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Saturday 20 April -
Homélie de la Vigile pascale
Par le père Thierry Sauzay, chapelainVous savez certainement qu’en orient, le jour de Pâques, on se salue par ces mots : « le Christ est ressuscité », et l’on répond : « Il est vraiment ressuscité ». Alors permettez-moi vous saluer ce soir : le Christ est ressuscité ! Laissons-nous gagner par la joie, la joie d’une victoire. Non pas une victoire à la manière des hommes, une gloriole trop humaine, mais l’humble victoire du Christ sur le mal, la souffrance et la mort. Victoire du Père créateur qui donne vie à celui qui s’abandonne à Lui. Victoire de l’Esprit de liberté, sur la lettre de la Loi qui enferme et qui tue.
Les lectures que nous avons entendues ce soir sont comme une invitation à saisir d’un même regard le projet de Dieu pour cette humanité qu’il aime tant. Nous avons entendu d’abord ce récit imagé de la Création. Récit qui nous rappelle que rien n’est plus important aux yeux du Seigneur que notre liberté, que notre vraie liberté. Rien n’est plus important pour lui, parce que c’est là qu’est notre vrai bonheur. Tout le récit trouve d’ailleurs son sommet dans le septième jour, jour où c’est à l’homme d’agir, jour où Dieu se repose, se retire, pour que l’homme et la femme exercent ce premier moment, symbolique, de leur liberté. Une liberté qui trouve son accomplissement dans la communion avec Dieu, avec le prochain, et avec la Création. Dieu se met comme à genoux devant notre liberté.
Et Dieu n’a de cesse de s’adresser à la liberté humaine. Il le fait avec Abraham, l’invitant à quitter son pays, l’invitant à cette confiance déroutante de tout remettre entre ses mains, même ce qui compte le plus à ses yeux, son fils. Dieu s’adresse humblement à la liberté humaine pour l’inviter à cet acte de confiance radical qu’est la foi. Pas de relation à Dieu possible sans confiance qui est le premier moment de l’amour. En retour Dieu promet à Abraham une fécondité qu’il n’imagine même pas. Promesse primordiale de vie, de fécondité, sans laquelle le don de la Loi serait inaudible.
Le récit de l’exode nous rappelle justement, que cette liberté que Dieu nous a donnée, a été blessée, qu’elle a été réduite en esclavage, par le péché, par notre péché et par celui de ceux qui nous ont précédé. Quelle douleur d’ailleurs, lorsque nous faisons l’expérience de ne pas nous sentir libre… Là encore, Dieu vient à la recherche de cette liberté blessée. Il vient d’une main forte et d’un bras vigoureux, renverser, anéantir les esclavages, les enfermements ou les prisons. Cette liberté, il n’a de cesse de la promouvoir parce qu’il la respecte infiniment.
Après l’évocation de l’exode, c’est celui de l’exil, avec Isaïe. Comme souvent dans la culture biblique, les choses se répètent… Pourquoi être sorti d’Égypte si c’est pour retourner à Babylone ? Sans doute pour que nous ne restions jamais sur des acquis, comme si nous nous n‘avions plus à vivre de grandes conversions, sous prétexte que nous en aurions vécu une, une seule, par le passé. Quel beau prétexte sans doute ! Par l’exil, le peuple doit redécouvrir, non pas une seule fois, mais sans cesse, cette présence du Dieu libérateur à ses côtés. L’exil ouvre le peuple à l’histoire, à la gratuité et à la sagesse. L’amour de Dieu n’est pas un dû que nous posséderions orgueilleusement du fait de nos mérites ou de notre histoire passée, mais un don gratuit à recevoir humblement. Venez sans rien payer. L’amour de Dieu ne s’achète pas. Il est à recevoir chaque jour, non comme une possession, mais comme une sagesse qui nous recrée, qui façonne ce cœur nouveau, cet esprit nouveau que Dieu désire tant nous donner.
Ce soir, par les sept lectures que nous venons d’entendre, sept comme le temps symbolique de la Création, nous avons eu une vue d’ensemble de la pédagogie divine envers son peuple. Or par sa passion, sa mort et sa résurrection, Jésus est venu ressaisir en Lui toute cette pédagogie de Dieu à l’égard de son peuple, il est venu l’accomplir, c’est-à-dire la réaliser pleinement pour tout homme, toute femme, et du même coup lui donner son véritable sens. Il n’y a que le mystère pascal qui nous donne de comprendre vraiment l’Écriture, il n’y a que le mystère pascal pour nous faire comprendre vraiment la pédagogie de Dieu à notre égard, il n’y a que le mystère pascal pour nous faire comprendre notre histoire personnelle ou communautaire, notre histoire sainte. C’est le grand renversement, le grand étonnement chrétien. Il faut que le Fils de l’homme soit livré, qu’il meure et ressuscite. Voilà la grande lumière qui éclaire nos vies.
Les femmes pourtant arrivées les premières ont du mal à croire. Elles ont même du mal à regarder cette lumière. Heureusement qu’il y a les anges ! Et visiblement, les hommes ont du mal à croire à ce que leur disent leurs femmes. Ils se sentent obligés d’aller vérifier par eux-mêmes. Mesdames, vous me direz à la sortie si ce genre de situation est si rare que cela… Tout cela pour finir par Pierre qui s’en retourne tout étonné !
Ce soir, laissons-nous gagner par cet étonnement joyeux de Pierre. Croyons que Dieu nous aime à ce point pour faire de toutes nos histoires, une histoire sainte en Jésus. Croyons que patiemment Dieu vient nous rendre vraiment libre.
Amen.
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