Rechercher dans les homélies
Homélie en détails
Pour être tenu informé des publications d'homélies
Sunday 23 December - Quand le nouveau vient embrasser l'Ancien
Dimanche 23 décembre 4ème dimanche de l'Avent
Par le Père Ludovic Frère, recteur du sanctuaire
Quand le Nouveau vient embrasser l’Ancien
Est-ce que vous connaissez ce livre-ci ? (le prêtre montre une Bible).
C’est une Bible ! En fait, ce n’est pas un livre. Comme son nom l’indique, c’est une bibliothèque, composée de 73 livres. Mais en fait, ce n’est même pas une simple bibliothèque : c’est la Parole de Dieu. C’est vraiment Dieu qui nous parle, c’est le Verbe éternel qui s’adresse à nous ! Celui que nous allons reconnaître demain soir comme ayant pris chair de notre chair, ce Dieu se dévoile et se donne par sa Parole.
* * *
La Bible est composée de deux parties : l’Ancien et le Nouveau Testament. On apprend cela en première année de catéchisme, mais on l’oublie peut-être ensuite. On oublie d’y penser à chaque fois qu’on médite un passage biblique. Qu’il soit « annonce » dans l’Ancien Testament ou « accomplissement » dans le Nouveau Testament, ce n’est pas la même chose, pas la même manière d’interpréter les textes.
Et voilà qu’aujourd’hui l’Ancien Testament et le Nouveau Testament se rencontrent. Si c’est bien sûr déjà le Verbe qui nous parlait par la voix des patriarches et des prophètes,J ean-Baptiste, le dernier des prophètes, est comme la dernière page de l’Ancien Testament. Tandis que Jésus-Christ, le Verbe fait chair, est pour ainsi dire « en personne » le Nouveau Testament, nouveauté tellement attendue et tellement inimaginable à la fois.
De l’Ancien au Nouveau Testament, plus qu’un passage de relais, c’est une visite dans les profondeurs de l’être, comme nous le montre cet évangile de la visitation. C’est dans le corps de deux femmes que la rencontre se passe.
Jean-Baptiste tressaille d’allégresse dans le sein d’Elisabeth ; c’est l’Ancien Testament qui saute de joie parce qu’il voit s’accomplir ce qu’il portait en gestation depuis tant de siècles : Dieu vient vraiment parmi nous ! Ce qu’il portait comme une promesse, voilà qu’il en accueille maintenant la réalisation. Alors, nécessairement, l’Ancien tressaille d’allégresse !
Tout l’Ancien Testament peut être lu comme un tressaillement d’allégresse de voir arriver l’accomplissement qui apporte le salut définitif : la fin du mal, la fin de la mort, pour toujours !
Parce qu’il présente deux mères enceintes qui vont bientôt enfanter, l’évangile de la visitation nous parle d’une attente qui arrive à son terme. L’attente des prophètes, des rois d’Israël et du peuple exilé ; l’attente d’Adam, de Noé, d’Abraham, de Moïse et de tous les autres… la grande attente arrive à son terme : bientôt, toutes les générations vont tressaillir d’allégresse. Dans la nuit de Noël, elles uniront leurs voix à celles des anges pour chanter : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ».
* * *
La visitation nous montre alors aussi clairement que ce « Dieu parmi nous », il ne faut pas partir au loin pour le chercher : c’est Lui qui vient jusqu’à nous ! Par la Vierge Marie venant jusqu’auprès de sa cousine Elisabeth, le Nouveau court à la rencontre de l’Ancien. Il franchit les montagnes, il se hâte pour ne pas laisser l’Ancien plus longtemps dans les angoisse de l’attente.
Ainsi, la Vierge Marie qui porte Dieu « se rendit avec empressement vers la région montagneuse ». Voyez que Dieu ne joue pas à cache-cache avec nous, il ne reste pas à distance de nous ! Il court jusqu’à nous en traversant les montagnes ! Il court, porté par la Vierge Marie. Ainsi, plus nous sommes disponibles à accueillir Marie, plus nous saisissons combien Dieu court jusqu’à nous ! Toujours et sans se fatiguer, le Seigneur vient à notre rencontre ! Cette expérience, nous la faisons quotidiennement au sanctuaire du Laus.
* * *
Mais repartons dans la montagne de Judée. Marie « entra dans la maison de Zacharie et salua Elisabeth ». Par la Vierge Marie, le Nouveau Testament entre chez l’Ancien. Remarquez que, dans la visitation, on ne dit pas qu’Elisabeth ouvre la porte à Marie. L’Ancien Testament n’ouvre pas la porte au Nouveau, c’est le Nouveau qui entre d’autorité dans l’Ancien ; en venant habiter l’Ancien, il lui donne tout son sens. Comprenez par là que lire l’Ancien Testament sans le Nouveau, c’est amputer l’Ancien de tout ce que le Nouveau vient en révéler. Ne lisez donc jamais aucun passage de l’Ancien Testament sans l’éclairer par son accomplissement total dans le Christ.
Car c’est seulement lorsque le Nouveau vient rencontrer l’Ancien que, nous dit saint Luc, « Elisabeth fut remplie de l’Esprit Saint ». Il faut que la Vierge Marie, pleine de grâce, pleine de l’Esprit Saint, vienne à la rencontre de sa cousine pour que, par contagion, celle-ci soit remplie d’Esprit Saint. Ainsi pour l’Ancien Testament : son sens est révélé en plénitude uniquement par la venue du Nouveau. Car alors, l’Esprit Saint éclaire tout, même les passages les plus obscurs de l’Ancien Testament, même les plus compliqués à comprendre, les plus difficiles à accepter.
Par la Vierge Marie, le Nouveau éclaire l’Ancien en le saluant avec respect. Il ne vient pas l’annuler, mais le saluer pour l’accomplir. Voyez alors combien il est faux de rejeter l’Ancien Testament comme s’il était l’expression d’un Dieu violent, pour ne garder de la Bible que le Nouveau Testament, révélation d’un Dieu d’Amour.
Si cette conception dualiste de la Bible vous habite, permettez-moi un simple conseil : lisez la Bible ! Et lisez-là en commençant par son accomplissement, en commençant par un évangile.
Je me permets encore un autre conseil, lié au précédent : il n’est peut-être pas trop tard pour demander cette année un vrai cadeau de Noël utile : une Bible ! Il y en a de très belles en vente au magasin du Laus. Sœur Blanche-Marie se fera assurément un plaisir de vous conseiller…
* * *
À quelques heures de fêter Noël, je vous encourage aussi à prendre un moment – un assez long moment - pour relire un passage de l’Ancien Testament, voire un livre tout entier. Le récit de la Genèse ou de la sortie d’Egypte, le livre d’Isaïe bien sûr. Ou encore, ces grands poèmes que sont les psaumes ou ces grandes maximes de sagesse du livre des Proverbes. Tous ces livres de la Bible qui ouvrent au Christ, qui annoncent le Messie, qui préparent son chemin, faites-en votre plus belle et plus nécessaire préparation à Noël !
Lisez, savourez, méditez un livre de l’Ancien Testament pour creuser encore votre désir et votre disponibilité à accueillir le Sauveur du monde, le Verbe qui prend chair. Alors pourra s’éclairer pour vous tout ce que l’évangile de la visitation nous révèle de cet accomplissement de l’Ancien par le Nouveau et que je vous ai proposé comme 3 grands éclairages pour vivre Noël :
- une promesse en gestation qui arrive à son enfantement,
- une proximité de Dieu qui vient jusqu’à nous
- et une effusion de l’Esprit Saint qui vient tout éclairer.
Ainsi, vous pourrez prendre pour vous ces paroles d’Elisabeth à la Vierge Marie : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ». Heureux sommes-nous de croire à l’accomplissement de tout ce que le Seigneur avait dit. Oui, préparez-vous à tressaillir d’allégresse dans la nuit de Noël : la grande promesse va prendre chair ! Maranatha ! Viens, Seigneur Jésus ! Amen.