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Tuesday 5 May - Temples estivaux de sa Présence !
4ème semaine du Temps Pascal
ParMardi 5 mai 2020 - 4e Semaine du Temps Pascal
Homélie du père Ludovic Frère, recteur du sanctuaire
Temples estivaux de sa Présence !
Ce confinement permet sans doute à beaucoup d’entre nous de prendre plus de temps pour méditer la Parole de Dieu ; et nous rendre ainsi attentifs à ce qui pourrait passer ordinairement plus inaperçu, dans les textes bibliques.
Ainsi avec l’évangile d’aujourd’hui, qui commence par ces mots : « On célébrait la fête de la dédicace du Temple de Jérusalem. C’était l’hiver ». Ces précisions chronologiques rendent le récit plus vivant, mais elles sont un peu surprenantes en plein milieu de ce chapitre 10 de saint Jean. Il y a donc fort à croire qu’elles sont là pour nous dire quelque chose : comme si le Seigneur nous demandait de chercher avec délectation ce qu’il veut nous faire ici comprendre.
Car la Parole de Dieu est une Parole d’amour ; les mots d’amour, on peut les exprimer directement, ou les dire avec plus de nuances, voire de manière un peu cachée… car l’amour et la recherche vont toujours de pair. Ainsi, par amour pour nous, le Seigneur semble nous dire aujourd’hui : recherche donc ce que je veux dire à ton cœur par ces précisions : « On célébrait la fête de la dédicace du Temple de Jérusalem. C’était l’hiver ». « Dédicace du Temple » et « hiver »… qu’est-ce que ça peut vouloir dire pour nous aujourd’hui ? Je vous propose quelques pistes pour y réfléchir.
* * *
D’abord, la dédicace du Temple. Cette fête faisait mémoire d’un événement survenu plus de 150 ans auparavant : l’armée syrienne avait attaqué Jérusalem et profané le Temple. Quand on sait l’importance du Temple de Jérusalem pour les Juifs, on mesure le traumatisme. Alors, une fois libéré de l’emprise syrienne, il fallait bien poser un acte, d’action de grâce et de réparation, avant de pouvoir retrouver le culte en ce saint lieu.
Or, dans l’évangile d’aujourd’hui, le Christ fait cette révélation très forte : « Le Père et moi, nous sommes Un ». On pourrait traduire : la Présence du très-Haut dans le Saint des Saints du Temple, et ma présence parmi vous, c’est la même chose ! La révélation est bouleversante ! Jésus est en personne la présence divine au milieu du peuple !
Le Saint des Saints rétabli dans toute sa splendeur, c’est Jésus qui a traversé la Mort et anéanti le Mal ! Ce même Jésus qui fait chez nous sa demeure et qui fait de nous son corps.
Je vous invite aujourd’hui à vraiment confesser que le Seigneur est présent chez vous et en vous. Reconnaissez cette merveille : votre propre corps porte la même présence divine que le Saint des Saints de Jérusalem !
Oui, aujourd’hui, contemplons le mystère de nos corps ! Même si le vôtre vous fait souffrir actuellement, même si son vieillissement vous est lourd à porter, même si vous éprouvez des complexes à l’égard de votre corps, accueillez-le vraiment aujourd’hui comme le temple de la présence divine ! Et sachez vous en émerveiller !
* * *
Le deuxième apparent détail de notre évangile, c’est la saison : « c’était l’hiver ». La fête de la dédicace était en effet célébrée au moment du solstice d’hiver, pour y confesser la lumière qui l’emporte sur la nuit, comme on le fait à Noël. Après avoir purifié le Temple, les juifs avaient rallumé le chandelier à 7 branches, la Menorah. La lumière était ainsi revenue dans le lieu saint : lumière après l’obscurité de l’invasion syrienne et de la désolation du temple souillé !
Or, voici que Jésus « allait et venait dans le Temple », dit l’évangéliste. Quand le Seigneur Jésus est là, la lumière est présente, elle éclaire le Temple en tous lieux, plus encore que ne le faisait la Menorah. « Si c’est toi le Christ, dis-le nous ouvertement », demandent ceux qui encerclent Jésus. « Je vous l’ai dit et vous ne croyez pas », répondit-il. Le Fils de Dieu apporte bien la lumière, mais ceux qui ne veulent pas la voir n’en sont pas éclairés. Ils restent alors dans leur obscurité.
Il est important pour nous, surtout dans la période troublée que nous traversons, de confesser fermement que Jésus Sauveur éclaire de sa lumière tout ce que nous vivons : nos semaines de confinement et nos inquiétudes sur la pandémie sont éclairées par la présence du grand Soleil de Pâques, Jésus ressuscité.
Que tous ces événements se soient produits au cours du Carême, de la Semaine Sainte et du Temps pascal ne manque alors pas de signification ! D’ailleurs, « c’était l’hiver », précise l’évangéliste. De même pour nous, le confinement a commencé en hiver : le 17 mars. Nous ne sommes entrés en printemps que 20 mars. C’était donc l’hiver quand nous nous sommes confinés.
Mais ce pénible confinement pourrait être vécu comme un long hiver qui se prolonge jusqu’à aujourd’hui. Ce serait oublier que Jésus va et vient dans le Temple de Dieu, et que désormais, par sa résurrection et l’envoi de l’Esprit Saint, ce Temple c’est nous ! Impossible de voir la vie comme un hiver prolongé quand on accueille le printemps de la vie nouvelle dans le Christ et la lumière estivale de Sa présence en nous !
Chassez donc aujourd’hui les pensées hivernales ! Accueillez le printemps de Dieu, qui ne cesse de germer ! Accueillez le Soleil de Pâques : Jésus qui rayonne dans vos cœurs et qui fait de vos corps des Temples vivants de sa lumineuse présence ! Et laissez-le rayonner : sur vos proches ou sur votre solitude, laissez-le rayonner ! Alléluia !