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dimanche 15 décembre - 3e dimanche de l'Avent - Gaudete
La foi et la vie éternelle
Par le père Ludovic Frère, recteur du sanctuaireEntrée en catéchuménat d’Alexandre.
Les gestes de la liturgie sont notre première catéchèse. Depuis des siècles, ils nous parlent par leur simplicité étonnante et leur langage qui transcende les cultures. Ainsi, en accueillant la demande d’Alexandre, ce sont de simples signes de croix qui ont pu nous toucher comme ils ont touché notre catéchumène sur le front, les yeux, les oreilles, la bouche, le cœur et les épaules. La croix du Christ qui se grave ainsi dans tous les sens d’Alexandre, dans son corps de jeune homme, dans son cœur ouvert à l’appel.
Et avec ces gestes, des mots tout simples. Deux questions essentielles pour deux réponses concises : « que demandez-vous à l’Eglise de Dieu ? La foi ». « Que vous apporte la foi ? La vie éternelle ». Tout est dit, sans paroles inutiles. Ce qu’il nous faut demander, c’est la foi. Ce que nous apporte la foi, c’est la vie éternelle.
La liturgie ne s’embarque pas dans des circonvolutions secondaires. Elle touche au cœur : la foi et la vie éternelle. Ce qu’un catéchumène désire, c’est cela ; ce qu’un baptisé doit désirer encore, chaque jour de sa vie, c’est aussi cela : la foi et la vie éternelle.
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La première question est particulièrement belle. Elle exprime le souci de l’Eglise à l’égard de tout être humain : « que demandez-vous ? » L’Eglise est à l’écoute des besoins du monde, elle est au service de ce qui est essentiel pour qu’une vie humaine soit belle. Alors, elle interroge celui qui frappe à sa porte : « que demandez-vous ? » Une interrogation qui reprend en fait toutes celles du Christ, sur les chemins de Galilée. Croisant des malades, des aveugles ou des estropiés, il leur demandait : « que voulez-vous que je fasse pour vous ? ». Le Seigneur interroge sans cesse nos désirs : Que voulez-vous au plus profond de vous-mêmes ?
Elle est essentielle, cette question. Franchement, qu’est-ce que vous y répondriez aujourd’hui ? Si, comme le roi Salomon, vous receviez du Seigneur la promesse d’exaucer n’importe lequel de vos souhaits, que demanderiez-vous donc ? Salomon, lui, demanda la sagesse ; le catéchumène demande la foi. Et nous, que voulons-nous vraiment ?
A l’heure où les enfants ont sans doute tous fait leurs listes de demandes de cadeaux de Noël, nous voici interrogés au plus profond de nous-mêmes sur ce que nous devons demander à Dieu pour notre vie.
Le catéchumène a répondu : la foi. Forcément, la foi… parce qu’alors, il a tout ! Quand nous sentons en nous monter des désirs forts, quand nous sommes perdus dans l’existence, quand nous sommes envahis par mille soucis, demandons LA FOI. Rien que LA FOI !
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Cette demande étant clairement exprimée, le dialogue peut alors continuer. Le catéchumène n’a pas demandé de richesses, il n’a pas souhaité une vie confortable, il n’a pas émis le vœu d’un corps jamais malade, il n’a même pas demandé à être préservé des croix et des persécutions. Il a regardé à l’essentiel, il a demandé la foi. Mais pourquoi l’a-t-il donc demandée ?
L’Eglise l’interroge alors : « que vous apporte la foi ? » Elle n’entend pas vérifier ainsi que le catéchumène possède toutes les connaissances nécessaires pour définir son acte de croire. Elle n’attend même pas de lui un exposé sur ce que la foi peut lui apporter comme avantages pour l’existence : un sens à la vie, une solidité dans les épreuves, une espérance devant tout ce qui ne fait que passer. Non, à la question « que vous apporte la foi ? », le catéchumène répond seulement : « La vie éternelle ».
Car si la foi n’apporte pas la vie éternelle, elle n’est qu’une opinion sur l’existence de Dieu, un pari sur l’invisible ou une somme de règles morales fort estimables ; mais elle n’est pas ce grand bouleversement de tout.
En répondant « la vie éternelle », le catéchumène dit à quel point le Christ vient tout bouleverser en lui. Car alors, le chrétien regarde l’existence à partir de l’éternité, non pas pour nier la réalité présente, mais pour la déployer dans tout ce qu’elle est réellement : une préparation à l’éternité, un appel à vivre dès maintenant la réalité qui nous habitera sans fin.
Que vous apporte la foi ? LA VIE ETERNELLE.
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Il y a de la puissance dans ces paroles si simples de la liturgie d’entrée en catéchuménat.
La même puissance habite les textes bibliques de ce dimanche du Gaudete. D’abord, ces appels du prophète Isaïe : « fortifiez les mains défaillantes, affermissez les genoux qui fléchissent, dites aux gens qui s’affolent : prenez courage… ». Et saint Jacques, dans la deuxième lecture : « ayez de la patience ». Et Jean-Baptiste, enfermé dans sa prison, faisant interroger le Christ : « es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? »
Elles sont faites pour vous, Alexandre, ces paroles fortes d’aujourd’hui : prenez courage, ayez de la patience et n’attendez pas un autre que le Christ. Tout au long de votre parcours de préparation au baptême, rappelez-vous ces encouragements. Car vous serez bien sûr soutenu par nos prières, par la grâce de ce sanctuaire et par la douce présence de Marie ; mais vous rencontrerez aussi de l’adversité, quand l’Ennemi du salut cherchera à vous détourner du Christ, à vous faire douter, à vous proposer de regarder ailleurs. Alors : prenez courage, ayez de la patience et n’attendez pas un autre que le Christ. Elles sont vraiment faites pour vous, les paroles fortes de ce jour.
Mais elles sont aussi faites pour nous tous, ces paroles : prenez courage, ayez de la patience et n’attendez pas un autre que le Christ ! Il reste dix jours avant de célébrer Noël. Dix jours qui risquent d’être bien occupés : la préparation d’un voyage pour rejoindre la famille, un affairement pour préparer au mieux les tables des banquets, un enchaînement de sollicitations dans des goûters et des fêtes à l’école ou ailleurs… nous risquons bien de nous disperser ces jours prochains.
Alors, quand l’heureuse fébrilité des fêtes nous aura peut-être trop éparpillés, rappelons-nous ces paroles fortes d’aujourd’hui : prenez courage, ayez de la patience et n’attendez pas un autre que le Christ. Faites résonner ces paroles avec celles de la liturgie d’entrée en catéchuménat : « que demandez-vous ? » « Que vous apporte la foi ? »
Et si l’approche des fêtes vous éloigne d’une réponse profonde à ces questions, prenez le temps de vous mettre un peu à l’écart ; allez devant une crèche et regardez cette paille où bientôt Dieu Lui-même se couchera pour nous rejoindre au plus proche, nous ramenant à l’essentiel, à l’indispensable pour une vie solide, à l’incontournable pour une existence profondément joyeuse : la foi et la vie éternelle !
Viens, Seigneur Jésus !