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Sunday 15 September - 24ème dimanche du temps ordinaire
Hymne à la joie
Par le père Ludovic Frère, recteurJoie du berger qui a retrouvé sa brebis ; et des amis rassemblés pour se réjouir avec lui ! Joie dans le Ciel pour un seul pécheur qui se convertit ! Puis une femme qui réunit son voisinage : « Réjouissez-vous avec moi ! » Et de nouveau, de la joie chez les anges pour un seul converti. Et encore, un père qui organise une fête parce que son fils est revenu ; Père qui dit à son aîné : « il fallait festoyer et se réjouir. »
C’est une évidence, c’est incontestable : quand Jésus parle du pardon divin, il chante sur tous les tons : « joie ! joie ! joie ! » Joie divine, joie des anges, joie des amis. Le pardon divin n’est accessible qu’en s’ouvrant à la joie !
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La joie divine, d’abord. Joie du berger, joie de la femme, joie du père : trois images pour dire le comportement divin. Dieu se réjouit des retrouvailles. Dieu se réjouit de nous ramener à Lui.
La joie de Dieu se trouve là, entendez-vous ? Le berger ne punit même pas la brebis retrouvée. Il ne l’oblige pas à retourner, tête basse, jusqu’à la bergerie : il la porte sur ses épaules, sans rien lui reprocher. Il la porte, voilà tout, pour qu’elle rentre à la maison. C’est sa joie, sa joie divine !
Quant à la femme, elle oublie sa fatigue lorsqu’elle a retrouvé son bien précieux. Et le père, il ne fait aucun reproche à son fils, n’insistant même pas sur la longue peine qu’il lui a infligée. Non, c’est la joie qui compte : la joie des retrouvailles, la joie d’un Dieu qui n’enferme pas dans le passé, la joie d’un père qui n’en a rien à faire de nos égarements s’ils nous font rebondir pour revenir à Lui.
Cette joie devrait nous transporter ! Transporter nos âmes dans un élan de reconnaissance infinie ! Mais nous transporter aussi jusqu’au confessionnal, puisqu’il nous est possible d’y réjouir notre Dieu.
Ah, quand on se confesse ou qu’on renonce à le faire, c’est bien plutôt à d’autres préoccupations que l’on s’arrête : pas envie, pas le courage, pas de mots pour dire les choses. On se regarde soi-même et la confession ressemble à une punition.
Mais Jésus nous dit : « Tu peux réjouir ton Père éternel ! Rien qu’en franchissant la porte du confessionnal, tu peux réjouir ton Père ! » Quelle créature ne voudrait s’empresser de réjouir son Créateur ? Réveillez-vous, dit Jésus aux Pharisiens de son temps et à nous aujourd’hui : réveillez le désir de réjouir votre Dieu ! Courez jusqu’à Lui, confessez-vous, revenez de tout votre cœur ! Et la joie sera là : joie divine qui rayonne en tous sens.
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Car la joie de Dieu ne s’arrête pas à Lui. Dieu est un grand communiquant : il communique ce qu’il est en créant, il communique ce qu’il vit en aimant, il communique ce qui le réjouit en pardonnant. Alors, la joie du berger, de la femme ou du père, c’est une joie que Dieu veut communiquer : et voilà qu’il rassemble voisins, amis, serviteurs… Le retour à la maison de celui qui était perdu nécessite un tel partage de joie : « il fallait se réjouir » !
C’est bien ce que l’on exprime à la messe, en unissant nos voix dans la joie du Gloria, après avoir dit « je confesse » et reçu la parole qui libère. C’est ce que l’on devrait exprimer aussi après chaque confession. On cherche à le vivre dans des célébrations communautaires, quand elles s’achèvent par un temps d’action de grâce. Mais c’est rarement bien satisfaisant, ou plutôt rarement suffisant pour dire la joie que Dieu veut partager avec tous. Dans un haut lieu de confessions comme le sanctuaire du Laus, on pourrait chercher à exprimer davantage cette joie communautaire, mais on peine à trouver comment. Ça pouvait être d’abord en nous réjouissant maintenant des dizaines et dizaines de nos frères et sœurs qui se sont confessés, cette semaine encore, en ce lieu béni. Et partager ainsi leur joie profonde !
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Mais il est une autre joie sur laquelle Jésus insiste encore : « Il y a de la joie chez les anges de Dieu », dit le Christ, « de la joie au Ciel » pour un seul pécheur qui se convertit. Lorsque nous revenons à Dieu de tout notre cœur, les anges exultent de joie !
Plus d’une fois, Benoîte a vu ici des anges sourire, le Ciel se réjouir. Les anges ont même processionné et chanté à la Noël 1700 : « Béni soit le Père éternel, qui a choisi ce saint lieu pour la conversion des pécheurs ! »
Ils pourraient s’en désintéresser, les anges qui voient Dieu face à face. Mais ils partagent la joie divine. Nos amis les anges se réjouissent de nos conversions. Quelle charité de leur part, quelle gratuité, quel témoignage d’affection à notre égard : eux qui ne vivent que pour Dieu se réjouissent quand nous revenons à Lui !
Quel beau cadeau nous pouvons donc leur faire ici, en tournant nos cœurs vers le Seigneur : nous pouvons faire exulter les anges ! Et quand nous allons nous confesser, ils applaudissent de toutes leurs ailes ! Voyez combien la conversion ravive le lien formidable entre le Ciel et la Terre, entre ce que l’on voit ici-bas et ce qui se déploie Là-Haut. C’est ce lien de joie que nous préparons sur terre par nos conversions et qui sera transfigurée au Ciel d’une manière inconcevable pour nous.
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Joie divine ! Joie des amis ! Joie des anges ! Mais, avez-vous remarqué qu’il manque une joie. Jésus aurait pourtant pu y insister pour motiver nos conversions. On peut croire que ça aurait été la meilleure des motivations : la joie de la brebis, la joie de la pièce, la joie du fils, autrement dit : notre joie à nous, comme bénéficiaires du pardon divin.
Le Christ aurait pu ainsi nous donner envie de nous retourner vers le Père. Mais non, on n’en saura rien : des sentiments de la pièce de monnaie, on peut comprendre. Mais ce que ressent la brebis quand elle est portée sur les épaules du berger, ce qui habite le cœur du fils quand son père le couvre de baisers, Jésus n’en dit rien. Pas un mot sur la joie qui doit pourtant bien habiter leur cœur.
Pas un mot, comme pour nous laisser intérieurement répondre en vérité : ce Dieu qui vous prend dans ses bras fait-il votre joie ? Ce berger qui vous porte et vous ramène à la maison vous remue-t-il en profondeur ? Votre joie d’être sauvés se conjugue-t-elle à la joie de Dieu, à la joie des anges, à la joie du peuple de Dieu ?
Les 3 paraboles de la miséricorde sont donc un grand appel à la joie d’être pardonné ! Qui donc aurait le cœur assez dur pour y résister ? Allez, ouvrons-nous enfin, ou bien plus largement, à cette joie de la miséricorde ! Même si votre vie est lourde à porter, et justement parce qu’ainsi elle sera bien moins pesante : ouvrez-vous à la joie que Dieu veut partager : la joie de serrer dans ses bras ses enfants qui s’étaient égarés ! Laissez-vous porter sur les épaules d’un tel Dieu-berger ! Laissez-vous couvrir de baisers par un tel Père. Et vous ferez en plus la joie de votre Mère, la Vierge Marie, qui accompagne toute conversion et embellit toutes les joies. Magnificat ! Amen.
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