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Thursday 12 November - N’y allez pas, n’y courrez pas !
Jeudi 12 novembre 2020 - 32e semaine - S. Josaphat, évêque et martyr
Par le père Ludovic Frère, recteurDe fake news en logiques complotistes que certains voient partout ; du masque généralisé vu comme la première étape d’un nouvel ordre mondial, en passant par des remises en cause à l’endroit de la personne-même du Pape… je ne sais pas pour vous, mais moi, je me sens bien déboussolé par tout ce que nous entendons actuellement de-ci, de-là.
Mais nous confessons Jésus-Christ, unique Sauveur du monde ! Il est la seule boussole vraiment fiable. Alors, quand vous vous sentez déboussolés, tenez-Le fermement et suivez la direction qu’il indique. Notre Seigneur est la seule boussole orientant avec assurance vers la vérité qu’il est en personne ! Tout le reste, absolument tout le reste : « n’y allez pas, n’y courrez pas ! »
Pourtant de nos jours, même parmi des chrétiens, que d’agitations entretenues dans des cerveaux échauffés et sur les réseaux sociaux ! Comme une sorte de besoin de se faire peur, de s’inventer des vocations de martyrs de la société, ou de trouver des coupables pour donner du sens à tout ce qui déconcerte. Mais « n’y allez pas, n’y courrez pas ! » Avec quelle douceur, quelle délicatesse mais aussi quelle détermination notre Seigneur s’adresse à nous aujourd’hui ! « N’y allez pas, n’y courrez pas ! »
Cette exhortation arrive après la révélation de la tension formidable des temps où nous sommes. Les Pharisiens demandent quand viendra le règne de Dieu ; Jésus répond qu’il est au milieu de nous ; puis il annonce à ses disciples une réalité encore à venir : le jour du Fils de l’homme. Ce jour précédé de souffrances est bien sûr le jour de la résurrection, mais c’est aussi un jour encore à venir : celui du retour du Christ en gloire !
Cette réalité de ce qui était, qui est et qui vient crée une tension dans la vie présente ; belle tension de toute notre vie vers son accomplissement total ! Une tension positive et enthousiasmante, mais qui peut être déstabilisante puisqu’il faut consentir à vivre au présent en étant comme suspendu.
Or, quand on est déstabilisé, on risque de s’appuyer sur tout ce qu’il tombe sous la main : on peut se laisser aller à l’inquiétude, au catastrophisme, aux pensées complotistes. Mais le Christ nous exhorte : « N’y allez pas, n’y courrez pas ! » Au lieu de courir à droite ou à gauche, gardons plutôt bien en mains la boussole qu’est le Christ. Avec un si bon guide, on ne peut pas s’égarer !
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Pour garder le cap dans tous les tourments du quotidien et viser le terme du voyage qu’est la Vie éternelle, le Christ notre boussole nous oriente particulièrement vers « 3 blancheurs », qui sont autant de repères et de points solides sur lesquels nous agripper dans ce présent suspendu. Saint Jean Bosco avait eu un songe sur ces « 3 blancheurs ». Vous connaissez peut-être cette vision prophétique, dont voici un extrait :
« J’ai vu une grande bataille sur la mer : le navire de Pierre, piloté par le pape et escorté de bateaux de moindre importance, devait soutenir l’assaut de beaucoup d’autres bâtiments qui lui livraient bataille. Le vent contraire et la mer agitée semblaient favoriser les ennemis. Mais au milieu de la mer, j’ai vu émerger deux colonnes très hautes : sur la première, une grande hostie – l’Eucharistie – et sur l’autre (plus basse) une statue de la Vierge Immaculée avec un écriteau : Auxilium christianorum », secours des chrétiens ! Saint Jean Bosco voit ensuite le pape, troisième blancheur, atteindre – je cite « les deux colonnes, y accrochant avec deux chaînes le navire, qui est sauvé, tandis que les bateaux ennemis fuient, se détruisent réciproquement, et coulent. »
Frères et sœurs, ces ennemis dont parle Jean Bosco, on peut sans doute en identifier certains. Le terrorisme islamique bien sûr ; des courants idéologiques aussi, qui veulent détruire la foi chrétienne ; des lobbies puissants qui cherchent à déconstruire toutes les évidences naturelles. Notre Eglise a des ennemis, qu’il nous faut pourtant aimer selon la demande expresse du Christ.
Mais d’autres ennemis peuvent également agir en nous-même. C’est d’abord l’ennemi du genre humain, le diable, si malin qu’il faut toujours rester sur nos gardes ; mais aussi l’ennemi que l’on peut être envers soi-même. Comme le disait le Patriarche Athénagoras : « la guerre la plus dure, c’est la guerre contre soi-même ». Il faut se désarmer, c’est-à-dire : renoncer à vouloir toujours avoir raison ou s’abstenir de se justifier en discréditant les autres, et enfin être davantage ami de soi-même. La guerre contre soi mérite bien un armistice comme nous l’avons fêté hier ! Ce confinement pourrait être l’occasion d’y consentir.
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Bref, on peut chercher à identifier lucidement des ennemis extérieurs et intérieurs. Mais le plus important, face à toutes ces inimitiés qui peuvent mystérieusement nous séduire, c’est d’entendre le Christ nous exhorter : « n’y allez pas, n’y courrez pas ! » Pour cela, contre tous ces ennemis qui font la guerre à l’âme et à la vérité, confessons résolument les 3 blancheurs :
- Ne quittons jamais la source de vie qu’est l’Eucharistie, même quand la messe par écrans interposée n’est pas une participation pleine et entière au mystère du sacrifice non-sanglant.
- Ne nous éloignons pas non plus de la Vierge Marie, notre Mère : elle nous guide et nous permet de garder le cap. Elle est notre « refuge », comme nous l’invoquons ici, à Notre-Dame du Laus.
- Et ne lâchons jamais la communion avec le Saint Père ; même si des paroles peuvent déranger, même si les ennemis cherchent à les sortir de leur contexte pour nous faire douter de la fidélité du Pape à la tradition de l’Église : ne lâchez jamais la main du Saint Père ! C’est une question de communion et de foi en la mission confiée par le Seigneur au successeur de Pierre sur son Église : « les puissances de la mort ne l’emporteront pas sur elle ».
Alors, dès qu’un événement vous déstabilise, appuyez-vous bien fort sur les 3 blancheurs ! Adorer le Christ dans l’Eucharistie, confiez-vous à la Vierge Marie et tenez la main du Saint Père. Tout le reste, « n’y allez pas, n’y courrez pas ! » Et toujours, la boussole du Christ à la main : boussole de sa présence, de sa Parole, de son amour qui habite en nous ! Amen