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Friday 18 December -
Homélie du 18 décembre 2020
Par le père Miguel Mekena Mekongo chapelainFrères et sœurs bien-aimés, nous venons d’écouter l’annonce à Joseph de la conception divine de Jésus. Cet événement se situe logiquement après l’annonce à Marie. A l’Annonciation, par son fiat « qu’il me soit fait selon ta parole » (Lc 1,38), Marie devient alors virginalement Mère de Dieu. Mais son espérance est telle qu’elle ne dit rien à Joseph concernant la conception virginale et divine. Pour cela aussi, elle espère en Dieu, elle attend qu’Il révèle aussi le mystère à Joseph ; « et l’espérance ne déçoit pas » (Rm 5, 5). Comment Dieu le révèle-t-il à Joseph ?
En effet, Joseph a pour projet d’épouser Marie et de fonder une famille quand il se rend compte qu’elle porte un enfant qui n’est pas le sien. L’évangile précisant qu’il est un homme juste, nous rapporte qu’il décide de la répudier en secret. Étrange façon d’être juste. En fait, Joseph perçoit ce qu’il ne peut ni ne veut faire : Il ne peut pas donner son nom à un enfant qui n’est pas le sien et dont il ignore le père, ce ne serait pas juste. Mais il serait tout aussi injuste de dénoncer Marie publiquement pour la livrer à une effroyable lapidation, car une loi condamnait à la peine de mort par lapidation les femmes coupables d’adultères ; une dénonciation fracassante aurait donc des conséquences terribles pour Marie et l’enfant.
Dans la pensée commune, est juste celui qui observe les lois qui, elles-mêmes, réglementent les droits et les devoirs dans une société. Vu sous cet angle, la décision de Joseph de ne pas accuser Marie serait injuste car non conforme à la loi. Mais l’homme juste respecte aussi la loi inscrite dans son cœur. Le Concile Vatican, en se fondant sur les Saintes Écritures, nous dit ceci dans la Constitution pastorale Gaudium et Spes : « Au fond de sa conscience, l’homme découvre la présence d’une loi qu’il ne s’est pas donnée lui-même, mais à laquelle il est tenu d’obéir. Cette voix, qui ne cesse de le presser d’aimer et d’accomplir le bien et d’éviter le mal, au moment opportun résonne dans l’intimité de son cœur : « Fais ceci, évite cela ». Car c’est une loi inscrite par Dieu au cœur de l’homme » (Vatican II, Gaudium et Spes 16).
Le fait que le cœur de Joseph soit orienté vers une répudiation aussi respectueuse de la dignité de Marie, témoigne d’une justice qui dépasse la simple observance des lois de la société, une justice que la grâce que communique vient parfaire. Aujourd’hui, Joseph, le juste, nous apprend qu’il est juste de respecter les lois qui sont établies. Mais lorsque celles-ci portent atteintes à la dignité de la personne humaine, à la vie humaine, à la famille, il est indispensable de les confronter à la loi du cœur, et de faire objection de conscience.
« Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ». Au cœur de son sommeil, au cœur de sa nuit, dans la profondeur de son impuissance, Joseph est visité par Dieu qui lui révèle que son projet d’amour initial n’est pas compromis par le projet divin, qui vient plutôt le parfaire. Et il doit renoncer à la logique qu’il nourri.
Frères et sœurs, devant les situations inextricables, révoltantes ou désespérées que nous vivons dans l’Église, en paroisse, en famille et dans le couple ; situations où nous revendiquons le droit d’être intransigeants et intolérants, et le droit de ne pas suivre le chemin de l’Évangile jugé difficile ; situations où la seule issue logique est le schisme, le divorce, la guerre, la violence verbale et physique, le songe de Joseph est pour nous une invitation à réaliser que Dieu nous ouvre de meilleurs horizons, en nous donnant de quitter le chemin sans issue que nous avons décidé de suivre pour nous engager dans une voie totalement inédite : la voie étroite du Royaume.
« Elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés », lui dit l’Ange du Seigneur. Joseph a compris qu’il devait prendre Marie pour épouse, et qu’il devait comme père, donner un nom au fils de Marie. Avec le songe de Joseph, nous connaissons le nom à travers lequel Dieu veut être appelé. Ce nom, Dieu le donne à son Fils venu nous révéler le visage de Dieu. Joseph est le premier qui a reconnu ce nom. Ce nom est Jésus : Dieu sauve. Dieu est Salut, telle est l’identité de Dieu. Le nom de Jésus est un programme. Jésus est le salut que Dieu nous apporte pour nous sauver du péché qui nous châtie de nos erreurs et faillites, en nous déshumanisant et nous empêchant de parvenir au bonheur que rien ni personne ne peut nous enlever. Je ne peux ne pas me tourner vers les futurs parents qui m’écoutent en ce moment et à qui il incombe le délicat devoir de donner un nom à leurs futurs enfants. Avant de donner des prénoms comme Coca-cola, Muscat, Crotale, etc. rappelez-vous que le nom est un programme.
Rendons grâce à Dieu pour Marie et Joseph, une femme et un homme comme nous, qui ont parfaitement consenti et collaboré à la venue sur terre du Sauveur du monde. Manifestons-leur toujours notre reconnaissance pour leur témoignage d’amour, de respect, de tendresse et de don de soi, dans la foi en la Parole de Dieu.
Loué soit Jésus-Christ !