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Sunday 22 March - 5ème dimanche de Carême
Crée en moi un coeur pur, Ô mon Dieu !
Par le père Michel Dorthu, chapelainQuelle richesse aujourd’hui sur la table de la Parole ! Dans ce qu’on peut appeler un des sommets de l'Ancien Testament, Jérémie prophétise que le Seigneur inscrira la Nouvelle Alliance dans le cœur humain. ‘Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes : je l’inscrirai dans leur cœur.’ Mais en quoi l’Alliance annoncée est-elle nouvelle ? En fait, ce n’est pas tant le contenu qui est renouvelé, mais la manière dont l’Alliance est communiquée à l’homme. Rappelez-vous. Au Sinaï, Dieu avait parlé du haut de la montagne, dans le tonnerre et les éclairs, et l’homme avait rencontré la volonté divine un peu comme une réalité extérieure à lui. Désormais la Loi ne sera plus gravée sur des tables de pierre mais sur le cœur humain. Désormais, par l’inscription de la Loi dans son cœur, l’homme vivra l’Alliance, non comme une contrainte mais comme un grand désir, une séduction. En écho à l’annonce de Jérémie, le psaume chante le renouvellement du cœur humain : ‘Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.’
De l’Evangile, je vous invite à emporter une Parole de Jésus : ‘Si le grain ne meurt, il reste seul ; s’il meurt, il porte beaucoup de fruit.’ Elle est comme un portique pour entrer dans la Sainte Semaine toute proche, pour mieux comprendre et surtout mieux vivre les événements de la mort et de la résurrection du Seigneur. Mort et vie, passion et résurrection. Ces couples de mots vont scander la grande Semaine. Essayons d’approfondir un peu leur sens. Jésus va vivre la passion : il est un passionné ; un passionné d’amour, de justice, de vérité ; un passionné de Dieu, un passionné des hommes. C’est parce que Jésus est un passionné, que sa passion n’a rien d’une fatalité à laquelle il succombe. La passion de Jésus est active. Jésus combat et il résiste jusqu’à la fin et même lorsqu’il se tait, son silence est encore un combat. Jésus ne se résigne pas.
Par contre, s’il y a quelque chose de passif chez lui, c’est sa Résurrection. Elle lui est donnée et il la reçoit du Père au matin de Pâques dans l’éblouissement de l’amour un peu comme l’électrochoc d’un coup de foudre remet quelqu’un debout. Mais attention, la Résurrection ne chasse pas la passion, ne la remplace pas. Nous voulons toujours séparer la Passion et la Résurrection. Or elles sont les deux faces d’un même Mystère, d’une même réalité de foi. Nous avons l’habitude de considérer la douleur et la souffrance comme des déchets, des rebuts dont il n’y a rien à dire, rien à faire puisque Dieu, pensons-nous, n’y est pas présent. C’est une des caractéristiques de la souffrance de nous faire croire que lorsque nous souffrons Dieu est absent ! On passe par la souffrance mais on espère bien en sortir le plus vite possible pour oublier – comme la lumière du jour fait oublier l’angoisse de la nuit.
En Jésus, il n’en est pas ainsi. Et après lui, pour plus personne, il n’en sera jamais ainsi. Sa Passion n’est pas un rebut inutilisable puisqu’elle est vécue dans l’amour. Pourquoi vouloir que la Résurrection chasse la Passion ? La résurrection, c’est précisément ce que Dieu pense de la Passion de Jésus ! C’est ce que Dieu pense de nos souffrances. La Résurrection, c’est l’empreinte, le sceau de Dieu sur l’agir de Jésus ici-bas. Dans la Résurrection de Jésus, Dieu authentifie tout ce que Jésus a dit et fait durant sa vie terrestre. C’est dans ce sens que la Passion de Jésus n’est pas un rebut inutilisable puisqu’elle est rendue vraie par le Père dans la Résurrection.
La Passion et la Résurrection nous appellent à vivre, non comme des résignés qui croient leur vie inexorablement vouée à l’échec mais comme des hommes et des femmes qui sans se lasser vont de recommencement en recommencement.