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Monday 9 June - Lundi de Pentecôte. Fête des jubilaires.
« Faites-tout ce qu’il vous dira ! »
Par le père Félix CailletUn homme invité à un mariage ! Ses amis l’accompagnent comme c’est l’habitude. Une rumeur se propage : « Ils n’ont plus de vin ! » Une femme glisse à l’oreille des serviteurs : « Faites–tout ce qu’il vous dira ! » Une scène banale de la vie des hommes.
Ce sont des paroles que nous avons pu entendre au jour de notre engagement. « Tu as entendu mon appel. Je t’invite à y répondre par un « oui », un tout petit oui, mais un oui libre et total. »
Veux-tu être mon mari ? Veux-tu être mon épouse ? OUI je le veux. Et toi, oui je le veux ! « Faites tout ce qu’il vous dit ! » vous a dit Marie.
« Quitte tout. Viens ! Suis-moi ! » Des paroles qui, hier, ont bouleversé la vie d’hommes et de femmes appelés à la vie religieuse. OUI, je le veux. Je m’engage dans une vie d’obéissance, de chasteté et de pauvreté. « Fais tout ce qu’il vous dit », leur dit Marie.
L’Eglise t’appelle à te mettre, comme diacre, au service des plus fragiles, des plus démunis, à la suite du Christ serviteur. Avec l’accord de mon épouse, avec l’acceptation de mes enfants, dans ma liberté, je te réponds, Seigneur : OUI. « Fais tout ce qu’il te dit ! » Des paroles perceptibles, tel un écho dans la montagne, espace de liberté, dans la montagne de l’Amour.
Après des années de discernement marquées par des doutes, des hésitations, l’Eglise, au nom de son Seigneur, te choisit comme prêtre. Le veux-tu ? Oui, je le veux ! Fais tout ce qu’il te dit !
Des paroles d’une femme qui donnent le vertige ! Des paroles qui ouvrent un chemin de confiance. MARIE ! Une femme attentive aux manques ! Avant même, peut-être, que les mariés ne s’en rendent eux-mêmes compte. « Ils n’ont plus de vin ! » Une parole glissée à l’oreille : « Faites tout ce qu’il vous dira ! » Une femme qui, face à Benoîte, se rend compte que les pécheurs, c'est-à-dire nous tous, manquent de lieu de pardon et de miséricorde, de refuge pour les pécheurs.
Nous tous, sur qui le regard de Dieu s’est posé depuis toujours, dès le sein de notre mère. Nous tous qui, un jour, avons entendu, avec clairvoyance ou non, un appel à nous engager dans la vie de prêtre, de diacre permanent, de religieux et religieuses, d’époux dans le sacrement de mariage. Et il ne nous faut pas oublier celles et ceux qui, après un échec, se sont de nouveau engagés dans une vie de famille et de couple et qui, dans une fidélité totale, après dix ans, 20 ans, 25 ans et plus, puisent toujours à la source de leur premier amour et de l’Amour infini. Il ne faut pas oublier les amis prêtres connus ou non qui, un jour, avec tout l’élan de leur cœur, toute leur générosité, ont choisi de construire une famille avec toutes les exigences qui vont avec ce choix de vie.
Les engagements se tiennent et se soutiennent comme j’aime à le répéter.
Ne nous taisons pas ! Ne gardons pas le silence. Toutes ces années sont là pour nous révéler : c’est vrai ! Le Seigneur fait en nous des merveilles dès lors qu’à la suite d’un OUI d’un jour, nous vivons tout ce qu’il nous dit. Alors, la parole du Livre de la Sagesse prend chair : « Je suis la mère du bel amour, de la crainte de Dieu et de la connaissance et aussi de la sainte espérance. » Qu’éclate, tel un feu d’artifice, des millions d’étincelles et d’étoiles pour illuminer de joie notre monde et notre Eglise par commencer ! La différence fondamentale entre la Sagesse humaine, aussi brillante soit-elle, et la parole du Verbe : « Ceux qui me mangent auront encore faim ! » « Celui qui mange ma chair et boit mon sang n’aura plus jamais soif ! » Celui qui s’abandonne en moi, en acceptant de lâcher prise, connaitra la vie, connaitra le bonheur infini.
« Tout le monde sert le bon vin en premier, et ensuite, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant ! »
Frères et sœurs jubilaires. Le bon vin n’est pas encore en perce. Il jaillira de nos cuves de vie donnée, d’amour reçu. Il vieillit dans les fûts de chêne de notre histoire, des vendanges de grains muris au-delà des hivers sous le soleil d’été et la maturation de l’automne. Il coulera des pressions de tout amour qui fait souffrir et en même temps, enivre.
Oui, le bon vin est encore à tirer. Continuons la fête des noces, des noces entre un choix, un appel et une réponse, noces entre un amour reçu et un amour donné.
Pour en prendre la totale dimension : il y a le temps du Cénacle, ce temps où entre prêtres, nous reconnaissons combien et comment le Seigneur agit malgré nos faiblesses, le temps où, en couple, en famille, nous nous accordons des pauses pour communiquer, partager et nous dire merci, le temps où, entre diacres, nous nous étonnons de tout le travail de l’Esprit dans l’humanité des plus petits. Le temps où, en congrégation, en communauté, nous vérifions notre fidélité au charisme fondateur.
Dans ce temps « du Cénacle », Marie est toujours là ! Cette jeune fille qui, dans sa liberté, a répondu timidement, sans savoir jusqu’où ces paroles allaient l’engager : « Je suis la Servante du Seigneur ! Qu’il me soit fait selon ta Parole ! »
Elle peut donc dire : « Faites tout ce qu’il vous dira ! ».
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