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Sunday 26 July - Chasse au trésor !
Dimanche 26 juillet - 17e dimanche du temps ordinaire
Par le père Ludovic Frère, recteurMesse du dimanche 26 juillet 2020 – 17e dimanche du temps ordinaire
Homélie du père Ludovic Frère, recteur du sanctuaire
Chasse au trésor !
Le trésor dans le champ, la perle de grand prix et le filet plein de poissons : comme dimanche dernier, ce n’est pas par une seule, mais par 3 images différentes que Jésus veut nous faire entrer dans le mystère de la fécondité du Royaume des Cieux. Mystère d’une réalité qui est à la fois déjà présente ici dans nos vies, mais qui est aussi à attendre pour le Ciel, en nous y préparant sur terre.
De ces trois paraboles, permettez que je m’arrête surtout sur la première, parce qu’elle rejoint peut-être le plus l’expérience que l’on fait au Laus. « Le Royaume des cieux est comparable à un trésor caché dans un champ. » En effet, le Laus étant lui-même un inestimable trésor caché dans la montagne, nous sommes rassemblés ou connecté par écran à un lieu dans lequel cette parabole peut particulièrement nous parler.
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Les enfants, est-ce que vous aimez les chasses au trésor ? Moi, ça me passionne !... Vous avez vu qu’au Laus, on peut justement en faire une ? Depuis Noël dernier, nous avons mis en place tout un parcours à la découverte du « trésor du Laus ». Si vous ne l’avez pas déjà faite, je vous encourage à vivre en famille cette grande chasse au trésor du sanctuaire.
Oui, ça en vaut la peine, car les chasses au trésor, ça remplit d’enthousiasme ! On cherche des indices, on aime aller d’une étape à une autre, on est fier quand on a résolu une énigme, et on repart jusqu’à la suivante, avant de parvenir au terme du parcours… Et là : quelle joie de découvrir le trésor tant recherché !
Finalement, il se pourrait bien que la chasse au trésor soit une image de notre vie chrétienne : une recherche, un parcours, des étapes qui nous poussent en avant, qui nous orientent vers le trésor tant attendu qui est déjà donné maintenant par de nombreuses grâces, et qui nous attend au Ciel pour l’éternité.
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Jésus nous dit ainsi aujourd’hui : « Le Royaume des cieux est comparable à un trésor caché dans un champ ». Quel est donc ce trésor ? Dans quel champ peut-on le trouver ? Et par quels moyens le chercher ?
On peut répondre à ces questions de deux manières, ou si vous préférez : par deux versants. Les deux versants de l’Alliance nouvelle, les deux acteurs de cette Alliance : Dieu et nous.
Du côté de Dieu, le trésor dans le champ représente alors l’humanité entière, précieux aux yeux du Père. L’humanité entière et chacun d’entre nous, ayant tellement de valeur pour le Seigneur qu’il donne tout sur la croix, afin de nous extirper du champ du mal et de la mort. Le Seigneur donne tout, car nous sommes son grand trésor! Tellement précieux à ses yeux qu’il paye le prix fort pour nous sauver.
Cette interprétation nous rappelle que ce n’est pas nous qui achetons le Ciel, mais que c’est le Christ qui nous a rachetés, et que sans Lui nous étions perdus. Ce qui s’est passé à Pâques se poursuit alors dans chacun de nos cœurs, qui sont le lieu d’une grande chasse au trésor. Mais cette chasse au trésor, c’est Jésus qui la mène avec passion : il nous cherche jusque dans nos replis, dans nos confinements… et il se réjouit de nous trouver !
Heureusement pour nous, le Christ est patient dans cette chasse au trésor ; il n’y renonce jamais, même quand nous sommes bien peu disposés. Le Seigneur part sans cesse à notre quête, il nous désire et nous espère… Qui donc resterait insensible devant tant d’amour divin ?
Cette première approche de la parabole du trésor est donc une invitation à contempler la beauté du geste du Christ : il aime nous rechercher, il nous espère comme son plus grand trésor et il donne tout pour que nous soyons avec Lui dans l’éternité bienheureuse !
La conversion, pour laquelle la Vierge Marie dit clairement avoir voulu le Laus, s’inscrit bien sûr dans cette dynamique. L’expérience de Benoîte, et la nôtre avec elle, c’est l’émerveillement devant un Ciel qui vient à notre recherche, qui ne craint pas les énigmes de nos vies, qui n’a pas peur de se salir au contact de notre terre, pour venir nous trouver.
Alors, précieux trésor, laissons-nous chercher par le Christ ! Ne nous cachons pas comme Adam et Ève après la chute : laissons le Seigneur nous trouver et se réjouir en nous !
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Voilà pour le premier acteur de l’Alliance : le Seigneur, qui en a toute l’initiative et qui y trouve sa joie. Mais cette parabole peut aussi abordée par l’autre côté, par l’autre acteur de l’Alliance : l’humanité, et donc aussi chacun d’entre nous. Dans ce cas, le paysan, ce n’est plus le Christ, c’est vous, c’est moi, c’est tout être humain disposé.
Remarquez d’abord que le paysan travaillait la terre, mais il ne cherchait pas particulièrement de trésor : il est tombé dessus. C’est la différence avec la parabole suivante, où le négociant en perles cherchait bien des perles. Comme si le Christ voulait nous dire, par la parabole du trésor, qu’en travaillant la terre tout ordinaire de notre vie intérieure, nous pouvions tomber sur un grand trésor. C’est le premier point d’attention pour nous : ne pas chercher ailleurs, mais nous contenter de travailler ce que nous sommes.
Deuxième point d’attention : si le paysan n’avait pas pour objectif de trouver un trésor, pour qu’il puisse en profiter pleinement, il va lui falloir ensuite prendre une décision : soit laisser le trésor au propriétaire et continuer à bêcher sa vie comme si de rien n’était ; soit tout vendre pour posséder le trésor. Autrement dit : le paysan trouve par pure grâce, mais il vend par décision personnelle : c’est la collaboration entre la grâce de Dieu et la responsabilité humaine. Tout est donné, mais on est libre de s’y donner. Voilà l’Alliance avec Dieu : tout est donné, mais on est libre de s’y donner
Notre vie avec le Christ est donc un trésor, qu’on ne cherche peut-être même pas. Mais quand on tombe sur la richesse de ce trésor, impossible de lui préférer autre chose. Toutes les priorités sont renversées : on ne veut plus lâcher ce grand trésor !
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Peut-être votre séjour au Laus a-t-il été pour vous, ces jours-ci, de l’ordre de cette expérience de découverte : vous êtes tombé sur le trésor de l’amour miséricordieux du Seigneur pour vous. Ou vous, qui nous suivez par la télévision ou par internet, vous avez peut-être vécu cette expérience chez vous, même dans votre épreuve de maladie ou dans votre confinement qui perdure.
Vous ne pensiez peut-être pas que la vie en Dieu était un tel trésor. C’était juste pour vous une habitude, un décor dans votre vie ordinaire. Et voilà qu’en travaillant votre terre intérieure, vous avez mis la main sur ce trésor, le seul qui mérite qu’on lui consacre tout : Jésus-Christ. Et vous voilà décidés désormais à ne rien placer au-dessus de votre relation vitale à Dieu. Donc aussi : ne rien placer au-dessus du salut éternel !
Bienheureux êtes-vous d’avoir découvert ce grand trésor ! Gardez maintenant le cap pour vendre tout ce qui ne fait que passer, le Seigneur nous laissant libres de discerner ce que ça implique concrètement dans nos vies, en fonction de nos vocations différentes. Tout donner ne se vit pas de la même manière pour tous, mais tout donner c’est l’appel lancé à tous.
Et si vous n’avez pas encore découvert combien le Christ est l’unique trésor véritable qui mérite de tout Lui donner, cherchez encore ! Cherchez sans vous attrister. Continuez la grande chasse au trésor !
Le Christ, Lui, se réjouit d’y venir vous chercher, en disant : « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » (Mt 6,21). Nous sommes le trésor du Christ : il a tout donné pour conquérir nos cœurs. Christ est notre trésor : comment ne pas tout lui donner en laissant nos cœurs battre au rythme du sien ? Amen.