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Friday 15 August - 15 août - Assomption de la Vierge Marie
"La beauté de la condition humaine"
Par le père Matthieu RougéFrères et sœurs, quelle joie d’être rassemblés pour célébrer l’Assomption de la Vierge Marie ! Quelle joie d’être rassemblés pour célébrer l’Assomption en ce beau sanctuaire de Notre-Dame du Laus qui fête le jubilé des trois cent cinquante ans de la première apparition de Marie à Benoîte Rancurel ! Quelle joie de célébrer l’Assomption en communion avec le Pape François en voyage apostolique en Corée ! Quelle joie de célébrer l’Assomption en faisant mémoire de la dernière visite en France, il y a dix ans jour pour jour, de celui que nous pouvons désormais invoquer comme saint Jean-Paul II ! Quelle joie de célébrer l’Assomption en communion avec tous ceux qui sont réunis en ce jour à Lourdes précisément mais aussi au Puy, à la Salette, à Pontmain, à la Médaille Miraculeuse et dans tant de cathédrales et de sanctuaires dédiés à la Vierge Marie !
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1. Le 15 août est dans notre pays une véritable deuxième fête nationale. L’été en France est structuré par le 14 juillet et le 15 août. C’est le roi Louis XIII qui, en consacrant la France à Marie (vingt-six ans avant la première apparition de Marie à Benoîte), a souhaité que le 15 août soit marqué dans tout notre pays par des processions (comme celles d’hier soir et de cet après-midi au Laus) et des célébrations particulièrement solennelles (comme celle qui nous rassemble ce matin). Il a également demandé que, dans toutes les églises qui ne portent pas le nom de Marie, la principale chapelle lui soit dédiée. Aujourd’hui, dans notre France que l’on dit parfois irrémédiablement déchristianisée, le 15 août demeure un véritable rendez-vous national : des familles se réunissent, des événements sportifs et culturels sont organisés, la vie économique fait sa dernière pause de l’été. Beaucoup de nos contemporains – presque tous – célèbrent le 15 août mais bien souvent sans savoir pourquoi : à nous donc de témoigner de la profondeur de cette fête, de vivifier ces racines spirituelles et culturelles étonnamment résistantes. Quand vous étiez responsable de la communication de l’Eglise en France, cher Monseigneur qui nous accueillez si chaleureusement dans votre diocèse, je me rappelle que vous diffusiez un communiqué de presse pour annoncer et expliquer non pas seulement tel ou tel événement particulier de la vie de l’Eglise mais d’abord chaque grande fête liturgique. Tant il est vrai qu’il n’y a pas d’événement plus important pour la vie de l’Eglise qu’une grande fête liturgique. Aujourd’hui, c’est chacun d’entre nous qui doit être capable de rédiger et diffuser autour de lui un tel communiqué de foi et d’espérance.
2. Comment donc dire à nos concitoyens le sens de ce 15 août qui les rassemble et les marque parfois malgré eux ? La fête de l’Assomption manifeste la beauté de la condition humaine : une femme, avec son cœur et avec son corps, est élevée dans la gloire de Dieu. Ainsi est mise en lumière notre vocation à tous à participer à la gloire de Dieu et la dignité absolue de toute personne humaine, homme ou femme, avec son corps et avec son cœur. La fête de l’Assomption manifeste aussi le bonheur de croire : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ! ». C’est la foi, la connaissance intime et personnelle de Dieu, qui mène au bonheur le plus parfait. La foi n’est pas un carcan, n’enferme pas dans un moule étroit ou dans le passé. Elle est le chemin du bonheur, de l’accomplissement le plus intense. La fête de l’Assomption manifeste également que nous sommes faits pour la louange, pour le Magnificat. Marie s’accomplit dans la louange éternelle de Dieu avec tous les anges et tous les saints. Et nous sommes tous appelés à commencer de partager sa joie par une vie de louange et d’action de grâces : de louange de Dieu mais aussi les uns des autres, en sachant remercier des dons reçus pour les mettre en lumière. Beauté de la condition humaine, bonheur de croire, vocation à la louange : voilà le sens de l’Assomption que nous avons la mission d’expliquer à nos contemporains.
3. Un tel message, s’interrogeront certains, n’est-il pas en décalage avec les souffrances du monde ? Comment ne pas penser en particulier en ce jour à la situation terrible de nos frères et sœurs chrétiens en Irak ? Benoîte Rancurel, la voyante du Laus, nous apprend que le bonheur fondamental de croire peut coexister avec le combat spirituel. Quel est l’enjeu de nos combats spirituels ? Il est de persévérer, malgré les épreuves et les souffrances, de persévérer dans l’espérance. Marie apparaît dans l’Apocalypse à la fois revêtue de soleil et dans les souffrances de l’enfantement. Notre monde et nos existences sont, à son image, à la fois tourmentés et orientés vers le triomphe lumière, qui advient laborieusement parfois mais réellement toujours. Nous contribuons à ce triomphe chaque fois que la charité, chaque fois que l’amour triomphe en nous du découragement, du ressentiment ou du péché. La juste réponse, personnelle et collective, aux blessures du monde ne peut être ni le découragement ni la violence mais l’espérance et l’amour fondés sur la foi au Christ ressuscité, qui veut nous associer à sa gloire comme il l’a fait pour Marie. « Le Christ est ressuscité d’entre les morts, pour être parmi les morts le premier ressuscité ».
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Frères et sœurs, nous avons la joie de célébrer l’Assomption de Marie. Presque tous nos concitoyens célèbrent eux aussi à leur manière le 15 août et attendent, sans le savoir ou désespérément, notre témoignage sur la beauté de la condition humaine, le bonheur de croire, le prix de la louange. Ils attendent le témoignage paisible et courageux de notre espérance. Comme on gravit un sommet alpin pour toucher le ciel bleu qu’illumine le soleil, approchons-nous du fond de nos cœurs de la Vierge Marie pour accueillir avec elle la lumière inaltérable du Christ ressuscité et pour en témoigner.
Matthieu Rougé