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Friday 8 May -
4ème smeaine du Temps Pascal
Par le père Ludovic Frère, recteurVendredi 8 mai 2020 - 4e Semaine du Temps Pascal
Nous sommes alors particulièrement invité aujourd’hui à prier pour la paix, par l’intercession de la Vierge Marie. D’autant que nous sommes ici dans un sanctuaire qui porte un message particulier à cet égard. Je vous cite un passage de l’histoire du Laus, au cœur des guerres de religion : « La Mère de Dieu dit à Benoîte qu’il y aurait tant de sang répandu, parce qu’on ne fait pas de prières publiques. Elle lui commande de prier sans tarder pour la paix ».
Homélie
Je me permets de relever une particularité intéressante de ces jours-ci : nous entendons aujourd’hui le début du chapitre 14 de saint Jean. Demain, ce sera la suite. Tandis que la liturgie de dimanche nous donnera d’entendre à nouveau ces deux passages évangéliques d’aujourd’hui et de demain, réunis en une seule proclamation dominicale.
Le risque pour nous, ce serait de regretter cette répétition et de plus vraiment écouter dimanche ce que nous aurons déjà entendu les deux jours précédents. Il me semble au contraire que la Providence nous offre l’opportunité d’un approfondissement. Souvent, on glisse un peu sur les lectures de la messe du dimanche, parce qu’on les découvre sur le moment et qu’il est difficile d’être pleinement concentré sur chacun des mots. Or, voilà que, cette semaine, nous avons une opportunité particulière pour nous préparer à l’évangile dominical, puisque nous l’entendons déjà aujourd’hui et demain.
Alors, voyons comment nous pouvons creuser des pistes, qui pourront s’approfondir au fur et à mesure de ce « triduum » d’aujourd’hui à dimanche.
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Je retiens pour l’instant un seul mot : « bouleversé. » Jésus demande à ses disciples : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé ». Or, nous sommes ici au chapitre 14 de saint Jean, c’est-à-dire au soir du Jeudi saint. On comprend que les disciples puissent avoir le cœur bouleversé ! Juda vient de quitter la salle, après que Jésus lui a dit : « ce que tu as à faire, fais-le vite ». Quant à Pierre, qui vient de confesser sa fidélité inébranlable, Jésus l’a prévenu : « avant que le coq chante, tu m’auras renié trois fois ».
Imaginez alors l’ambiance de la soirée !... Et, juste après ces deux annonces de trahison et de reniement qui se profilent, Jésus dit à ses disciples : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé ». Je vois bien Simon-Pierre rétorquer alors : « c’est trop tard ! ». Oui, nécessairement, tout ce qui vient d’arriver et tout ce qui s’annonce est bien bouleversant pour les disciples !
Mais le Christ les appelle justement à ne pas en rester-là ; à sortir de leur bouleversement plutôt qu’à l’entretenir pour des motifs apparemment fort légitimes. Comme une invitation à ne pas se laisser aller.
C’est important pour nous à entendre : avec le confinement, il peut y avoir du laisser-aller. Il paraît qu’il y a actuellement un grand laisser-aller hygiénique : les gens se lavent moins souvent qu’avant le confinement. Mais le principal laisser-aller, c’est celui de notre imagination, celui de notre esprit laissé à ses idées noires ou à sa lassitude. Un laisser-aller de nostalgie ou de défaitisme, qu’on peut facilement légitimer par le contexte qui est le nôtre.
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Pourtant, c’est dans ce contexte que nous sommes appelés à entendre cette parole : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé ». Il y a donc une décision à prendre : la décision de ne pas se laisser aller au bouleversement.
Ça veut dire aussi : prendre les moyens de ne pas se laisser bouleverser. Les dictionnaires disent que le bouleversement signifie étymologiquement : « le fait de tourner comme une boule ». Avec le Christ, nous avons donc de quoi nous garder de tourner comme une boule : de tourner en rond, de tourner frénétiquement, de tourner dans tous les sens… et de nous « dé-tourner » de l’espérance !
Face à tout ce qui chamboule et fait vaciller dans tous les sens, Jésus dit aujourd’hui qu’il ne nous laissera jamais tomber. Au soir du Jeudi Saint, il prépare ses disciples à ne plus être présent sous leurs yeux ; mais c’est pour les appeler à s’ouvrir à une forme de présence, plus totale encore, plus comblante.
Voilà le point fixe, qui permet de ne pas tourner dans tous les sens : c’est la présence solide de Jésus dans nos vies. Il nous dit : « croyez en moi ». Pas simplement pour quelques minutes de prière par écran interposé ; « croyez en moi », c’est : faites de moi le socle de votre vie. Le point de solidité auquel vous pouvez vous accrocher, toujours ; le rocher sur lequel construire votre vie.
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Je vous encourage alors à vivre pleinement cela aujourd’hui : faire de Jésus notre socle solide, inébranlable. Ainsi, dans la tourmente, comme Jésus le révèle en Matthieu, chapitre 7 : « La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, les vents ont soufflé et se sont abattus sur cette maison ; la maison ne s’est pas écroulée, car elle était fondée sur le roc. » Laissez donc le Seigneur revoir la maçonnerie de vos fondations, pour ne pas tourner en tous sens, mais garder le cap… le cap de l’Espérance ! Alléluia !
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