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Wednesday 29 April - Transformés en Lui !
3e semaine du Temps Pascal
Par le père Ludovic Frère
Messe du mercredi 29 avril 2020
Fête de Sainte Catherine de Sienne, co-patronne de l’Europe
Homélie du père Ludovic Frère, recteur du sanctuaire
Transformés en Lui !
Nous continuons la méditation du chapitre 6 de saint Jean, dans lequel nous sommes plongés depuis le début de la semaine. Après avoir parlé hier de la Manne venue du Ciel, Jésus se révèle aujourd’hui comme étant, en Personne, la nourriture qui vient d’En-Haut.
Mais une nourriture qui ne se dissout pas dans l’estomac de ceux qui la mangent ; Jésus est la seule nourriture qui nous transforme en elle. Lui, ressuscité, nous transforme en ressuscités. Il dit alors de celui qui accueille sa nourriture : « Moi, je le ressusciterai au dernier jour ». Même à travers votre communion de désir, vous pouvez goûter combien le Seigneur est cette nourriture indispensable, nous transformant en Lui.
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Et aujourd’hui, nous avons un magnifique témoignage d’une femme transformée par le Ressuscité : sainte Catherine de Sienne. Je me permets alors de prendre un peu de temps pour vous parler de sa vie, dans l’espoir que Catherine soit vraiment votre compagne en ce jour, et qu’elle vous aide à vous laisser transformer comme elle par Celui qui est descendu du Ciel. Je vais tenter de faire court, mais sa vie est d’une telle densité que ce n’est pas si simple…
Catherine Benincasa est née à Sienne le 25 mars 1347, avec une jumelle, qui ne survivra que quelques jours. Je pense alors à tous ceux parmi nous qui ont perdu un jumeau ou une jumelle, in utero ou à la naissance. C’est souvent une douleur qui reste là, pas toujours bien identifiée. Mais le Fils de Dieu, descendu du Ciel pour nous transformer en Lui, peut aussi rejoindre et apaiser cette blessure-là.
Une autre blessure dans la vie de Catherine de Sienne, c’est sa relation compliquée à ses parents. Là encore, ce qu’a vécu cette sainte peut faire écho à des situations familiales que vous vivez peut-être, ou que vous avez vécues par le passé. Catherine a pu rebondir et faire de ce contexte difficile l’occasion d’une relation plus intime avec le Christ. Elle parlait de la « cellule intérieure » de son cœur, où Jésus, toujours présent, la consolait et la fortifiait. Ce temps de confinement nous fait justement approfondir - voire même peut-être découvrir - cette cellule intérieure que le Seigneur aime à habiter, et qui peut être d’un si grand soutien dans des contextes familiaux parfois bien difficiles.
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Cet éveil spirituel de Catherine, dès son enfance, la conduit à souhaiter ardemment faire partie des Mantellate, une sorte de confrérie dominicaine. Après bien des années, ses parents finissent par l’accepter. Elle se trouve donc liée à ce tiers-ordre dominicain, comme Benoîte Rencurel le sera 3 siècles plus tard.
Catherine va alors vivre des expériences mystiques de grande proximité avec le Christ. Elle veut tout Lui donner, avec un accent particulier sur la pureté de cœur et de corps. Voilà encore qui mérite d’être entendu, même si ce mot de « pureté » n’est pas très à la mode aujourd’hui. Dans l’histoire du Laus, un ange dit un jour à Benoîte que la pureté était un don du Ciel bien plus précieux qu’elle ne l’imaginait. N’hésitez donc pas à demander ce don du Ciel : pureté du cœur pour que nos intentions soient toujours droites, et pureté du corps pour en respecter la grandiose dignité !
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Mais la vie spirituelle de Catherine ne va pas la conduire à se préoccuper seulement d’elle-même. Elle perçoit très vite que s’unir à Jésus, c’est nécessairement s’ouvrir aux besoins des autres et vivre en communion dans la sainte Église.
D’abord, elle vient au secours des plus pauvres, notamment des pestiférés qui sont encore nombreux dans la Toscane de l’époque. Il faut dire que l’année-même de la naissance de Catherine de Sienne, la peste noire arrivait en Europe, par des navires de commerce en provenance d’Asie. Pendant des années, cette peste fait des ravages : 25 millions de morts en Europe, soit un tiers de la population européenne de l’époque. Voyez combien, face à la situation actuelle de pandémie, nous pouvons vraiment nous tourner vers Catherine de Sienne : elle a vécu à une époque où l’on percevait avec une intensité encore bien plus grande qu’aujourd’hui, l’impact d’une pandémie sur la vie.
Mais il y encore un autre domaine pour lequel Catherine de Sienne peut être invoquée : les besoins de réconciliations. On lui reconnaît très vite un vrai charisme de réconciliation entre les personnes et dans les familles. On le reconnaît, au point de l’appeler pour aider aussi à négocier la paix à d’autres niveaux. Elle se rend même auprès du Pape, en Avignon, pour le supplier de revenir à Rome. Mais l’année suivante, c’est le grand schisme d’Occident : une terrible division qui durera 40 ans, avec deux, et même trois papes. Catherine restera courageuse, à défendre l’unité de l’Église sans se résigner. Le refus de la résignation, voilà encore une belle vertu à vivre avec sainte Catherine de Sienne. Le refus de la résignation !
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Vous voyez, la sainte patronne que l’Église nous offre de fêter aujourd’hui peut particulièrement rejoindre bien des situations de nos vies. Je vous rappelle celles que nous venons de voir :
- Un soutien pour des personnes dont le jumeau ou la jumelle est décédé.
- Une intercession dans les situations familiales compliquées.
- Un appel reconnaître que le Seigneur habite la cellule intérieure de nos cœurs
- Une invitation à soigner la vertu de pureté de cœur et de corps
- Un élan pour nous tourner vers les plus pauvres, surtout dans les situations de pandémie.
- Et une aide pour permettre des réconciliations, sans se laisser aller à la résignation.
Ça fait beaucoup, pardonnez-moi ! Mais je n’y peux rien, si la vie de cette femme toute simple a été aussi intense ! Vous voyez, c’est cela, l’accueil du Christ, Nourriture venue du Ciel qui nous transforme en Lui. Jésus a choisi cette petite Catherine pour la transformer en Lui. Se nourrissant de la présence de Jésus, elle a pu être pour les autres Jésus qui console, Jésus qui soigne et qui réconcilie.
Bien sûr, elle a eu une vie grandiose, alors que les nôtres sont souvent plus ordinaires. Mais Jésus peut transformer en Lui tous ceux qui y consentent. Ce n’est pas une question de capacités ou de parcours de vie, c’est une question de disponibilité : voulez-vous que le Christ vous transforme en Lui ? Amen.
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