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Sunday 24 July - 17e dimanche du temps ordinaire
"Demande ce que tu veux !"
Par le Père Ludovic Frère, recteur du sanctuaire« Demande-moi ce que tu veux et je te le donnerai ». Qui de nous ne rêverait d’entendre cette promesse divine ? Tel le génie de la lampe d’Alladin, le Seigneur ouvre à Salomon tous les possibles. Alors, si nous étions à la place de ce roi, sincèrement, qu’aurions-nous demandé ? Quels sont nos vœux les plus grands, nos plus profonds désirs ?
Notre foi de chrétiens nous appelle à reconnaître qu’en Jésus-Christ sont exaucés tous nos vœux les plus audacieux. Par sa mort et sa résurrection, nous avons en effet accès à la vie-même de Dieu ; nous avons la vie en plénitude… qui aurait osé demander autant au Seigneur ? Etre comme Lui, participer éternellement à sa Vie : voilà ce que le Christ a acquis pour nous, mais que nous avons encore à choisir comme notre plus grand trésor.
C’est bien ce que le Seigneur vient nous révéler aujourd’hui par ces trois paraboles : un trésor caché dans la terre, une perle de grand prix, un filet rempli de poisson. Ces trois paraboles nous aident à entrer dans cet exaucement sublime de nos désirs les plus profonds que le Christ a réalisé pour nous mais que nous avons pour mission de choisir : il ne s’agit plus seulement, comme avec Salomon, de discerner ce que l’on veut vraiment, mais plutôt de reconnaître que le Seigneur le donne abondamment.
Trois paraboles présentent ainsi la découverte d’un bien de grande valeur, qui devient la priorité de ceux qui le découvrent. Mais si elles visent la même réalité, ces trois paraboles l’abordent de manières différentes, comme trois portes d’entrée dans la beauté de ce royaume.
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Par l’image d’un trésor caché dans un champ, la première parabole nous montre que le royaume de Dieu n’est pas une réalité étrangère à notre vie quotidienne. En effet, l’agriculteur qui découvre le trésor ne le cherchait pas ; il accomplissait juste son travail ordinaire de la terre. Mais c’est dans ce quotidien habituel qu’il découvre un trésor impérissable.
Voilà qui peut nous convaincre que le Royaume de Dieu n’est pas à chercher en dehors de notre vie, de nos relations humaines, de nos difficultés de l’existence, de nos projets du quotidien. Il se cache dans les réalités plus anodines des tâches domestiques, de la vie familiale, des activités professionnelles. Tant que nous n’avons pas la conviction que le Royaume de Dieu est un trésor caché dans l’ordinaire de nos activités, nous ne pouvons, en fait, pas vraiment vivre en chrétiens.
Car ce n’est certainement en s’évertuant à pratiquer quelque posture de yoga ou quelque méditation transcendantale que l’on touche véritablement le royaume de Dieu. Ce n’est pas en fuyant la réalité qui nous entoure, le poids de notre corps ou la présence des autres : c’est au contraire dans toutes ces réalités que le trésor du Royaume est caché pour être découvert.
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Mais la première comme la deuxième parabole nous révèlent aussi que la découverte du trésor du Royaume ne peut que changer notre vie. Quand le paysan a trouvé le trésor, son objectif de vie n’est plus de cultiver la terre, mais de posséder ce trésor. Quand le négociant a trouvé la perle de grand prix, son objectif de vie n’est plus de tenir un magasin de perles, mais de jouir de sa perle si précieuse.
Ce n’est pas, selon moi, un appel à ce que toute personne qui a découvert le Royaume lâche tout pour devenir moine ou moniale. Certains sont appelés à cette magnifique vocation ; et les paraboles du trésor et de la perle sont pour eux un splendide encouragement à la fidélité.
Mais il me semble que le cœur de ces deux paraboles consiste à nous faire prendre vraiment conscience que la découverte du Royaume de Dieu doit bouleverser nos plus grands projets. Un chrétien n’a pas pour objectif de vie de construire une belle maison ou de se prévoir une retraite paisible ; il vise à posséder le Royaume ! Et comme le paysan de la parabole, il fait tout pour l’acquérir. Ainsi, nous sommes profondément interroger sur ce que nous faisons pour posséder, pour accueillir le Royaume de Dieu, dès maintenant et pour l’éternité ?
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Si le Royaume est un trésor gratuitement offert, nous avons pourtant notre responsabilité pour l’accueil ou le recevoir, pour le chercher ou rester indifférents, pour avoir des souhaits à la hauteur de Dieu ou des désirs petits comme les hommes.
C’est ce qu’illustre la troisième parabole, celle du filet rempli de poissons, qui n’est pas sans rappeler la première parabole de l’Evangile de dimanche dernier, celle du bon grain et de l’ivraie. Il y était alors question d’un champ, le champ du monde, dans lequel poussent en même temps les bons et les méchants, jusqu’au jour de la moisson où un tri séparera les êtres humains d’après ce qu’ils auront fait de leur vie.
C’est un tri identique que nous retrouvons dans cette parabole du filet, avec une séparation entre les bons poissons et « ce qui ne vaut rien », dit le Christ. Cette dernière précision permet une intéressante comparaison : d’un côté, il était question d’un trésor et d’une perle, qui tous deux sont de grande valeur. D’un autre, il est question d’un filet dans lequel on trouve du bon poisson mais aussi « ce qui ne vaut rien ». Trésor de grande valeur, contre « ce qui ne vaut rien ».
Si nous faisons du Royaume de Dieu notre trésor, en concrétisant notre accueil de ce Royaume par une vie bonne, alors notre existence ne vaut pas rien : elle prend de la valeur, comme par contagion, par osmose avec ce Royaume de grande valeur.
C’est bien l’expérience de Benoîte Rencurel, ici au Laus : la bergère ne s’est pas contentée d’être spectatrice des révélations du Royaume dont elle a bénéficié. Elle s’est laissée toucher, habiter, transformer par ce qui lui était révélé. Ces transformations ont été parfois pour elle contraignantes, voire douloureuses ou crucifiantes. Mais ainsi, Benoîte est devenue elle-même un trésor, par sa proximité avec le trésor du Royaume.
Et l’expérience de Benoîte nous renvoie tous à la nôtre : dans l’Eucharistie, dans tous les sacrements, dans la fréquentation de la Parole de Dieu, dans l’ouverture à la charité envers nos frères… en tout cela, nous touchons le trésor du Royaume des cieux, et ce contact nous fait devenir trésor ; au fur et à mesure d’un rapport plus intime et plus profond avec Celui qui n’a pas n’a pas de prix, nous devenons toujours plus des perles de grand prix.
Alors, ici, au sanctuaire du Laus, laissez le Seigneur faire de vous des trésors de valeur toujours plus grande, par l’intercession de Marie et de Benoîte !
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« Demande-moi ce que tu veux et je te le donnerai », avait promis le Seigneur à Salomon. Aujourd’hui, nous sommes invités à répondre : ce que je veux, Seigneur, c’est avoir part à ton royaume dès maintenant et pour l’éternité. Cela me suffit, c’est tout mon trésor. Comme le disait Sainte Thérèse d’Avila : « celui qui a Dieu ne manque de rien ». Amen.