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Monday 26 December - Fête de Saint Etienne, premier martyr.
De la crèche à la croix
Par le Père Ludovic Frère, recteur.Quel changement d’ambiance ! Entre hier et aujourd’hui, l’évangile nous fait passer de la douceur de la crèche à la violence d’une lapidation ; de l’exclamation lumineuse : « Gloire à Dieu et paix sur la terre » à l’annonce effrayante : « Vous serez détestés de tous à cause de mon nom ». Nous sommes passés des joyeuses fêtes familiales à la révélation de divisions terribles au sein-même des familles : « le frère livrera son frère à la mort, et le père, son enfant ».
Merci à la Sainte Église, qui par ses choix liturgiques, ne nous laisse pas planer dans une fausse ambiance de fête : la joie de Noël n’est pas une simple « magie » qu’il s’agirait de réveiller chaque année.
En fêtant saint Etienne au lendemain de la Nativité, nous passons sans transition de la crèche au Gogotha ; sans délais, du bois de la mangeoire au bois de la croix. La vie et la mort, le début et la fin, sont ainsi ramassés sur 48 heures, non pour gâcher les fêtes, bien entendu, mais pour que nous sachions vraiment le chemin qui nous est ouvert par la naissance du Sauveur.
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Car nous émerveiller devant Jésus, ce petit bébé charmant, ça ne pose pas vraiment de problème… sauf dans certaines communes, qui semblent avoir peur de ce nouveau-né. En fait, ces mairies ont peut-être bien saisi qu’il y avait quelque chose de trop fort dans nos crèches ; sans le savoir, ces communes confessent, par leurs réticences, qu’il y a là bien plus qu’une simple tradition culturelle.
Non, la crèche n’est pas « laïcisable », parce que son mystère n’est pas adaptable à toutes les croyances ou non-croyances : elle est un mystère radical, une confession de foi, un engagement qui suscite des divisions, au sein-même des familles !
À quelques jours du passage à la nouvelle année, une orientation claire nous est donc donnée pour 2017 : impossible d’avoir une foi consensuelle. Non pas qu’il faille provoquer les divisions religieuses et refuser le dialogue, bien au contraire. Mais le mystère chrétien ne peut être réduit à une sorte de « plus petit dénominateur commun », acceptable par tous : faire du bien et vivre sa foi de manière privée, sans jamais rien montrer ni par une croix autour du cou, ni par une cloche qui sonne. Ne rien dire, ne pas faire de vague… Eh bien non, nous dit Jésus dans l’Évangile : on ne peut me suivre à moindre coûts !
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Ainsi, des paroles du Christ aujourd’hui sortent trois promesses, qui sont pour nous autant d’interrogations, comme on pose à 3 reprises la question de l’engagement de foi au baptême. Alors, écoutons bien ces 3 interpellations, pour savoir ce que nous voulons librement y répondre.
Première interpellation, sous forme de conseil, pour ne pas dire de « commandement » : « méfiez-vous des hommes »... ça marche aussi avec les femmes. « Méfiez-vous » : le Christ ne demande certainement pas que nous vivions nos relations dans la suspicion, mais il nous appelle à discerner, dans l’Esprit, les personnes qui méritent notre confiance.
C’est un discernement très délicat, mais nécessaire. À l’échelle personnelle, comme à l’échelle politique, nationale et internationale, il y a des personnes qui avancent masquées ; elles vous font croire qu’elles veulent le bien, elles parlent de « dignité de la personne humaine », mais elles oeuvrent contre le projet de Dieu.
On n’a pas tous les capacités à discerner quelle force obscure, franc-maçonne ou autres lobbies, cherche à éloigner du Christ et du projet de Dieu sur l’homme. Mais on peut tous faire confiance à l’Eglise et rester fidèle à son enseignement : c’est une boussole sûre face aux paroles séduisantes du monde !
Deuxième interpellation : « Quand on vous livrera, ne vous inquiétez pas de savoir ce que vous direz ni comment vous le direz ». C’est rassurant ! ça compense même l’impression première qu’il faut être vraiment fort pour être chrétien. Non, il faut juste s’en remettre à Celui qui porte tout. Ainsi, devant les accusations, nous avons un Avocat, « l’Esprit de votre Père, qui parlera en vous », dit Jésus. Il nous faut donc vivre dans l’Esprit, sans cesse : faire de l’Esprit-Saint notre respiration permanente, et ne jamais rien dire ou faire qui nous apparaisse contre l’Esprit. Laissons-nous porter par Celui qui porte tout !
La troisième interpellation est une promesse dont on se passerait sans doute bien : « Vous serez détestés de tous ». Jésus nous assure qu’en nous disant « chrétiens », nous n’allons pas être applaudis. Pas terrible, comme campagne de com’ pour attirer de nouveaux chrétiens : « Vous voulez vous faire détester ? Devenez disciples de Jésus ! Détestation garantie ! »
Non, franchement, personne de normalement constitué n’aime être détesté. Mais Jésus nous demande d’accepter que là où il est passé, nous devons passer nous aussi : il a été rejeté, pourquoi espérons-nous être applaudis ? Méfions-nous du succès, de la popularité : si vous voulez être admiré par tous et reconnu, si vous voulez faire consensus pour que tout le monde vous aime, alors c’est clair : ne soyez pas chrétiens !
Mais si votre objectif de vie est autre, si c’est le Christ qui est votre vie, alors tenez bon : « Celui qui aura persévéré jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé », dit Jésus. La persévérance ! Voilà une réalité à redécouvrir dans notre monde du clic et de l’immédiat : la persévérance pour avancer droit malgré toutes les tempêtes, parce que nous savons où nous allons. Le Christ est notre chemin !
Alors, gardons le cap, frères et sœurs, courage ! La vie chrétienne n’est pas une vie facile, mais elle est tellement belle ! On n’est pas applaudi par grand monde, mais on cherche à sonner juste avec les chants du Ciel, qu’on entend presque résonner encore quand on approche d’une crèche : « Gloire à Dieu au plus au des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ».
Il n’y a pas de facilité, mais il y a une grande paix pour ceux qui suivent le Sauveur de la crèche à la croix ; une clairvoyance, même, qui nous fait déjà entrevoir ce que saint Etienne voyait nettement quand il offrit sa vie : « Voici que je contemple les cieux ouverts, et le fils de l’homme debout à la droite de Dieu ». L’assurance de voir Dieu, pour ceux qui l’auront cherché dans l’obscurité et suivi fidèlement. Amen.<xml></xml>