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Saturday 23 May -
6ème semaine du Temps Pascal
Par le père Thierry Sauzay, chapelain
Nous sommes dans ce temps bien particulier entre Ascension et Pentecôte. D’un côté, nous nous souvenons des adieux de Jésus à ses disciples, des dernières paroles de Jésus à ceux qui sont véritablement devenus, non pas des serviteurs, mais ses amis. Nous nous souvenons de son départ vers le Père. De l’autre côté, nous attendons d’être renouvelés par l’Esprit Saint, qu’Il nous fasse sans cesse découvrir que nous sommes des enfants bien-aimés du Père. Ce départ de Jésus, il est nécessaire pour que les disciples prennent vraiment leur place de chrétiens, leur place de fils et fille, frères et sœurs de Jésus. Un départ nécessaire pour que les disciples, à leur tour, annoncent l’amour inconditionnel du Père, et soient des relais de l’Evangile.
A ce propos d’ailleurs, la première lecture de ce jour nous parle d’un certain Apollos d’Alexandrie, qui parle avec éloquence, avec assurance et vigueur, nous dit saint Luc. Un homme qui parle haut et fort, en quelque sorte, qui en tout cas sait réfuter publiquement ses adversaires. Il semble qu’il ne soit pas tout à fait au clair sur la doctrine du baptême, puisqu’il ne parle que de celui de Jean Baptiste. Mais tout de même, il aide des nouveaux convertis à reconnaître que Jésus est bien le Messie attendu.
On ne sait pas beaucoup de choses de cet Apollos, si ce n’est que plus tard, il ira annoncer l’Evangile dans la ville de Corinthe. Or son passage dans la communauté de Corinthe laissera visiblement des traces. Des clans, des lobbys se sont formés. La communauté y est devenue très divisée. On débat de beaucoup de choses, on se querelle, non pas pour chercher humblement ensemble la vérité sous le regard du Père, mais pour se persuader d’être dans le bon groupe, le bon clan, le bon club, le club des gens qui pensent comme il faut. Les partisans d’Apollos, les partisans de Paul… Paul se verra même contraint de rappeler sa propre attitude. Paul, que l’on appellera pourtant l’Apôtre de nations par excellence, n’est pas venu avec le « prestige du langage », mais « craintif et tout tremblant » (1 Co 2,1-3). Son langage et sa proclamation n’avaient « rien d’un langage de sagesse qui veut convaincre » (1 Co 2,4). Ce qui est faible, ce qui est méprisé dans le monde, ce qui n’est rien, voilà ce que Dieu a choisi, nous dit encore Paul dans cette lettre, qu’il nous est bon de relire de temps à autre. Au fond les belles façades courent un très grand risque, celles de trahir le mystère de la Croix. La fragilité et la fraternité, il n’y a visiblement pas d’autre chemin possible pour annoncer le Crucifié. Ce n’est que là, que la lumière du Ressuscité peut jaillir dans les cœurs.
Alors en ce temps de déconfinement pour nous, en France, nous n’oublions pas que l’épidémie s’amplifie dans d’autres pays. Prions aujourd’hui l’Esprit Saint pour qu’il nous donne d’être davantage d’authentiques témoins de l’Evangile.