Rechercher dans les homélies
Homélie en détails
Pour être tenu informé des publications d'homélies
Sunday 6 December - Bonne Nouvelle !
Dimanche 6 décembre 2020 – 2e dimanche de l’Avent B
Par le père Ludovic Frère, recteurDes montagnes plates ! La promesse portée par Isaïe dans la première lecture pourrait paraître aussi attrayante qu’une piscine sans eau ou une station de ski sans remontées mécaniques. Montagne arasée comme une existence sans relief : l’annonce d’escarpements changés en plaine pourrait être vue comme un aplatissement de la vie.
Mais cette promesse vise, en fait, à faire décoller nos vies plus haut que les sommets les plus élevés ! Alors, vous êtes prêts au décollage ? Laissons la Parole de Dieu nous élever bien au-dessus de tout ce que nous aurions pu imaginer… avec 3 mots que je vous encourage à garder à l’esprit tout au long de la semaine : « commencement », « bonne nouvelle », « préparer ».
* * *
Voici l’évangile selon saint Marc, à son premier chapitre, premier verset. « Commencement » : c’est le mot choisi par l’évangéliste pour débuter son récit. Non pas simplement pour dire qu’il commence à écrire ; ce « commencement » a un écho bien plus large, bien plus profond. Il va chercher sa référence dans le début de la Genèse : « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre » (Gn 1,1).
L’évangéliste nous parle ici d’un nouveau départ pour toute la création, un nouveau jaillissement de vie en même temps qu’une nouvelle et définitive séparation des ténèbres et de la lumière. Nouveauté sous forme de « commencement », car ici tout est récapitulé pour se déployer jusqu’au Ciel.
C’est le premier instant d’une création nouvelle, cette création dont saint Pierre a reconnu dans la 2e lecture qu’elle était à la fois déjà advenue et encore en processus d’enfantement : « Car ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice » (2 Pi 3,13).
Le « commencement » dont saint Marc va rendre compte au long de son Évangile, c’est donc la révélation d’un Principe depuis lequel tout vient à la vie et tout s’accomplit. Le terme grec pour « commencement », arché, vient bien dire ce premier Principe qui commande toute chose, comme on parlera d’un archétype. Ainsi, quand saint Matthieu et saint Luc rapportent des récits de l’enfance de Jésus, saint Marc comme saint Jean résument l’avènement du Sauveur, Dieu qui prend chair, par un seul mot : « commencement ».
Un nouveau commencement qui interroge tous les commencements dont nous avons encore besoin ou que nous devons accepter dans nos vies personnelles. Dans le Christ, il y a toujours un nouveau commencement. Même quand on croit que la vie est dans une impasse, le Seigneur ouvre la voie d’un nouveau commencement. En Lui, sans cesse, tout commence ou recommence pour un jaillissement de vie ! Je vous invite aujourd’hui à vouloir, à goûter ce nouveau commencement que le Seigneur vous offre. Sans se lasser, notre Dieu faite toutes choses nouvelles !
* * *
Pour nous disposer à entrer dans ce dynamique positive des nouveaux commencements, saint Marc appelle « Évangile » ce ce qu’il va rapporter dans nos récit. Nous sommes habitués à comprendre le mot « Évangile » comme un livre révélant qui est Jésus-Christ. Mais quand saint Marc écrit, le terme n’a pas encore cette signification. Par « Évangile », il dit ce que le mot recouvrait ordinairement à l’époque : une bonne nouvelle.
« Commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu » : c’est dire que tout ce qui va se déployer par la suite est à entendre comme une bonne nouvelle ! Des paroles de consolations adressées par Jésus aux pauvres, jusqu’aux guérisons de ceux qui souffrent, en passant par les douleurs de la croix, la mystère de l’Eucharistie et la lumière de Pâques : tout est « bonne nouvelle de Jésus, Christ, Fils de Dieu » !
L’Avent est donc un temps favorable pour veiller chaque parole d’évangile comme une bonne nouvelle qui nous est offerte. Peut-être l’Avent doit-il justement nous interroger : l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu, est-il vraiment pour moi cette bonne nouvelle par-delà toutes les autres ? Une si bonne nouvelle qu’elle dépasse et qu’elle transfigure toutes les mauvaises nouvelles de nos vies ? Une « bonne nouvelle », si « bonne » qu’elle réjouit nos cœurs et si « nouvelle » qu’elle change vraiment nos existences.
En accueillant la Bonne Nouvelle, il nous est donc impossible d’être des chrétiens grincheux, des religieuses acariâtres, des prêtres aigris, des couples grognons, des internautes de mauvaise humeur… Non, c’est une bonne nouvelle qui nous fait vivre ! Une bonne nouvelle que nous annonçons avec enthousiasme ! Une bonne nouvelle qui doit se traduire en sourires, en bénédictions, en regards positifs sur la vie, en bienveillance envers les autres !
Alors, pardon pour cette remarque : mais il me semble que ces dernières semaines, nous avons sans doute beaucoup été, dans la vie de l’Église catholique, dans la plainte et la revendication - à juste titre, c’est certain : pour la Gloire de Dieu et le bien spirituel des âmes-. Mais avant de revendiquer, le Seigneur nous attend d’abord dans le rayonnement de sa bonne nouvelle !
* * *
Pour qu’elle prenne toute sa place en nous, cette bonne nouvelle, un verbe clé nous est donné ce dimanche, un verbe aussi important que l’appel à « veiller » entendu dimanche dernier. C’est le verbe : « préparer ».
Nous voici arrivés en décembre. Beaucoup commencent à préparer les fêtes : des préparatifs enthousiasmants, mais dont la saveur ne saurait être ni véritable ni durable si ces préparatifs n’étaient l’expression d’une préparation plus fondamentale encore : préparer les chemins du Seigneur ! En mettant en place crèche et sapin, en achetant des cadeaux de Noël et des aliments succulents pour la fête, n’oublions jamais que nous préparons quelque chose de plus grand, quelque chose que tous ces préparatifs ne font que symboliser : nous préparons les chemins du Seigneur !
Alors, dans toutes vos préoccupations, parvient-il à se frayer un chemin jusqu’à vous, le Dieu qui vient vous apporter sa bonne nouvelle ? Est-ce que la route jusqu’à votre cœur est large et disponible ? Ou est-ce que de nombreux barrages viennent en bloquer l’accès ?
« Préparez les chemins du Seigneur » : dans ce verbe, plus encore peut-être que dans celui de « veiller », nous pouvons entendre la part active qu’il nous faut prendre. Car le Seigneur aura beau tout faire, jusqu’à devenir l’un de nous, si nous ne Le laissons pas nous approcher, sa bonne nouvelle nous restera étrangère, ou elle sera seulement pour nous une conviction du même ordre que des opinions politiques. « Préparer les chemins du Seigneur, c’est tellement plus grand ! C’est faire de la bonne nouvelle un nouveau commencement permanent ; commencement qui fait de chaque jour une chance inédite de nous laisser surprendre par le Seigneur, en laissant derrière nous le passé qui n’est plus. « Préparez les chemins du Seigneur » !
* * *
Elle est là, cette bonne nouvelle des montagnes plates ! Toutes les montagnes de nos erreurs passées, les escarpements de nos souffrances présentes, les ravins de nos relations humaines blessées, les massifs montagneux de nos péchés… tout cela, c’est le Seigneur qui vient l’aplanir dans un nouveau commencement : Lui-même prend chair, se donne sur la croix, fait jaillir la vie au matin de Pâques et conduit tout au Père dans l’Esprit, jusqu’au jour où il reviendra pour juger les vivants et les morts.
Le Seigneur fait tout ce travail d’assainissement ; c’est ce qu’on appelle la grâce. Dans cette alliance nouvelle, il nous reste juste à dire « oui ». C’est ce que saint Marc appelle : « rendre droits ses sentiers ». Que le chemin du Seigneur jusqu’à nos cœurs soit le plus direct possible : c’est là, cette conversion à laquelle Jean-Baptiste appelle les foules : « commencement », « Bonne nouvelle », « préparation » !
Prêtez l’oreille à cet appel que le Seigneur lance aujourd’hui à chacun d’entre nous quand il nous parle d’un commencement, d’une bonne nouvelle et d’une préparation. Le Seigneur nous dit en substance : « je veux faire en toi un nouveau commencement, je veux te combler de ma Bonne Nouvelle. Ne reste donc pas en périphérie de ton être, ne t’embarrasse pas de montagnes de préoccupations mondaines. Accueille simplement cette Bonne Nouvelle : Je viens sauveur ta vie ! » Maranatha, viens Seigneur Jésus !