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Monday 21 November - Présentation de la Vierge Marie
"Ecoute ma fille, regarde et tends l'oreille"
Par le frère Eric Juretig
« Faire la volonté de mon Père qui est aux cieux » pour entrer dans la famille de Dieu. Comme nous le redirons dans la prière du Seigneur avant de communier : « Notre Père…que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ». Nous pouvons nous rappeler aussi la prière de Jésus au Mont des Oliviers qu’il adressera par deux fois à son Père : « Mon Père, s'il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme je veux, mais comme tu veux » (Mt 26,39). J’ai retenu un extrait des manuscrits du Laus qui commente l’attitude de Benoîte Rencurel quant à l’usage de sa volonté : nous sommes en 1684, s’achève la période des crucifixions mystiques durant laquelle elle voit le Christ en croix et revit dans son corps les douleurs de sa Passion, période au cours de laquelle elle-même s’est ajoutée des mortifications corporelles volontaires. Les manuscrits nous disent que Benoîte approfondit alors son sens du sacrifice rédempteur : elle comprend mieux le rôle de la patience et de la mortification de la volonté dans sa vie pénitentielle. La mortification de la volonté, une ascèse toute simple, difficile peut-être à cause de sa simplicité. Il est parfois plus facile de se lancer dans des projets ambitieux, où notre générosité autonome nous gratifie.
« Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur et une mère. » Oui, toute notre conversion consiste à entrer dans ce mouvement de pauvreté, cette humilité du cœur, où nous acceptons d’interroger le Seigneur quant à notre présent et notre avenir, à lui soumettre notre volonté propre. En somme, c’est notre vie quotidienne que nous acceptons de remettre au discernement de Dieu, à sa sainte volonté, la prière du Notre Père est notre prière quotidienne : « donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ». Quelle est Père ta volonté pour que j’échappe à la tentation de maîtriser ma vie et celle des autres aujourd’hui ? Je crois vraiment qu’il y a une joie, une béatitude dans cet appel, dans cette question que Jésus pose pour qualifier ses disciples : « Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? ». Le livre de Zacharie entendu dans la 1ère lecture nous dit : « Chante et réjouis-toi, fille de Sion ». Cette béatitude est celle de pouvoir enfin déposer sa vie, de ne plus avoir à porter ce poids trop lourd d’un quotidien où tout nous semble dépendre de nos seules forces, où nous voulons finalement maîtriser Dieu. C’est peut-être le visage que présente la famille de Jésus qui, dans l’Evangile, se tient à l’extérieur du groupe des disciples et cherche à lui parler. Saint Marc nous rapporte le passage évangélique suivant : « Sa famille, l’apprenant, vint pour se saisir de lui, car ils affirmaient : " Il a perdu la tête " » (Mc 3, 21). Apprenons à faire confiance en Celui qui tend la main vers ses disciples, comme dans l’évangile, pour désigner ceux qui l’entourent. L’extrait du livre de Zacharie précise par deux fois « j’habiterai au milieu de toi ». Cette conversion de notre volonté n’est finalement que ce petit effort, ce petit désir qui permet au Seigneur de nous tendre la main, de faire en nous sa demeure. Un petit effort de désappropriation de soi-même pour être animé du souffle du Seigneur, qui ne manquera de nous inviter sur un chemin de vie, celui de notre vocation, qui ne manquera de nous révéler notre visage, notre identité, celle que chacun de nous a reçue, à l’image de Dieu. Le psaume que nous avons entendu nous parlait de notre naissance spirituelle : « A la place de tes pères se lèveront tes fils ; sur toute la terre tu feras d'eux des princes. » Passer des pères aux fils, nouvelle famille de Dieu, celle de ceux qui font la volonté du Père céleste.
Nous fêtons aujourd’hui la présentation de la Vierge Marie au temple de Jérusalem. Elle nous montre cette pleine consécration de sa vie, de notre vie, à la volonté du Seigneur. 1ère consécration qui prépare son « oui » à l’ange Gabriel et à Dieu à l’heure de l’Annonciation. Marie n’a pas regardé en arrière, elle a dès son plus jeune âge remis sa vie entre les mains du Père. Encore une fois nous sommes invités à une conversion, une conversation pleine d’humilité : « il s’est penché sur son humble servante, tous les âges me diront bienheureuse » (Lc 1, 48). Marie a accepté de ne pas maîtriser sa vie, de ne pas tout savoir, de faire confiance en un autre pour éclairer ses pas sur la terre. Elle n’a pas regardé en arrière parce qu’elle a su interroger tout au long de sa vie son Père pour garder et écouter sa parole : « Écoute, ma fille, regarde et tends l'oreille ; oublie ton peuple et la maison de ton père : le roi sera séduit par ta beauté. » nous a dit le psalmiste. Quitter la maison de son père, passer des pères aux fils, naître au Roi des rois qui est séduit par la beauté de Marie, par notre beauté d’enfant de Dieu, chacun d’une manière unique. Marie a écouté, gardé et médité dans son cœur les évènements de sa vie, de la vie de son Fils. Elle a su humblement guetter l’aurore, la lumière de chaque jour, la réponse que Dieu pouvait lui donner et nous donne si nous acceptons de lui faire confiance au quotidien, de l’interroger, de l’écouter : « écoute Israël ». Comme Jésus à Gethsémani, comme Marie à l’Annonciation, demandons à notre Père sa pleine volonté sur notre cheminement. Comme Jésus et Marie à l’heure de leur présentation au Temple, ouvrons nos mains, nos oreilles et nos cœurs à notre chemin de consécration et devenons ce temple de l’Esprit Saint. Entrons dans le palais du roi où tous ensemble, avec notre Mère, nous faisons cortège dans le corps de son Fils.