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Sunday 22 March - Dans la lumière
4e dimanche de Carême
Par le Père Ludovic Frère, recteurMesse du dimanche 22 mars 2020 –
Homélie du père Ludovic Frère, recteur du sanctuaire
Dans la lumière
La lumière a toujours exercé sur l’être humain une forme de fascination, vous ne trouvez pas ?
Pensez au regard d’un nourrisson sur une bougie, ou à la joie d’un enfant devant une guirlande lumineuse de Noël.
Pensez à notre émerveillement lors d’un feu d’artifice, qui fait jaillir des « oh », des « ah » pour quelques pétards lumineux. Plus encore, à un lever de soleil, pourtant tellement prévisible, mais dont la lueur réjouit toujours les coeurs.
Pensez à la révolution de l’apprivoisement du feu : cierges, lampes huile, à gaz, à pétrole, électricité : merveille du génie humain qui a dompté la lumière pour en profiter davantage !
Car l’obscurité n’est pas notre milieu de vie. Tout petit, on a peur du noir et il faut être rassuré. L’obscurité est comme un voile de deuil, qui fait crier notre besoin de lumière ; comme une peur anticipée, peut-être, de l’obscurité de la tombe.
* * *
En tous cas, dans cette absence de lumière, l’aveugle que Jésus rencontre aujourd’hui n’a même plus la force de crier. Il ne demande rien. Aveugle de naissance, il s’est fait une raison : l’obscurité fait partie de sa vie, c’est ainsi, personne ne peut rien y faire.
Mais Jésus ne nous laisse jamais dans l’obscurité, jamais dans le manque d’espérance ! Même si cet aveugle ne demande rien, le Christ connaît son désir de lumière. Il se penche vers lui. Il le rejoint dans son obscurité. Il lui propose Sa lumière !
La guérison est d’ailleurs précédée d’une révélation : « Je suis la lumière du monde », dit Jésus. Au chapitre précédent, le Christ avait dit pareillement, à la femme adultère libérée de sa sentence de mort : « Je suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres ». Dieu nous rejoint dans nos obscurités, Dieu vient dans nos ténèbres, Dieu apporte sa lumière et nous appelle, comme une porte ouverte vers la clarté : « Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres ».
Je vous encourage à vraiment accueillir cette grande révélation, surtout dans le contexte difficile que nous vivons actuellement. Dès que vous avez des idées noires, laissez Jésus venir vous éclairer. Dès que vous étouffez dans votre confinement, laissez Jésus l’habiter de sa lumière !
* * *
Cet aveugle de naissance, qui n’a même plus l’espoir de sortir de son obscurité, symbolise certainement l’humanité tout entière et chacun d’entre nous, quand les ténèbres nous semblent plus fortes que tout. Nous sommes alors tous interrogés : où vais-je chercher de la lumière pour éclairer ma vie ?
Il me semble que notre confinement et nos inquiétudes liées au coronavirus nous appellent à faire le point et même la vérité : par quoi nous laissons-nous éclairer ?
Chacun de nous peut trouver à y répondre : on est éclairé par l’amour des proches, certainement. Par tous les témoignages d’amitié, avec les messages qu’on reçoit et qu’on donne aux autres, comme autant de lueurs qui font du bien. Eclairés par la prière aussi, par la méditation de la Parole de Dieu… en ces jours obscurs, il y a bien des lumières dans nos vies. Veillons à toujours ouvrir les yeux pour les voir !
Se demander par quoi on se laisse éclairer, c’est aussi un appel à ne pas confondre la lumière qui éclaire et la lumière qui fait mal aux yeux. En ces jours confinés, vos écrans sont peut-être souvent allumés. Pas de souci quand c’est pour regarder de bonnes choses à la télé ou sur internet, comme la messe depuis le Laus, ou d’autres retransmissions nourrissantes. Mais attention aux lumières qui attirent et qui font mal ! Ne soyons pas comme des moustiques, qui vont s’écraser sur les phares d’une voiture.
* * *
Plus encore, cette révélation de Jésus-Christ lumière du monde vient interroger nos profondeurs : frères et sœurs, voulez-vous être votre propre source de lumière, ou la recevoir du Christ ? Vous tournez-vous vers la vraie Lumière qui éclaire tout, ou préférez-vous de médiocres lumières qui n’éclairent que sur terre ?
Toutes les formes de mondanité et d’enfermement dans les réalités matérielles n’apportent pas assez de lumière. Nous sommes faits pour du plus lumineux que cela ! Il faut vraiment qu’on arrive à s’en convaincre : nous sommes faits pour plus lumineux que les seules promesses du monde !
Je vous invite alors à vous poser une question : qu’avez-vous donc fait de votre cierge de baptême ? Oh, depuis le temps, vous l’avez peut-être égaré. Mais la question est plus profonde, bien sûr : qu’avez-vous fait de la lumière baptismal ? Au baptême, nous avons reçu la lumière du Christ ; elle a chassé toute l’obscurité du péché originel, du démon et de nos complicités avec le mal. Le baptême nous a faits « lumières » dans le Christ, pour éclairer le monde, pour l’enflammer et pour l’ouvrir à la lumière d’éternité !
Tout cela, ce ne sont pas de grandes envolées spirituelles : c’est la réalité la plus concrète de ce que nous sommes devenus par notre plongée dans la mort et la résurrection du Christ. Nous sommes devenus « lumières ». On ne met pas une lumière sous un lit, sous le boisseau, dit Jésus. Même si nous sommes actuellement des lumières confinées, nous pouvons briller dans les plus petites choses du quotidien.
Je vous encourage à le vouloir vraiment aujourd’hui et toute cette semaine : être des lumières qui éclairent le quotidien en apportant la clarté du Christ sauveur. Par vos paroles qui consolent les autres, par vos prières qui soutiennent les malades et les soignants, par vos petites attentions à l’égard de ceux qui sont confinés avec vous… dans les plus petites choses, apportez la lumière de Jésus !
C’est ce que nous serons d’ailleurs symboliquement appelés à faire tous ensemble ce mercredi, jour de l’Annonciation du Seigneur. Les évêques de France ont demandé que toutes les cloches des églises où c’est possible sonnent à 19h30 : une grande volée alors que la nuit sera tombée, pour dire notre espérance en la lumière plus forte que les ténèbres ! Et tous, nous sommes invités ce soir-là au geste symbolique de mettre des bougies à nos fenêtres : un témoignage de lumière, tous ensemble. De petites lumières individuelles, mais qui, mises ensemble, peuvent former une grande guirlande d’espérance. Préparons-nous mercredi à témoigner de l’espérance du Christ, qui nous dit sans cesse :
« Je suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres ».
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