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Sunday 27 March - Saint jour de Pâques
la victoire de la lumière !
Par le père Ludovic FrèreJe ne sais pas qui a pris la décision, mais je le retiens, celui-là : car son choix est vraiment discutable ! Quelle idée de nous imposer ce changement d’heure et de nous avoir ainsi privés cette nuit de 60 bonnes minutes de sommeil !
Le passage aux heures d’été et d’hiver ne manque certainement pas de pertinence, mais n’aurait-on pas pu le placer en pleine semaine et en journée, plutôt qu’au beau milieu de la nuit d’un week-end ?… en tous cas, pour le passage à l’heure d’été !
Pour tout dire, il n’y a guère qu’en cette année 2016 - qui fête d’ailleurs l’anniversaire des 40 ans de l’instauration des heures d’été et d’hiver – oui, en cette année, ce choix se révèle tout à fait opportun : nous avons dormi une heure de moins dans la nuit du passage des ténèbres à la lumière ! Nous avons réduit notre temps de sommeil dans la nuit où Jésus se relève d’entre les morts ! En fait, cette nuit, nous n’aurions pas dû dormir du tout !
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Ainsi, notre passage à l’heure d’été, s’il rend certains parmi nous pas forcément très frais ce matin, témoigne de la réalité essentielle qui nous rassemble en ce jour de Pâques : la défaite de la nuit ! La défaite définitive de toutes les nuits : celles des ténèbres qui obscurcissent si souvent les cœurs et les cerveaux humains ; celles de nos vies marquées par la maladie, les séparations, les déceptions, les projets abandonnés et bien sûr les deuils. Toutes les nuits humaines, qui pèsent sur l’humanité « depuis la nuit des temps », toutes sont désormais définitivement éclairées par la lumière du Ressuscité !
Au cours de cette nuit, cette courte nuit, nous sommes passés des ténèbres à la lumière ! Nous y sommes passés définitivement par l’offrande de la vie du Fils de Dieu. Saint Paul a donc pu nous dire tout à l’heure : « vous êtes ressuscités avec le Christ ! » Plus de nuit pour nous désormais !
Avec Jésus-Christ, nous sommes sortis de l’obscurité du tombeau pour resplendir d’une lumière nouvelle et éternelle ! Une lumière si forte qu’elle éblouit les premiers témoins et fait courir en tous sens ceux que la mort avait jusque-là figés sur place. Marie-Madeleine, Simon-Pierre et Jean courent aujourd’hui comme jamais ! Ils avaient été paralysés par le drame de la croix. Ils se mettent maintenant en mouvement, comme nous ce matin ; et ce déplacement va les ouvrir à l’accueil de cette lumière inattendue, comme nous ce matin !
Alors, frères et sœurs, à la clarté de ce jour nouveau, c’est le moment de se poser la question : quelle nuit de votre vie a aujourd’hui particulièrement besoin d’être rejointe par la résurrection du Christ ? Allez-y : c’est le jour pour ouvrir les tombeaux ! Laissez donc le Ressuscité éclairer ces nuits pas toujours avouables, pas toujours indentifiables. Sortez du tombeau avec le Christ, venez à la lumière ! Laissez-vous déplacer, comme Marie-Madeleine ; courrez jusqu’au tombeau, comme Pierre et Jean ! Refusez de baisser les bras, ne laissez pas les ténèbres vous parler, abandonnez la dureté de vos cœurs peut-être, croyez à la victoire du Sauveur, soyez lumières pour ce monde !
Non, il n’est pas possible de dormir en ce jour qui nous ouvre à la lumière, une lumière que rien, pas même la mort, ne pourra jamais plus éteindre !
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Mon père spirituel, un moine bénédictin fort sage, me faisait récemment remarquer qu’on n’avait jamais réussi à inventer de générateurs d’obscurité. On a bien sûr inventé des volets qui mettent nos chambres dans le noir et d’autres moyens pour avoir de l’ombre ; mais ils ne génèrent pas d’obscurité, ils font seulement obstacle à la lumière. Il n’existe pas de générateur d’obscurité alors qu’il existe bien sûr des générateurs de lumière.
Ainsi, nous constatons déjà dans les réalités naturelles et les technologies humaines ce que la victoire pascale vient apporter de manière définitive à tous les événements de nos vies : la lumière n’a pas de contraire ! Sans doute le désespoir est-il justement cette pensée erronée que le contraire de la lumière peut habiter entièrement nos vies. Mais non : désormais, par le mystère de Pâques, dans toute la réalité humaine, la lumière n’a plus de contraire !
La mort n’est plus le contraire de la vie ; elle devient un passage. Douloureux, assurément, pour ceux qui voient partir un être aimé. Mais la mort a perdu sa puissance ; elle a perdu sa force contraire à la vie pour devenir un passage vers l’éternité promise, si du moins nous désirons sur terre vivre dans cette lumière.
La mort n’a plus de contraire, pas plus que le Bien n’a de contraire. Il existe évidemment des actes mauvais opposés aux actes bons. Mais, en soi, le Bien suprême qu’est Dieu - et auquel nous participons par nos actes de charité - n’a pas de contraire. Il nous l’a prouvé cette semaine : le mal a été cloué sur la croix. Oui, l’esprit des ténèbres, le Christ lui a littéralement « cloué le bec » !
Et dans nos actes mauvais, c’est la même chose : par le sang du Rédempteur, versé pour le salut du monde, plus aucun de nos péchés ne peut remettre en cause la lumière de la miséricorde divine. C’est ce que nous célébrons avec tant de joie en cette année sainte : puisque la lumière n’a pas de contraire, nous pouvons lui faire ombrage par nos péchés, d’un refus qui peut devenir damnation éternelle ; mais même le plus grave des péchés n’aura jamais la force d’éteindre la lumière du Christ, qui nous éclaire de la fulgurante et douce miséricorde du Père !
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Alors, frères et sœurs, ce matin, après une courte nuit, nous sommes rassemblés pour proclamer que l’obscurité a perdu sa substance depuis que le Christ l’a traversée de sa lumière de résurrection !
Devant toutes les nuits de l’existence, on peut être tenté de baisser les bras ; on peut préférer le sommeil à la lumière… un sommeil pour éviter de vivre, alors que la lumière nous fait voir la réalité bien en face, dans toute sa beauté mais aussi avec toutes ses épreuves. Sortant d’une nuit avec une heure de sommeil en moins, nous sommes invités en ce jour de Pâques à ne pas fuir notre vie dans quelque forme de sommeil que ce soit ! Voilà pourquoi nous chantons aujourd’hui, sur tous les tons, des Alléluia à réveiller les morts !
Et quand la vie rend ce chant plus difficile à chanter, regardez autour de vous ; allez-y, regardez : vous n’êtes pas seuls. D’autres frères et sœurs chrétiens portent le flambeau de l’espérance quand la vie vous empêche de parvenir à le porter vous-mêmes ! Et quand c’est l’un d’entre eux qui flanche, c’est vous qui prenez un jour le relai pour brandir l’espérance de la victoire de la Lumière, cette victoire devant laquelle il n’est plus possible de dormir !
Et nous voici aujourd’hui rassemblés à Notre-Dame du Laus pour la chanter ensemble, cette victoire éternelle ! La chanter avec la Vierge Marie, dont Benoîte a pu saisir combien elle participe à cette lumière de la résurrection. On lit ainsi dans les Manuscrits du Laus que Benoîte voit toujours la Belle Dame « de la même façon : de ses habits et de son visage sortent tant de lumière qu’elle n’en a jamais bien pu remarquer les traits » (CA P. p. 385 [431])… C’est la lumière éblouissante de la béatitude éternelle !
Décidément, ce matin, nous sommes au bon endroit - et à la bonne heure ! – pour chanter l’Alléluia de la lumière qui ne s’éteindra jamais ! Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité. Alléluia !