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Sunday 18 December - Homélie du 4e dimanche de l'avent, année B
"Comme un premier Noël"
Par le Père Ludovic Frère, recteur du sanctuaire
Nous ne sommes plus qu’à une semaine de Noël, et pourtant la liturgie semble vouloir nous faire reculer de neuf mois, pour revenir à la conception de Jésus, sous l’action de l’Esprit-Saint, annoncée par l’ange Gabriel.
Un tel retour en arrière nous invite déjà à bien prendre conscience que Jésus n’a pas pris chair le jour de sa naissance, mais bien le jour de sa conception, comme chacun d’entre nous. L’ange annonce à Marie : « tu vas concevoir et enfanter un fils » : pas seulement l’enfanter, mais d’abord le concevoir.
Le Fils éternel de Dieu, en prenant chair, a commencé par être embryon et fœtus ; il a grandi dans le sein de Marie et vécu ces neuf mois d’une relation privilégiée avec sa mère, et de manière différente, avec son père adoptif : neuf premiers mois qui ont consolidé le lien particulier du Christ à la Vierge Marie ; neuf premiers mois où le salut du monde, la recréation, était déjà en train de s’opérer, dans l’acte merveilleux et humble de la croissance d’un petit corps humain. Le récit de l’annonciation est donc d’abord pour nous comme un premier Noël, car c’est bien dès ce moment-là que le Verbe a pris chair.
La contemplation de cet événement nous appelle donc à accueillir la vie dès sa conception. Un être humain ne commence pas à exister le jour de sa naissance, ni seulement après 12 semaines comme le prétend, de manière arbitraire, notre loi française. Les quelque mille avortements réalisés en France (chaque jour !) et environ 220 000 à travers le monde (chaque jour !) ne peuvent que nous interroger sur le respect de la vie et la folie de nous en croire propriétaires.
Que l’Annonciation renouvelle notre désir d’annoncer la beauté de la vie, le mystère de la vie dès sa conception. Et puisque nous allons entrer dans une année électorale, sans doute serait-il bon de ne pas l’oublier, quand nous accorderons notre confiance à un dirigeant politique.
* * *
De manière évidente, le récit de l’Annonciation veut nous préparer à célébrer Noël. Les paroles de l’ange sont une révélation grandiose sur l’identité de Jésus : « Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut » ; « le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père » ; « il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n'aura pas de fin. ». Conçu dans la puissance de l’Esprit Saint, « celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu ».
Tous ces titres devraient orner nos crèches, pour que nous ne manquions pas d’entrer dans la profondeur de ce mystère : d’ici une semaine, nous allons voir un nouveau-né, allaité par Marie, bercé par Joseph. Nous allons, pour ainsi dire, le prendre dans nos bras, le laisser, de ses petits doigts, nous serrer l’un des nôtres. Et ce tout-petit, nous allons le reconnaître comme : grand, Fils du Très-Haut, Roi qui règnera pour tout jour, Saint, Fils de Dieu. Voilà sa carte d’identité, à ce tout-petit.
Quand Isabelle communiera, dans quelques minutes, pour la première fois de sa vie, elle va, comme nous tous, accueillir de nouveau ce grand mystère : dans cette petite hostie, c’est bien le Dieu Saint, le Sauveur du monde, le Christ puissant et vainqueur de la mort, le Souverain de toute la création, qui se donnera en nourriture pour venir reposer en nous et nous faire vivre.
« Comment cela peut-il se faire ? » C’est la question de Marie devant ce qui paraît impossible aux yeux des hommes. Comment cela peut-il se faire que le Dieu Très-Haut se fasse si bas ? Comment cela peut-il se faire que Celui qui est infini puisse venir s’abréger dans le corps d’un nouveau-né ou la petitesse d’une hostie ? Comment cela peut-il se faire ?
« Rien n’est impossible à Dieu », répond l’ange à Marie. Et parmi tous les possibles que Dieu pouvait, dans sa liberté infinie, décider de mettre en œuvre, c’est celui-là qu’il a choisi : se faire petit, se faire l’un de nous, pour venir, du plus profond et du plus intime, nous sauver et nous élever jusqu’à Lui.
« Rien n’est impossible à Dieu ». Quand vous sentez que le doute vous gagne, au moment d’approcher pour communier - comme cela peut-il se faire que je reçoive le Dieu vivant ? – accueillez ces paroles de l’ange : « rien n’est impossible à Dieu ». Il choisit donc le meilleur des possibles, celui qui nous respecte au plus profond et qui nous sauve intégralement et éternellement.
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Pour mettre en œuvre ce meilleur des possibles, Dieu choisit de passer par Marie. Si c’est son choix, que ce soit aussi le nôtre. Le Dieu-pour-qui-rien-n’est-impossible a choisi la Vierge Marie ; il a voulu passer par Marie pour venir jusqu’à nous. N’espérons donc pas aller jusqu’à lui, sans passer, nous aussi, par Marie.
La dévotion mariale n’est donc pas une option pour ceux qui auraient davantage cette sensibilité-là. Puisque Dieu est passé par Marie pour nous rejoindre, nous devons passer par Marie pour rejoindre Dieu. Autant notre vie de foi peut être équilibrée et achevée sans accueillir les phénomènes d’apparitions comme ceux du Laus, autant notre vie spirituelle reste incomplète tant que nous ne passons pas par Marie.
La prière mariale n’est pas matière à option ; ses modalités le sont, certains étant davantage sensibles au chapelet, d’autres aux chants mariaux ou à la méditation des pages d’Evangile qui nous parlent de Marie… peu importent les modalités, mais nous avons besoin de Marie pour accueillir, dans toute sa profondeur, son fils qui se donne à nous.
Si vous avez trop de distractions pendant la messe : priez donc Marie pour qu’elle vous recentre sur son fils. Si vous vivez une période de trouble, comme une nuit de la foi, avec l’impression que Dieu est loin de vous : priez donc Marie, pour qu’elle enfante le Christ en votre cœur. Si vous êtes accablés par trop de soucis ou par des drames, priez donc Marie, pour qu’elle intervienne, comme à Cana, et qu’elle exprime vos besoins à son fils, qui ne saurait manquer d’écouter sa Mère bien-aimée. Si vous vivez dans la joie : priez donc Marie, pour qu’elle vous associe à son Magnificat, et que vos joies trouvent une solidité plus grande encore.
Ne pensons pas pouvoir nous passer de Marie, quand Dieu a voulu passer par Marie !
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Enfin, le récit de l’annonciation nous appelle à rester attentifs, particulièrement au cours de cette dernière semaine de l’Avent, à toutes les annonciations qui nous sont offertes en permanence.
Sans doute ne vivrons-nous jamais, sur terre, la même expérience que Marie, rencontrant l’ange Gabriel ; sans doute ne serons-nous jamais témoins, comme Benoîte, de visions célestes. Mais il est certain que le Seigneur nous gratifie tous d’annonciations :
- Des signes, mais plus encore des personnes, par lesquels il nous fait comprendre ce qu’il attend de nous dans son projet sur le monde.
- Des mots reçus dans sa Parole et des élans de l’Esprit perçus dans la prière et les sacrements, qui peuvent nous convaincre que le Seigneur veille sur nous.
Au cours de cette dernière semaine de l’Avent, sans doute risquons-nous un peu de nous laisser gagner par l’effervescence des préparatifs de la fête. Mais ne manquons pas de prendre du temps, et même davantage que d’habitude, pour être à l’écoute des annonciations que le Seigneur va nous offrir.
En notre sanctuaire, c’est toute une semaine de préparation à Noël, avec des enseignements, des pèlerinages et des prières, qui va nous permettre de nous ouvrir davantage au Seigneur qui nous rejoint. Prenez du temps cette semaine, non seulement dans les rayons des magasins de jouets – si ce n’est pas déjà fait ! – non seulement dans la cuisine pour préparer des mets succulents, mais aussi dans une chapelle ou dans le secret de votre cœur, pour préparer le plus essentiel de Noël : l’accueil du Sauveur.
Cette dernière semaine de l’Avent va certainement déterminer la manière dont nous vivrons les fêtes :
- dans la superficialité ou dans la profondeur ;
- dans la seule attente des satisfactions sensibles ou dans l’ouverture au mystère du Seigneur qui nous rejoint ;
- en faisant de notre ventre un dieu, comme le dit saint Paul, ou en faisant des fêtes un moyen privilégié d’action de grâce au Seigneur et d’expression d’amour envers les autres ;
Cette dernière semaine permettra au Christ, quand il viendra - dans la crèche, dans les autres, ou dans la gloire - de ne pas trouver en nous une porte close. Ne soyons pas comme ces habitants de Bethléem chez lesquels il n’y avait plus de place pour accueillir le Christ. Qu’il reste en nous de la place, au cours des fêtes, pour que le Sauveur du monde soit accueilli et qu’il puisse faire en nous sa demeure.
Maranatha, viens Seigneur Jésus !
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