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Sunday 27 December -
Homélie de la fête de la Sainte Famille 2020
Par le père Miguel Mekena Mekongo, chapelainFrères et sœurs bien-aimés, juste après la fête de Noël, dans l’octave de cette célébration, la liturgie nous propose la figure de la Sainte Famille, le foyer de Jésus, Marie et Joseph, comme icône vers laquelle nos familles respectives doivent se tourner pour être plus près de Dieu.
L’invitation à contempler la Sainte Famille de Nazareth a pour but, non pas d’éveiller en nous de la culpabilité, mais de nous montrer le chemin et de nous frayer un chemin au milieu de toutes les situations difficiles que vivent les familles : le Ministère des solidarités et de la santé, dans un rapport, fait état d’environ 425 000 séparations conjugales en moyenne par an et plus de 350 000 enfants mineurs qui expérimentent cette rupture. Au delà de ces chiffres, nous voyons dans les médias et autour de nous plusieurs drames familiaux, et nous constatons qu’émergent de nouvelles formes et façons de faire famille. En nous donnant donc de célébrer cette fête, l’Eglise notre Mère, veut rappeler à l’humanité entière le plan de Dieu pour la famille. Et l’évangile qui vient de nous être proclamé, en mettant en scène la rencontre de trois générations à Jérusalem (Jésus, ses parents et les deux personnes âgées - Anne et Syméon-), nous offre d’importantes lumières pour redécouvrir la beauté de la famille et redonner un sens à nos familles, surtout celles qui, en ce temps de pandémie, traversent une crise profonde.
« Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon ce qui est écrit dans la Loi ». Plusieurs fois, il est rappelé dans cet évangile que Joseph et Marie accomplissaient les prescriptions de la Torah. Ce jeune couple qui est en début de vie commune a pour référence la Parole de Dieu. Il s’est appuyé sur elle au moment de prendre des décisions : tel est le premier message à accueillir pour nos familles. Elles sont à un moment appelées à faire des choix, et à prendre des décisions courageuses. Sur quoi devront-elles s’appuyer ? Il faut reconnaître que les amis et les diverses personnes ressources et spécialistes sont importants, mais ce qui devra déterminer leur choix, c’est la Parole de Dieu.
Le deuxième message à accueillir est le suivant : offrir sa progéniture à Dieu et l’éduquer dans la foi. L’union conjugale est intrinsèquement liée à la procréation, et quand un enfant est conçu dans une famille, il peut surgir la tentation de penser qu’il appartient aux géniteurs. Sa naissance peut être perçue comme une simple donnée statistique, avec de nouvelles charges économiques, de nouvelles contraintes pratiques et des fatigues à venir. Il peut alors être rejeté et supprimé parce que perçu comme venant prendre de la place dans un monde où il y a un manque criard d’espace. Cependant, un enfant demeure un don de Dieu. Il est de Dieu et est juste confié aux géniteurs pour qu’ils se mettent au service du projet que Dieu nourrit pour lui. Car Lui seul connaît l’identité profonde de ce nouvel être. Voilà pourquoi il est important de rappeler qu’aucun droit ne doit être reconnu à une personne de supprimer la vie d’un innocent quelque-soit le stade de cette vie.
En se demandant ce que Dieu attend de leur enfant, les géniteurs sont invités à se mettre au service de ce projet, et réaliser dans sa vie, non pas leurs propres rêves, mais ceux de Dieu. C’est à ce prix qu’il sera réellement heureux parce qu’il aura trouvé sa place dans le monde. Ainsi, baptiser son enfant est beaucoup plus qu’un rite et l’éduquer dans la foi beaucoup plus qu’enseigner des pratiques religieuses ; c’est offrir sincèrement et en vérité son enfant à Dieu et à son projet.
Le troisième message de la fête que nous célébrons ce jour, nous est donné avec l’entrée en scène de Syméon et Anne, qui nous montrent que les personnes âgées sont une bénédiction pour les différentes générations qui composent une famille. Aujourd’hui, dans notre société, il s’installe la tendance à restreindre le noyau familial à deux générations. C’est souvent à cause des dimensions modestes des logements, mais pas seulement. C’est aussi en raison de la conviction que la cohabitation de plusieurs générations constitue un obstacle à l’épanouissement des membres d’une famille en rendant la vie bien difficile. Cependant, les figures comme celles de Syméon et Anne ont tant à apprendre aux enfants, aux parents et même grands-parents.
Au moment de la présentation de Jésus, il y avait une foule de personnes au temple : des prêtres, des lévites et bien d’autres… Mais quand le Sauveur attendu est arrivé, seuls ces deux anciens ont pu reconnaître en cet enfant le Messie de Dieu. La question est : Pourquoi ? Parce qu’ils ont des dispositions qui permettent de voir Dieu et discerner les signes de sa présence :
1. Syméon est un homme juste et religieux, c’est-à-dire un homme sincère et vrai, un homme qui a le cœur pur. La pureté n’est pas ici ce qui est propre, ce qui est lavé, mais ce qui n’est pas mélangé, comme on dirait d’un métal qu’il est pur. Un cœur pur n’est pas mélangé, il n’est pas dilué dans l’idolâtrie, mais reste centré et concentré sur le projet de Dieu. Et Jésus lui-même proclamera cette béatitude : « Heureux les cœurs purs car ils verront Dieu » (Mt 5, 8).
2. Syméon et Anne savent ce que veut dire attendre. Quand la plupart abandonnent, perdent espérance et ne savent plus reconnaître le Seigneur qui entre dans leur vie, eux, ils restent patients. Anne ne s’éloigne même pas du Temple. Elle n’a pas de temps à perdre en balades de maison en maison pour médire sur ses proches. Syméon et Anne ont compris que les jours de leur vie sont précieux et ils les mettent à profit en servant Dieu.
3. Enfin, ils sont prêts à tendre les bras pour accueillir la nouveauté. Ils ne vivent pas dans la nostalgie du passé, murés dans leurs traditions, leurs convictions et leurs pratiques. Ils ouvrent les bras pour accueillir la nouveauté qu’apporte Jésus.
Frères et sœurs, tout en nous montrant comment nous devons grandir et vieillir, Syméon et Anne sont porteurs d’un dynamisme nouveau pour les personnes âgées de nos familles qui parfois se sentent inutiles. A elles, je voudrais adresser ce message : vous n’êtes pas inutiles. Ayant accueilli la lumière du Seigneur et la joie de vivre avec Lui, il n’y a plus de temps à perdre parce que vous avez encore une mission à effectuer, un service à rendre : Il s’agit, comme Anne, de parler de Jésus à tous ceux qui sont en quête de sens et de joie dans leur vie. Chers grands-parents, vous avez donc encore et toujours un témoignage d’espérance à donner à vos enfants et à vos petits-enfants.
Bien-aimés du Seigneur, en contemplant la Sainte Famille à la lumière de l’évangile de ce jour, nous pouvons dégager trois nécessités pour nos familles : la nécessité pour les couples de s’appuyer sur la Parole de Dieu pour opérer de bons choix, la nécessité pour les géniteurs d’accueillir tous les enfants que Dieu leur donne et de se mettre au service du projet que Dieu nourrit pour eux, et enfin la nécessité d’intégrer ou de réintégrer nos personnes âgées dans le dynamisme ordinaire de la vie familiale parce que leur mission n’est pas achevée.
Que Dieu bénisse toutes les familles afin qu’elles ne se découragent pas face aux épreuves, mais continuent à être au service de l’amour, de la vie et de l’éducation.
Loué soit Jésus-Christ !