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Sunday 30 September - 26ème dimanche du temps ordinaire
Anniversaire de la 1ère apparition à Bon Rencontre
Par le Père Ludovic Frère recteur du sanctuaireMesse du dimanche 30 septembre 2018 – Anniversaire de la 1e apparition à Bon Rencontre
Bon Rencontre
Les lectures bibliques de ce dimanche sont splendides. Mais j’espère que vous ne m’en voudrez pas de m’abstenir de les commenter. J’ose croire que c’est pour une bonne raison : parce que nous sommes dans l’Année Benoîte et parce qu’il est rare que tombe un dimanche l’anniversaire de la 1e apparition de Marie dans la chapelle de Bon Rencontre. Deux raisons qui m’ont conduit à penser opportun de vous rapporter aujourd’hui le récit des événements qui eurent lieu ici-même.
Je vous invite à vous laisser toucher par ces paroles simples et authentiques, qui rejoignent le cœur, élèvent l’âme et appellent encore à une profonde conversion.
* * *
Commençons avec la découverte de la chapelle par Benoîte. Nous sommes donc le 30 septembre 1664, quand la bergère découvre, par de bonnes odeurs annoncées la veille à Pindreau, cette petite chapelle. Elle avait été construite en 1640 et dédiée au mystère de l’Annonciation, d’où son nom de « Bon Rencontre », en mémoire de la belle rencontre entre la jeune Marie et l’archange Gabriel.
Voici comment les Manuscrits du Laus rapportent cette première apparition ici : Benoîte monte au Laus, « cherche et sent à toutes les portes des maisons pour trouver la chapelle où elle sentira une bonne odeur. Après avoir parcouru toutes les maisons (…), elle l’aperçoit, commence à sentir bon et la voit à demi ouverte. La Vierge Marie se tient sur l’Autel La Vierge Marie se tient sur l’Autel qui est dénudé. Elle lui dit qu’elle l’avait bien cherchée, mais qu’il fallait le faire sans pleurer ; qu’elle lui avait pourtant fait plaisir de ne pas s’impatienter »[1].
« Benoîte, prosternée à genoux (…) voyant cet autel tout nu, lui dit : "ma très honorée Dame, voulez-vous que je fende mon tablier pour le mettre sous vos pieds ? Il est tout blanc". Marie lui dit que non, qu’elle le garde. Que sous peu, on ne manquera de rien ici : ni nappe, ni ornements. Qu’elle veut y faire bâtir une église, de la longueur qu’elle doit être et comme elle la veut ; que c’est là qu’elle la verra très souvent »[2].
« Depuis lors, Benoîte a vu (la Belle Dame) plusieurs fois, du côté droit de l’autel de ladite chapelle »[3]. « Elle (y) vient tous les jours, laisse à la garde de Dieu son troupeau, qui ne fait de mal à personne et qui est toujours plus gras. (Benoîte y) est charmée et comblée de toutes sortes de consolations »[4]. « Elle demeure d’ordinaire deux ou trois heures à la petite chapelle ; elle y demeurerait encore plus longtemps, si la Sainte Vierge ne lui disait le plus souvent de se retirer »[5].
« Benoîte continue (à avoir) toujours plus ses soins pour la chapelle. Elle la tient propre (et) la regarde comme un paradis terrestre : ses délices et sa consolation »[6]. Puis vient cet événement : « La bonne Mère dit à Benoîte (…) que l’huile de la lampe de la chapelle, si l’on en prend et qu’on s’en applique, et si l’on recourt à son intercession et qu’on ait la foi, on guérira[7] ». Une promesse magnifique, qui ne cesse de se vérifier depuis-lors.
Et puisque nous sommes au cœur d’une session angélique en notre sanctuaire, n’oublions pas les visites des anges que Benoîte reçut également en ce lieu. Ils vont éclairer la servante du Laus sur son agir ou sa mission. Ils vont la fortifier dans les épreuves et bénir devant elle le Père éternel d’avoir choisi ce lieu pour la conversion des pécheurs.
Frères et sœurs, rendez-vous compte de l’endroit exceptionnel devant lequel nous nous trouvons ici ! Une chapelle unique au monde, dont la seule vue devrait faire baisser les armes et renverser les cœurs. Ah, si tous les habitants de notre région et d’ailleurs savaient ce qui s’est passé ici et les grâces qu’on y reçoit désormais, cette chapelle serait visitée de manière ininterrompue du matin au soir. Alors vous qui le savez, ne manquez pas, au cours de cette journée anniversaire, de vous y arrêter un court instant ou plus longuement, pour vous laisser saisir par les grâces qu’on y reçoit.
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Oui, « saisir » ; à l’image des premiers visiteurs et pèlerins de cette chapelle, comme l’Archevêque d’Embrun, mgr de Genlis. Les Manuscrits du Laus rapportent que l’archevêque « monte à la petite chapelle, fait sa prière durant trois quart d’heure : en se levant, il dit à ces Messieurs qu’il n’était jamais entré dans une chapelle si sainte et qui inspire mieux la dévotion »[8].
Les Manuscrits poursuivent : l’archevêque d’Embrun « n’est pas le seul qui trouve des choses singulières à cette chapelle. Peu de gens y vont qui n’y ressentent une certaine onction, un je-ne-sais-quoi qui les charme et les porte à un certain esprit de dévotion, et qui attire les plus libertins et les plus obstinés. Peu y vont qui ne désirent y retourner »[9].
Un prêtre dit « qu’il ne voudrait pas, pour tout l’or du monde, ne pas y être allé, tant il était charmé par cette dévotion, que son cœur s’était attendri dans la sainte chapelle, et qu’il avait eu du mal à s’empêcher de pleurer en disant l’introït de la messe »[10]. Et l’Abbé Gaillard, premier directeur du Laus, de résumer ainsi l’expérience vécue en ce lieu : « Quand on entre dans cette chapelle, on est tout consolé et touché de l’horreur de ses péchés, dont on se confesse »[11].
Frères et sœurs pèlerins, venez donc souvent trouver refuge dans cette chapelle ! Laissez-vous consoler. Acceptez la lumière de l’horreur de vos complicités avec le Mal comme une grâce sublime et nécessaire qu’on reçoit en ce lieu. Arrêtez-vous juste à l’entrée de la chapelle, sur la tombe de Benoîte, et laissez la bergère vous faire part de l’expérience qui fut ici la sienne : laissez la Mère de Dieu venir jusqu’à vous !
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Pour terminer, voici comment la chapelle de Bon Rencontre fut rapidement entourée et protégée par l’église qui nous rassemble aujourd’hui. Les Manuscrits racontent que « la Mère de Dieu (dit à Benoîte) qu’on verrait bientôt ici une grande église et un bâtiment pour les prêtres, dont quelques-uns seraient résidants. Et qu’elle avait destiné ce lieu pour la conversion des âmes »[12]. « Benoîte lui répond qu’il n’y a pas d’argent pour la bâtir. Il faudra demeurer dans cette petite chapelle comme elle est. Marie lui dit de ne pas s’étonner : quand il faudra bâtir, on trouvera tout ce dont on aura besoin, et au plus tôt, avec l’argent des pauvres. Il n’y manquera rien »[13].
Il n’y manquera rien ! Frères et sœurs, accueillez cette belle promesse de la Vierge Marie comme ne concernant certainement pas les seuls objets liturgiques ! Ici, on ne manque de rien parce qu’on est saisi par la présence du Ciel. Ici, les cœurs les plus endurcis fondent devant la douceur de Marie et la proximité des anges. Ici, on goûte déjà quelque chose des délices de l’éternité.
Je termine alors sur une parole du confesseur de Benoîte, l’Abbé Peytieu, qui disait de Bon Rencontre : « On peut dire que cette magnifique chapelle est un rocher qui s’est élevé, malgré tout, au milieu des orages ; d’où je tire un pronostique assuré que la dévotion doit toujours fleurir[14].» Alors, bon anniversaire, chapelle béni, refuge des pécheurs, rocher où s’appuyer dans la tempête, chalet de montagne chéri par la Reine des anges ! Bon anniversaire à cette chapelle ! Et « bonnes rencontres » à nous tous, en ce saint lieu ! Amen.