Rechercher dans les homélies
Homélie en détails
Pour être tenu informé des publications d'homélies
Friday 15 May - Comme je vous ai aimés !
5ème semaine du Temps Pascal
Par le père Ludovic Frère, recteurVendredi 15 mai 2020 - 5e Semaine du Temps Pascal
Homélie du père Ludovic Frère, recteur du sanctuaire
Comme je vous ai aimés !
Nous poursuivons notre lecture de l’évangile selon saint Jean, avec toujours ce grand discours de Jésus qui se déploie sur plusieurs chapitres ; des paroles qui sont d’une telle richesse, que chacune mériterait qu’on s’y arrête longuement. Rien que dans l’évangile d’aujourd’hui, nous avons trois grandes révélations, tellement fortes, tellement denses qu’il faudrait du temps pour saisir les conséquences de chacune. « Aimez-vous les uns autres comme je vous ai aimés » ; « je vous appelle mes amis » ; « c’est moi qui vous ai choisis ».
Ces paroles peuvent bien sûr être accueillies dans toute la force de leur concision. Mais pour qu’elles trouvent vraiment un écho en nous aujourd’hui, je vous propose de les remettre dans leur contexte. C’est important, ce contexte, car le Christ, le Verbe fait chair, ne se contente pas d’aligner des paroles à entendre : ces paroles viennent habiter la vie, la vie réelle.
* * *
Or, la vie réelle des disciples à ce moment-là, ce sont les 3 années de proximité qu’ils viennent de vivre avec Jésus, comme nous avec nos 2 mois de proximité au Christ dans notre confinement.
Pendant ces 3 années, les disciples ont été touchés par les paroles et par les actes de Jésus. Mais ils ont aussi marché avec lui, pris presque tous leurs repas ensemble, passé des soirées à discuter, préparé la cuisine et fait la vaisselle avec le Seigneur. Autrement dit, ce ne sont pas simplement des paroles, c’est un homme qui les a touchés, un homme avec toute sa manière d’être : doux, humble, souriant, toujours prêt à mettre en valeur ce qui est bon, attentif à relever celui qui est tombé, et ne se lassant pas de rendre service. Pendant 3 ans, les disciples ont vécu tout cela.
Aujourd’hui, ce même Jésus leur dit : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». « Comme je vous ai aimés », c’est donc évident pour eux l’appel à s’aimer les uns les autres comme ils se sont sentis aimés par le Christ dans le concret de leur quotidien avec Lui.
Saint Jean s’est appelé lui-même « le disciple que Jésus aimait », parce qu’il s’est senti aimé par Jésus de manière unique. Mais chacun des autres apôtres aurait pu dire la même chose. Simon-Pierre était formidablement aimé par Jésus ; Jacques, Jude, et même Judas, tous tellement aimés que chacun devait se sentir unique et précieux aux yeux du Christ.
Maintenant, ils comprennent que l’amour avec lequel ils ont été aimé, c’est le même amour qu’ils doivent offrir aux autres. Comme pour nous, qui saisissons dans l’Eucharistie combien nous sommes aimés… ça ne peut pas s’arrêter à nous. Nous ne pouvons pas bloquer l’amour de Jésus en nous ; il doit jaillir de nous : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».
* * *
La deuxième parole de Jésus arrive donc à la suite : « je vous appelle mes amis ». Pas « mes serviteurs », « mes sujets », « mes créatures »… tout ce que le Fils de Dieu aurait légitiment pu entretenir comme relation avec les disciples, du fait qu’il est vraiment Dieu parmi nous. Mais non, c’est le terme « d’amis » qu’il privilégie.
Parce qu’il a vécu avec eux une véritable amitié concrète au cours des 3 années, et qu’il compte bien la poursuivre même après Pâques, même après la mort, Jésus semble sceller cette amitié : « je vous appelle mes amis ». Plus de doute possible pour eux.
Et chez nous, y a-t-il encore un doute ? La parole « je vous appelle mes amis » interroge notre amitié avec le Seigneur. Est-ce que vous entendez vraiment que Dieu vous veut pour amis ? Est-ce que vous le laissez être votre ami, un ami qui habite votre solitude et partage vos inquiétudes ? Un ami qui nous présente à ses autres amis pour qu’ils deviennent eux aussi nos amis. La promesse du Christ, c’est d’être notre ami. Une promesse qui sonne comme une proposition : voulez-vous d’un si grand ami ? Et acceptez-vous l’amitié avec tous vos frères et sœurs chrétiens ?
* * *
La troisième parole vient alors signer tout ce que Jésus a dit auparavant : « C’est moi qui vous ai choisis ». L’amitié avec le Christ n’a été achetée par aucun disciple. Elle n’est pas méritée, elle n’est pas le fruit des bons comportements de Simon, de Jean ou de Jacques.
D’ailleurs les évangiles ne manquent pas de souligner les failles des disciples, pour bien montrer que leurs 3 ans de compagnonage avec le Christ n’étaient pas une période d’essai pour voir s’ils méritaient d’être embauchés à plus long terme.
Non, « choisis par Dieu » ! Nous sommes des « choisis », et personne d’entre nous ne peut penser qu’il n’a pas été choisi. Personne n’est oublié, laissé sur le bord du chemin, abandonné à ses difficultés personnelles.
Tous choisis par Dieu, qui nous fait confiance et qui a un projet pour nous : transmettre son amour et son amitié à toute sa création. C’est ce que nous avons à accomplir aujourd’hui encore, à accomplir par Lui, avec Lui et en Lui : transmettre son amour et son amitié à toute sa création. Alléluia !
<xml> Normal 0 21 false false false EN-US X-NONE X-NONE </xml>