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Saturday 16 June - Pèlerinage des malades
La confiance est première
Par Mgr André Fort
Chers frères et sœurs, laissons-nous instruire par la Vierge Marie. Demandons- lui d’être aujourd’hui, pour chacune et chacun de nous, la patiente éducatrice qu’elle a été pour Benoîte Rencurel. Demandons aussi à Benoîte de nous inspirer l’ouverture du cœur et la confiance avec lesquelles elle se laissait instruire et conduire par Marie, la Belle Dame rayonnante de lumière.
Oui, à Pindreau Marie rayonnait de la lumière dans laquelle elle est entrée au jour de son Assomption où Jésus l’a accueillie dans sa gloire, mais son Assomption a été pour Marie l’aboutissement d’un long chemin dans la foi et l’espérance, à l’écoute et à la suite de Jésus.
L’évangile que nous venons d’entendre témoigne de l’inaltérable confiance de Marie et de sa courageuse fidélité à la Parole qui lui avait été adressée de la part de Dieu au jour de l’Annonciation, alors même que le comportement de Jésus la plongeait dans le désarroi et que ses paroles la laissait douloureusement déconcertée.
Marie gardait en son cœur l’annonce qui avait bouleversé sa vie : « Tu enfanteras un fils, tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé fils du Très-Haut ». Elle avait aussi entendu l’exclamation d’Élisabeth au jour de la Visitation : « Bienheureuse celle qui a cru ce qui lui a été dit de la part du Seigneur ».
Bienheureuse celle qui a cru ! C’est bien dans la foi que Marie avait alors répondu à Élisabeth en chantant sa joie et son bonheur d’être la servante du Seigneur, mais elle ne devait plus oublier la prophétie de Syméon lors de la présentation de Jésus au Temple : « Ton enfant sera un signe de contradiction et toi-même un glaive te transpercera l’âme ».
Jésus a été pour Marie elle-même un « Mystère » dont la profondeur et la richesse ne lui ont été que progressivement révélées, tout au long de la vie de jésus. Jésus adolescent perdu puis retrouvé au Temple a constitué pour la foi de Marie un événement marquant, une étape éprouvante mais féconde.
Quand après un jour de marche, Marie et Joseph prirent conscience de l’absence de Jésus ils furent saisis d’angoisse. Un jour de marche pour revenir à Jérusalem, deux jours de recherche dans la ville, et voici Jésus au Temple, en discussion avec les docteurs de la Loi qu’il écoute et qu’il interroge. Marie et Joseph en sont stupéfaits. Marie est bouleversée : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? ». La réponse de Jésus est surprenante : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? ».
Je dois être dans la maison de mon Père ! Les paroles de Jésus ont du retentir dans le cœur de Marie comme un écho de la parole de l’ange : « On l’appellera fils du Très-Haut ». La façon dont Jésus vient de parler du Temple est inouïe. Il a dit : « la maison de mon Père ». Nul n’a jamais osé parler comme il vient de le faire.
Mais pourquoi Jésus a-t-il imposé à Marie et à Joseph une telle épreuve ? N’aurait-il pas du leur dire qu’il ne quittait pas Jérusalem avec eux ? Sa surprenante réponse à Marie mérite toute notre attention : « Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ? ». C’est par obéissance à son Père que Jésus a signifié à Marie et Joseph son droit à une pleine indépendance, à une totale liberté. Il va rentrer à Nazareth avec eux et il leur sera soumis. Mais pour Marie et Joseph rien ne sera plus comme avant. Leur foi devra grandir pour accueillir le mystère de la liberté de Jésus, pour consentir à ce qu’il soit désormais le maître de leurs relations. C’est ainsi que Marie est appelée à découvrir jusqu’à quel point, dans son intimité avec Jésus, elle doit encore grandir dans sa confiance et sa disponibilité de servante du Seigneur.
Frères et sœurs, demandons ensemble à la Vierge Marie de nous faire grandir avec elle dans la confiance. Nous avons tellement besoin de confiance pour reprendre courage dans nos épreuves, pour ne pas nous replier sur nos inquiétudes et nos souffrances, pour ne pas nous laisser enfermer dans une solitude de plus en plus grande.
Écoutons Jésus nous dire : « Si vous ne changez pas pour devenir comme de petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux ». Or, ce que nous apprennent les petits enfants c’est que la confiance est originelle et vitale. Un tout petit ne vit et ne survit que dans un abandon confiant à sa mère. Ce qui est vrai dès le commencement le demeure tout au long d’une vie et devient encore plus vrai lorsque viennent, après la faiblesse de l’enfance, les faiblesses de la maladie, du handicap et du grand âge.
On ne se construit, on ne grandit, on ne s’épanouit que dans des relations, et les relations ne sont fécondes et heureuses que dans la confiance. Si cela est si vrai, si important et si vital, c’est que la confiance est première, à l’origine du monde et des relations entre l’homme et Dieu. Dieu nous confie le monde à gérer ensemble, ainsi il nous confie les uns aux autres parce qu’il nous veut solidaires et fraternels. Le Christ est au milieu de nous celui qui ne cesse de nous dire : « Qu’as-tu fait de ton frère ? Ce que vous faites aux plus petits d’entre les miens c’est à moi que vous le faites ».
Sur la croix où il a versé son sang pour nous purifier de nos péchés, sur la croix où il a donné sa vie pour nous animer de son Esprit, sur la croix Jésus nous a donné Marie pour mère afin qu’elle soit notre éducatrice.
Aidez-nous, très sainte Vierge, à grandir dans la foi et dans l’espérance. Apprenez-nous la confiance, apaisez nos inquiétudes, réconfortez-nous dans nos épreuves, soutenez-nous dans nos efforts d’entraide mutuelle et de solidarité fraternelle. AMEN.