière.
Alors, de retour chez vous, saurez-vous garder des lieux et des moments pour faire un peu désert, silence et calme, afin que le Seigneur puisse se révéler encore à vous et vous éclairer de sa puissante lumière ?
C’est ce que je vous souhaite de tout cœur, afin que les beaux moments, les grâces et les joies vécues cette semaine ne prennent pas seulement place parmi nos souvenirs, mais qu’ils soient pour nous tous l’appel à une joyeuse orientation de vie, en cherchant à voir toujours plus haut, toujours plus grand, pour nous préparer ainsi à l’élévation éternelle. Amen.