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Monday 2 October - Homélie sur les anges gardiens
Amis fidèles, amis discrets
Par le père Ludovic FrèreOn a beau parcourir les 1775 pages des Manucrits du Laus, pas une seule fois on ne trouve l’expression « anges gardiens ». Mais Benoîte parle fréquemment d’un ange ; elle l’appelle « bel ange », et les auteurs des Manuscrits lui attribuent parfois un pronom possessif : « son ange ». Bref, c’est bien clair pour Benoîte : elle entretient une relation privilégiée avec cet ange de proximité, compagnon de vie, confident et conseiller à la fois.
On peut donc dire que la servante du Laus a vécu une expérience spirituelle particulière avec son ange gardien. Elle peut alors nous aider à développer une pareille expérience de proximité angélique.
En fait, on trouve peu de passages des Manuscrits où l’ange de Benoîte est « gardien » au sens où on l’entend communément : un ange gardien apportant une protection physique, pour éviter de se blesser ou de se tuer.
Un passage des manuscrits va bien dans ce sens : portée par le démon sur la montagne environnante, Benoîte ne peut pas redescendre à cause de l’obscurité et des précipices dangereux. « Dans son trouble, disent les manuscrits, (son ange) lui dit de le suivre, de passer derrière lui et il l’accompagne jusqu’à sa chambre ». Ainsi Benoîte ne s’est pas blessée en chemin. Mais cet ami l’a autant accompagnée dans son trouble intérieur que dans son risque de tomber sur la route.
Dans tous les troubles de l’existence, notre ange gardien nous prémunit de tomber dans le désespoir, dans les jugements négatifs sur soi ou sur les autres, ou dans l’impression que la vie n’a plus de sens. Il nous prémunit de tomber dans la colère et l’impatience. Sa présence nous évite encore de tomber dans le feu des mauvais désirs aussi, des rancunes et de la malhonnêteté. Il nous évite de tomber dans les pièges du Malin.
Les anges gardiens ne remplacent donc pas notre vigilance à regarder où nous mettons les pieds. Leur présence est bien plus fondamentale que cela ; et Dieu sait combien nous tomberions souvent davantage dans la complicité avec le Mal, si nos anges ne nous protégeaient avec amour, et souvent dans une grande discrétion.
Oui, c’est un mot clé de la présence des anges gardiens à nos côtés : la discrétion. Nous n’en avons sans doute pas bien conscience sur cette Terre ; mais au Ciel, c’est certain : nous remercierons notre ange gardien pour tous les pièges dans lesquels il nous a permis de ne pas tomber.
On peut donc dire que nos anges gardiens ont répondu et répondent chaque jour avec joie à la vocation d’être des petits : ils sont là, toujours présents, même si la Vierge Marie indique un jour à Benoîte que, lorsqu’on a de mauvaises paroles, nos anges s’éloignent, comme s’ils ne voulaient pas les entendre. Mais ils restent de fidèles amis, et ils ne ménagent pas leur peine pour nous aider discrètement.
Ils sont de ces petits sur lesquels le Seigneur pose un regard particulièrement amoureux. Et ils sont d’autant plus présents, auprès de ceux qui acceptent d’être des petits ; parce qu’alors, il y a comme une symbiose de cœur entre notre ange et nous.
Cette symbiose, cette complicité, ne peut rester tournée vers nous-mêmes. Elle conduit nécessairement à nous préoccuper des autres. Car en remerciant aujourd’hui nos anges gardiens par cette liturgie, nous saisissons un appel à nous comporter comme eux à l’égard des autres.
Bien sûr, nous ne sommes pas appelés à devenir des anges, mais des saints. Cependant, ce chemin de sainteté est nécessairement un chemin par lequel on accepte la vocation de gardiens de nos frères et de nos sœurs : on se fait petit auprès d’eux pour éviter que la vie les blesse ; discrètement au service les uns des autres pour nous prémunir de tomber.
Les anges gardiens nous montrent alors le chemin du bien, de la vérité, de la vie ; et ils guident nos pas vers l’éternité promise.
Ainsi, la prière sur le pain et le vin de cette messe nous fait dire : « Seigneur, accepte les offrandes que nous t’apportons en l’honneur des saints anges ; permets qu’ils veillent sans cesse à nos côtés, afin que nous échappions aux dangers du présent et que nous parvenions à la vie éternelle ».
Laissons donc les anges agir ainsi envers nous, et faisons de même les uns pour les autres, « afin que nous échappions aux dangers du présent et que nous parvenions à la vie éternelle ».Amen