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Thursday 24 March - Messe de la Sainte Cène - Jeudi Saint
La Sainte Cène
Par le père Jean-Marie Dezon, chapelain au sanctuaireAu début de son ministère, lors des noces de Cana, Jésus confiait à sa mère que son heure n'était pas encore venue. Mais il avait changé l'eau en vin, comme pour préfigurer l'eucharistie qu'il instituera lorsque l'heure sera venue. Plus tard, ses adversaires ne pourront et n'oseront mettre la main sur lui, car son heure n'était pas encore venue. Et voici qu'à présent l'heure est arrivée. Mystérieux moment de l'accomplissement, au terme d'un mûrissement opéré par l'Esprit.
Moment qui ne pouvait que coïncider avec le mémorial de la Pâque juive. Mais, le peuple hébreu qui, sous la conduite de Moïse fuyait l'Egypte pour rejoindre la Terre Promise, ne savait pas que cet itinéraire de l'esclavage vers la liberté figurait déjà le passage de la mort à la vie. Il ne soupçonnait pas que la manne qu'il recevait au désert pour survivre annonçait déjà le pain de vie nécessaire pour traverser l'existence. Il n'imaginait pas, ce peuple assoiffé, que l'eau miraculeusement jaillie du rocher allait devenir le symbole de ce vin qui réjouit d'autant plus le coeur de l'homme qu'il s'identifiera au sang de l'alliance nouvelle et éternelle.
L'heure est donc venue, de fêter la Pâque, de dresser la table. Jésus la préside : J'ai grandement désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir. Il donne, au cours du repas, le signe d'une existence livrée, offerte et partagée pour le salut du monde.
Puis il quitte la table, pour accomplir un geste aussi surprenant qu'exemplaire : Jésus lave et essuie les pieds de ses disciples. Le maître se fait Serviteur. Quelques heures plus tard, il témoignera du suprême service de l'amour : offrir sa vie pour la vie du monde ; Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir et donner ma vie. A travers ce geste si humble et précisément si magnifiquement grand, du lavement des pieds, un geste que les disciples ne comprendront pas immédiatement, Jésus nous apprend que l'humanité n'est cohérente et ne peut accéder au Royaume de Dieu qu'en se fondant sur la relation d'amour dont lui, Jésus, nous a donné l'exemple, et que cet amour ne peut être vécu que dans le service mutuel. Nous n'existons les uns en face des autres qu'en étant serviteurs les uns des autres.
Et Jésus va plus loin encore : il nous dit qu'il ne saurait y avoir d'autorité que fondée sur le service.
Aussi, l'autorité apostolique se doit d'être uniquement et strictement une mission de service et d'exemple dans l'humilité, une force libératrice qui n'a de puissance que celle de l'amour jailli de l'Esprit de Pentecôte.
Mais ce geste du Christ, cet acte du serviteur, veut aussi inspirer le comportement de tous les chrétiens, quels qu'ils soient. C'est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j'ai fait pour vous.
Tous, nous sommes engagés dans un réseau de relations qui nous rendent responsables les uns des autres. Il importe donc qu'après avoir communié au Corps de Jésus-Christ, nous vivions et agissions en conformité avec ce don inouï qu'Il nous fait de sa propre vie.
Le Christ nous convie ce soir à la table du salut, la table où il est fait miséricorde aux pécheurs, la table où le pauvre est roi. Le Christ, premier prochain et premier serviteur des hommes, nous confie son appel : Et vous, faites de même.