Rechercher dans les homélies
Homélie en détails
Pour être tenu informé des publications d'homélies
Saturday 14 November -
Homélie du 14 novembre 2020
Par le père Miguel Mekena Mekongo
Frères et sœurs,
Aujourd’hui, les tentations de délaisser la prière sont nombreuses chez nous chrétiens, comme c’était déjà le cas chez les premiers chrétiens. La prière personnelle et même liturgique peut parfois nous sembler monotone et sans goût. Mais plus encore, il y a la grande épreuve du silence apparent de Dieu quand nous nous adressons à Lui dans le désespoir qui peut porter le plus au découragement, car on se dit : « A quoi bon prier si Dieu n’écoute pas, et surtout s’il n’exauce pas ».
Le Seigneur dit à ses disciples la parabole que nous avons suivie à l’évangile pour leur faire comprendre combien il est nécessaire pour eux de toujours prier sans se décourager. En effet, Jésus nous met à l’école de prière d’une veuve, femme fragile et sans recours, qui vit une injustice, mais qui cependant, ne se fatigue pas de demander justice à un juge froid et insensible. Le comportement de cette femme qui n’a de cesse de prier et supplier lui vaut d’obtenir justice. Cette attitude révèle une grande volonté, une grande humilité et une grande ténacité.
Dans la figure de cette veuve, nous reconnaissons tant d’hommes et de femmes qui ne se lassent pas de crier vers le Seigneur pour eux-mêmes ou les leurs qui sont confrontés à d’injustes souffrances. Je vois en cette veuve nos frères et sœurs qui n’ont pour seul espoir que le Seigneur, alors qu’ils luttent contre la maladie dans les hôpitaux, alors qu’innocents ils sont condamnés par les médias et les tribunaux. En cette veuve, je vois tous ces chrétiens en prière pour sortir du chômage dans lequel ils se sont retrouvés du jour au lendemain sans avoir commis de faute professionnelle, ou pour sauver une vie de famille dévastée par une séparation ou un divorce qu’ils n’ont ni souhaité ni causé.
Face au risque permanent de nous lasser de prier, Jésus nous donne à travers cette parabole des conseils précieux pour notre vie de prière. Je voudrais aujourd’hui en identifier 03 : Prier toujours, demander la justice, et insister.
Prier toujours ! Nous appauvrissons très souvent la prière en la limitant à la prière liturgique. Oui, la prière liturgique inspire, ordonne, illumine nos prières et les rend plus évangéliques. Mais prier ne se limite pas au culte. De ce point de vue, prier toujours ne consiste pas à faire permanemment des prières liturgiques ; prier toujours ne signifie pas non plus répéter, multiplier, accélérer les formules de prières 24h/24. Rappelons-nous de la mise en garde de Jésus dans l’évangile de Matthieu : « Lorsque vous priez, ne rabâchez pas comme les païens : Ils s’imaginent qu’à force de paroles, ils seront exaucés » (Mt 6, 7). Prier toujours, c’est tenir présent à l’esprit qu’il y a Quelqu’un qui me voit, m’écoute, veille sur moi et s’occupe de moi, quelque-soit mon état, quelque-soit le moment, la situation, ou l’épreuve que je traverse.
Nous comprenons alors que l’on ne prie pas seulement lors de ces moments spéciaux et très importants que l’on consacre à Dieu dans notre journée pour être avec Lui. En nous conseillant de prier toujours, Jésus nous invite à faire de toute notre journée une prière. Cette prière sera alors paroles, mais aussi cris, rires, pleurs, jeux, combats, séparations et réconciliations. Prier toujours, c’est vivre pour être en toute chose agréable au Seigneur.
Le 2ème conseil est : Demander la justice. Le terme justice revient quatre fois dans cet évangile. Saint Jacques fait un constat intéressant dans son épître :
« D’où viennent les guerres, d’où viennent les conflits entre vous ? Demande-t-il. N’est-ce pas justement de tous ces désirs qui mènent leur combat en vous-mêmes ? Vous êtes pleins de convoitises et vous n’obtenez rien, alors vous tuez ; vous êtes jaloux et vous n’arrivez pas à vos fins, alors vous entrez en conflit et vous faites la guerre. Vous n’obtenez rien parce que vous ne demandez pas ; vous demandez, mais vous ne recevez rien ; en effet, vos demandes sont mauvaises, puisque c’est pour tout dépenser en plaisirs » (Jc 4, 1-3).
Oui, nos prières sont souvent mauvaises parce que le contenu est souvent mauvais. Ce contenu se limite à être une espèce de liste interminable de courses adressée au Seigneur, sans vérifier si elles sont justes. La finalité de la prière n’est pas d’obtenir ce que l’on veut, mais comprendre, faire et obtenir ce que Dieu veut : la justice pour tous les hommes. La prière, avant de soumettre Dieu à nos volontés, nous change et nous soumet à la Volonté de Dieu. La prière change le monde en changeant les cœurs.
Le 3ème conseil est : Insister. Parfois nos prières sont si rapides que nous-mêmes on a du mal à croire qu’elles le sont effectivement. Insister, c’est prendre le temps avec le Seigneur, être avec Lui et Lui donner le temps de nous répondre. Insister, c’est aussi avoir le courage de changer l’objet de la demande. Le Seigneur ne veut pas que nous nous imaginions qu’il suffit d’insister dans nos demandes pour être exaucés, mais il veut nous rassurer qu’Il nous écoute toujours et sait quand et comment intervenir parce que si un juge inique se montre attentif à la demande de justice d’une pauvre veuve dans le seul but de ne plus être importuné, combien plus Lui, Notre Dieu, qui n’est qu’Amour, Miséricorde et Bonté, montrera-t-il sa sollicitude à ses fils, sans se sentir importuné par leur insistance. Il pourvoit à nos besoins selon ses desseins personnels qui sont toujours l’expression du Bien qu’Il nous veut.
Cependant, « le Fils de l’Homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » Permettez-moi pour finir de situer dans cette question de Jésus la vraie nécessité de la prière. La foi étant une relation de confiance avec Dieu, si on ne la cultive pas, elle décroit jusqu’à s’éteindre. Si on ne prie pas, elle n’augmente pas, ne s’améliore pas, et ne change ni le cœur ni le monde. Saint Alphonse Marie de Liguori disait justement que : « Celui qui prie se sauve, celui qui ne prie pas se damne ».
La prière redonne vigueur à la foi, l’alimente et la soutient surtout dans les difficultés. En priant toujours, le chrétien ne s’endurcit pas.
Puisse le Seigneur nous donner la grâce de rendre notre vie de prière plus belle. Demandons-Lui cette grâce par l’intercession de N.-D. Laus, elle qui prie toujours, et insiste pour nos justes demandes. Loué soit Jésus-Christ !