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Monday 28 December -
Fête des Saints Innocents – Anniversaire de la mort de Benoîte
Par le père Ludovic Frère, recteurPuisque nous sommes entrés dans une année spéciale saint Joseph, je vous invite à fixer notre regard sur son attitude dans ce drame du massacre des innocents ; un comportement plein de foi, qui trouve aussi un bel écho dans l’événement de la mort de Benoîte ; et qui est certainement appelé à trouver aussi un écho dans nos cœurs.
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D’abord, c’est d’un ange que Joseph reçoit l’indication de partir avec l’enfant. C’est la 2e fois que son sommeil est ainsi habité de rencontres angéliques. La première fois, c’était pour recevoir l’annonce de la naissance de Jésus. Cette fois-ci, c’est pour appeler à fuir en Égypte.
Quand on sait les difficultés à connaître précisément la volonté de Dieu dans les événements concrets, on peut trouver que Joseph a eu bien de la chance. J’aimerais, moi aussi, avoir un ange qui profite de mon sommeil pour me dire quoi faire concrètement au cours de la journée suivante ! Ou comme Benoîte, un bel ange toujours là pour conseiller, prévenir et consoler en faisant entendre sa voix amicale.
Mais en fait, la révélation à Joseph au cours d’un songe témoigne non pas seulement d’une grâce qui lui est propre, mais aussi de l’importance pour nous tous de savoir écouter. Nous avons tous un ange qui nous guide, mais qui peine visiblement à se faire bien entendre de nous.
Au jour anniversaire de la mort de Benoîte, demandons-lui de nous aider à savoir mieux écouter. Car, quelques instants avant sa mort, quand un prêtre fait le geste d’oindre ses oreilles, Benoîte dit : « elles ont tant écouté ». Écouté les pèlerins, les misères humaines, c’est sûr. Mais aussi écouté le Ciel.
Tant que nous n’écoutons pas, nous ne pouvons pas saisir les grâces par lesquelles le Seigneur nous éclaire. L’écoute est le fondement de la vie spirituelle ; en écoutant dans un songe, Joseph nous apprend la disponibilité sans avoir prise, dans l’abandon comme on s’abandonne au sommeil. En ayant écouté toute sa vie, Benoîte nous apprend aussi l’écoute fidèle, non pas d’un seul instant ou par intermittence, mais sur 54 années.
À trois jours du passage à l’année nouvelle, voilà sans doute une bonne résolution à oser prendre : en 2021, vouloir mieux écouter qu’en 2020. Écouter le Seigneur par une prière plus disponible, écouter les autres sans regarder toujours la montre, mais aussi sans doute moins s’écouter soi-même. Ces deux écoutes et cette contre-écoute, Joseph et Benoîte les ont si magnifiquement vécues qu’ils ne peuvent que nous aider à les choisir, non pas seulement dans les bonnes dispositions d’une célébration eucharistique, mais aussi quand viennent la fatigue, la routine ou l’agacement : être toujours à l’écoute !
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C’est alors sans doute parce que saint Joseph et Benoîte ont écouté que leur vie a été à ce point une bénédiction pour les autres. Joseph a été une bénédiction par la protection qu’il a apportée à la sainte famille. Benoîte a aussi été une bénédiction pour les autres, grâce à sa disponibilité au Ciel.
Elle était tellement une bénédiction pour tous ceux qui l’ont connue, qu’avant sa mort, les prêtres lui demandent, à elle, de les bénir. On peine peut-être à imaginer aujourd’hui ce que cette demande avait de révolutionnaire à l’époque : qu’une pauvre femme, même pas mariée, même pas religieuse, même pas lettrée bénisse des prêtres, c’était inconcevable. Mais pour les chapelains servant alors le Laus, ça s’est imposé comme une évidence : au cours de sa vie, ils ont souvent béni Benoîte. Juste avant sa mort, ils veulent recevoir de ses mains une bénédiction jaillie de son cœur de femme toute donnée à la grâce.
Un appel à être nous-mêmes plus attentifs peut-être aux bénédictions que nous recevons, mais aussi que nous pouvons donner. Dans les prières de l’Eglise, elles sont si fréquentes qu’on peut ne même plus saisir la grande grâce qui nous est faite : plusieurs fois par jour, nous pouvons être bénis par le Seigneur au cours d’une liturgie, comme un signe que Dieu ne cesse de nous bénir à chaque instant ; sachons alors nous en émerveiller !
D’autre part, comme Benoîte, nous pouvons tous bénir. Pas seulement nous les prêtres : tous, nous pouvons bénir pour transmettre aux autres la bienveillance de Dieu. Alors, allez-y, bénissez ! Bénissez vos familles, vos enfants, vos parents, vos frères et vos sœurs, vos ennemis ! Bénissez toutes les personnes que vous croisez dans la rue, que vous voyez à la télévision ou auxquelles vous pensez sur l’instant. Bénissons généreusement et nous ressemblerons davantage à Dieu.
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Saint Joseph a été une bénédiction parce qu’il a permis à Jésus d’échapper à la mort, quand il n’était pas encore temps qu’il offre sa vie pour nous sauver. Mais s’il est patron de la bonne mort, c’est surtout parce qu’il a incontestablement vécu la sienne avec Jésus et Marie à ses côtés. Qui meurt près de Jésus, qui meurt avec Marie n’a rien à craindre.
Ainsi pour Benoîte, dont le récit de la mort dit clairement : « levant les yeux vers le Ciel, entre les bras de sa nièce et la venue des anges qu’elle donnait à connaître par son visage riant, elle décéda joyeusement ».
Mourir joyeusement, c’est la promesse qui nous est faite ! ça vous dit de décéder joyeusement ? Mourir dans la conviction joyeuse que c’est pour la vie éternelle ! Et donc, vivre aussi dès maintenant joyeusement, en n’ayant plus peur de rien, sinon de manquer d’être sauvé. Peur de rien, parce qu’un immense bonheur nous attend pour l’éternité ! Alors, dès aujourd’hui aussi, mourons joyeusement ! Mourons à nous-même avec grand plaisir, car c’est cela, la vie !
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En ce jour des saints innocents, fêtant la joyeuse mort de la sainte innocente qu’était Benoîte, demandons tous à saint Joseph de nous aider à vivre ces 3 dimensions de sa vie sainte : être à l’écoute, être une bénédiction pour les autres et ne pas craindre la mort.
Permettez-moi alors de vous offrir pour terminer cette belle prière du Cardinal de Bonald, archevêque de Lyon au 19e siècle, qui se tournait humblement vers le Seigneur en disant :
Prosterné devant le Trône de votre adorable Majesté,
je viens Vous demander, ô mon Dieu, la dernière de toutes les grâces, la Grâce d’une bonne mort.
Quelque mauvais usage que j’aie fait de la vie que Vous m’avez donnée,
accordez-moi de la bien finir et de mourir dans votre Amour.
Que je meure comme les saints Patriarches, quittant sans regret cette vallée de larmes,
pour aller jouir du repos éternel dans la véritable Patrie !
Que je meure comme le Bienheureux saint Joseph, entre les bras de Jésus et de Marie,
en répétant ces deux noms que j’espère bénir pendant toute l’éternité !
(…)
Père saint, je remets mon âme entre vos Mains : faites-moi Miséricorde.
Jésus, qui êtes mort pour mon amour, accordez-moi la Grâce de mourir dans votre Amour.
Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour moi, pauvre pécheur, maintenant et à l’heure de ma mort.
Ange du ciel, fidèle gardien de mon âme,
grands Saints que Dieu m’a donnés pour protecteurs, ne m’abandonnez pas à l’heure de ma mort.
Saint Joseph, obtenez-moi, par votre Intercession, que je meure de la mort des justes. Amen.