Rechercher dans les homélies
Homélie en détails
Pour être tenu informé des publications d'homélies
Thursday 10 December - « Depuis les jours de Jean le Baptiste jusqu’à présent, le royaume des Cieux subit la violence, et des violents cherchent à s’en emparer ».
Homélie du 10 décembre 2020
Par le père Miguel Mekena MekongoFrères et Sœurs bien-aimés, ces paroles de Jésus révèlent le sort qui sera réservé d’abord à Jean le Baptiste et à Lui-même par la suite. En leur personne, c’est le Royaume des Cieux qui est pris d’assaut et subit la violence. Les violents sont d’abord ici ceux qui mettent la mains sur les envoyés de Dieu pour prendre un bien qui ne leur appartient pas. Depuis Jean-Baptiste, l’opposition est à son paroxysme : Jean est jeté en prison et décapité ; Jésus est persécuté, arrêté, flagellé et crucifié ; de milliers de chrétiens au fil des années sont opprimés et tués pour la cause du Royaume. Et nous fidèles chrétiens et chrétiens fidèles d’aujourd’hui, comment accueillons-nous et vivons-nous ces paroles de Jésus ?
Comme il en a l’habitude, il nous dit que « celui qui a des oreilles, qu’il entende ». Qu’il entende que le disciple n’est pas plus grand que son maitre. Qu’il entende que les signes du Royaume sont attaqués par les violents. Parmi ces signes, je voudrais évoquer le célibat consacré, comme anticipation du Royaume ; le mariage, comme annonce du Royaume à venir, préfiguration de l’Alliance éternelle scellée entre Dieu et l’humanité en Jésus-Christ ; la Charité, comme vertu des citoyens du Royaume des Cieux ; et la vie, comme premier bien reçu de Dieu en vue du Royaume. A travers les coups qui leur sont portés, c’est le Royaume de Dieu qui subit la violence.
Cependant, l’on peut passer très vite et ne voir que les violences qui lui sont infligées de l’extérieur, et ne pas remarquer les sources de violence que peuvent être les croyants, et particulièrement nous, les chrétiens. On voit dans l’Évangile, Sadducéens, Pharisiens, Hérodiens et Scribes s’acharner les uns contres les autres. On les voit établir des alliances malsaines pour mettre « le Salut du monde » en défaut, c’est-à-dire le Christ, et le tuer. Aujourd’hui, nous pouvons aisément voir cette forme de violence religieuse s’exprimer en lisant certains commentaires sur internet. On la voit aussi dans l’intransigeance écrasante de certains directeurs ou accompagnateurs spirituels, de certains responsables de communauté et d’associations ecclésiales. Oui, le Royaume de Dieu subit la violence, dans toutes ses violences spirituelles ou morales excessives infligées au nom de Dieu : la violence des brebis entre elles et sur leurs pasteurs, et vice-versa.
« Amen, je vous le dis : Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui ». Jésus nous invite à nous faire petit en évoquant la figure du Précurseur, un modèle d’humilité. Nous gardons de lui cette merveilleuse phrase : « Lui, il faut qu’il grandisse ; et moi, que je diminue » (Jn 3, 30). En effet, dans l’extrait évangélique qui précède celui que la liturgie nous propose ce jour, Jésus est face aux disciples de Jean Baptiste qui sont porteurs de l’inquiétude de leur maître emprisonné. Ils veulent être rassurés parce que dans leur esprit il y a quelques doutes : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre » (Mt 11, 3). Ils attendent un Messie-guerrier, qui frappera tous ceux qui commettent le mal, qui dénoncera publiquement leurs péchés en dévoilant les personnalités fourbes et fausses. Mais comme nous l’avons suivi dans le refrain du psaume responsorial de ce jour : « Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour ». Il fait bon accueil est aux pécheurs, il mange avec eux, leur ouvre grand les bras de sa Miséricorde. La violence espérée avec l’avènement du Royaume de Cieux n’est pas par lui mise en œuvre.
Lorsque nous sommes aux prises avec le mal et le malheur, on se demande parfois ou l’on pourrait se demander : « Mais pourquoi Dieu ne massacre-t-il pas tous les pécheurs pour que nous vivions enfin les beaux jours du Royaume des Cieux ». Jésus nous donne de contempler la grandeur du Baptiste : Parmi les prophètes, il est le dernier à annoncer l’avènement du Messie et le premier à le désigner du doigt. Il est bien plus qu’un prophète, il est l’ange de Dieu, messager du Christ, et « parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que (lui) (…) ; et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui ». L’humilité !
Frères et sœurs, si l’orgueil est la 1ère cause de chute, le commencement de tout péché (Si 10, 13) et donc source de violence, l’humilité est la 1ère cause de salut. Sans elle, comment reconnaître la grandeur dans la petitesse, la tendresse, l’innocence, la vulnérabilité et le dépouillement. Nous sommes rendus à la 2ème semaine de l’Avent, demandons-nous si notre préparation à la nativité nous porte déjà à reconnaître le Tout-Puissant dans la fragilité d’un enfant né pauvre dans une étable d’animaux. Si la réponse est négative, je nous invite alors à dérouiller notre humilité en la pratiquant en communauté, en famille, au travail ou avec les amis. Et les 03 attitudes suivantes peuvent nous y aider : Assouplir la nuque, c’est-à-dire être obéissant pour vaincre le syndrome de la nuque raide ; Pratiquer l’humour, qui n’est pas de l’ironie, mais l’expression joyeuse de la bonté et de la vérité de notre personnalité ; et enfin, Prier, parce que prier rend humble et l’humilité fait prier et remercier sans cesse. Loué soit Jésus-Christ !