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vendredi 10 août - Messe d'ouverture de la session estivale des familles
C'est le moment de semer
Par le Père Ludovic Frère, recteur du sanctuaire
« à semer trop peu, on récolte trop peu ».
« Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ».
Les deux lectures de ce jour commencent sur un « trop peu »,
un refus de générosité,
un refus de donner.
Le péché « par omission », nous le confessons
à chaque fois que nous disons le confiteor du début de la messe ;
d’expérience, je constate pourtant en confession
qu’il est bien moins fréquemment reconnu.
Or, bien souvent, nous aurions pu semer largement,
mais nous avons jalousement gardé dans notre poche ;
Nous avons écouté seulement
nos peurs de perdre et de manquer.
Nous avons pensé « petit »,
juste pour nous ou pour nos proches ;
nous avons refusé d’élargir notre regard
sur tous les besoins du monde.
Et pourtant, les expériences de don que nous osons parfois
sont de véritables leçons de vie :
et nous avons certainement déjà tous pu constater que
ce que nous ne lâchons pas reste stérile,
tandis que ce que nous acceptons de donner porte un fruit
souvent plus grand que ce que nous aurions pu croire.
Quand il s’agit de donner,
nous regardons peut-être trop la première étape,
celle qui consiste à semer, donc à perdre quelque chose,
et nous oublions la deuxième,
qui est la promesse d’une récolte abondante.
Si le cultivateur ne s’intéressait qu’à la première étape,
il refuserait de semer, de se séparer de son grain.
Mais s’il veut du grain nouveau et abondant,
il lui faut lâcher ce qu’il a dans ses réserves,
il lui faut tout abandonner à la terre qui fera son œuvre.
Il lui faut aussi patienter, comme le dit saint Jacques :
« regardez le cultivateur, il attend patiemment
que lève la semence ».
Nous, nous voudrions souvent récolter juste après
– et parfois même avant – d’avoir semé.
La nature nous enseigne que ce n’est pas possible !
Accepter de semer, c’est accepter de perdre
et de faire confiance à Dieu qui va pouvoir
utiliser ce que nous lâchons pour le faire multiplier.
* * *
Vous, les familles qui participez à la session sur le temps,
il y a peut-être quelque chose de crucial à percevoir ici :
nous ne pourrons jamais nous apaiser
dans notre rapport au temps,
si nous n’acceptons pas de le perdre.
Il s’agit de lâcher, de ne pas vouloir tout garder pour soi,
de pas chercher à tout maîtriser ;
Mais de faire confiance à celui qui a le pouvoir de multiplier,
de faire germer ce que nous aurons semé.
Le Seigneur peut ainsi faire porter un fruit magnifique,
à partir de quelques minutes que nous aurons perdues
auprès d’une personne qui nous agace
ou auprès de Lui dans la prière
Ou encore, le Seigneur pourra faire germer un épi généreux
à partir des heures patientes que nous aurons accepté de passer
auprès d’un parent malade
ou en allant visiter une vieille tante insupportable.
La clé d’un rapport équilibré au temps,
c’est certainement d’accepter de le perdre ;
il y a là un mystère de fécondité,
qui nous permet alors d’avoir…vraiment le temps.
* * *
« A semer trop peu, on récolte trop peu » :
A vous tous, pèlerins,
votre séjour au sanctuaire du Laus est un moment favorable
pour semer largement.
Semez de l’attention aux autres,
semez de la prière,
semez du soin envers vous-mêmes,
semez de la joie autour de vous !
Et vous récolterez beaucoup. Amen.