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Vigile de Pentecôte
Samedi 30 mai 2020 – Messe de vigile de la Pentecôte
Homélie du père Ludovic Frère, recteur du sanctuaire
Qu’as-tu fait de ta confirmation ?
Saint Jean-Paul II, dont on fêtait récemment le centenaire de la naissance, a prononcé en France une homélie mémorable. C’était voici presque 40 ans jour pour jour, le 1er juin 1980 au Bourget. Beaucoup ont retenu de cette homélie la grande interpellation que le Pape lançait à notre pays : « France, Fille aînée de l’Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? »
En cette messe de vigile de Pentecôte, permettez-moi de vous poser une question semblable : « es-tu fidèle aux promesses de ta confirmation ? » Question qui en appelle en fait une autre : avons-nous vraiment conscience d’être confirmés ?
Oui, « je l’ai fait », peut-on penser, comme on a passé un examen, comme on a reçu un vaccin. Mais un sacrement n’est jamais « fait » ; il se réalise au quotidien. Il se déploie, il se déverse sur toute la réalité. Un sacrement se nourrit de nos « oui », autant qu’il nous nourrit de ses grâces.
Telle est la courtoisie de Dieu : jamais il ne s’impose, mais quand on Lui ouvre la porte, ça souffle fort ! L’Esprit Saint est là, au plus intime de nous-mêmes. Il oriente tout notre être vers le Père, par le Fils. Il ne cesse d’aimer en nous, pour que notre charité ne soit pas simplement à la mesure de nos petits cœurs étroits.
Il agit, l’Esprit Saint ! Avec force, il agit…mais il est très poli. S’il ne nous quitte jamais, il n’agit pas en nous sans notre autorisation. Quelle humilité divine ! Mais quelle persévérance aussi, car il profite de chaque ouverture, même infime, par laquelle nous consentons à Lui faire de la place. Alors, il s’engouffre dans la brèche, il se répand en nous, il déverse sa paix et il déborde de nous !
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« Qu’as-tu fait de ta confirmation ? » C’est donc en fait : « Que fais-tu de cette puissance de l’Esprit Saint en toi ? » Cet Esprit dont la magnifique série des lectures de ce soir vient de nous révéler, au fur et à mesure, la présence si forte et si douce à la fois.
Ces lectures nous ont rappelé que c’est d’abord Dieu qui confirme en nous la grâce de notre baptême. Ces lectures ont aussi éclairé, par diverses lumières, combien l’Esprit Saint est Esprit d’unité, qui nous rassemble par-delà toutes nos différences et qui nous unit réellement en un seul Corps dans le Christ.
La Parole de Dieu nous a aussi montré combien l’Esprit Saint suscite en nous un élan missionnaire. La force de l’Esprit est indispensable pour vivre en vrais témoins du Christ.
C’est d’ailleurs pourquoi la confirmation est normalement obligatoire pour être parrain ou marraine de baptême. C’est aussi à un confirmé seulement qu’on peut conférer l’ordination. C’est toujours un ou une confirmé qui peut faire sa profession religieuse. Et c’est seulement par dérogation qu’on peut se marier sans être confirmé. Parce que toutes ces vocations, qui sont autant de missions reçues, ont besoin de se nourrir à la source de tout engagement qu’est l’Esprit Saint.
L’Esprit Saint est l’engagement permanent de Dieu en nous, parce qu’il est d’abord l’engagement éternel du Père au Fils et du Fils au Père ! Oui, on peut dire que l’Esprit Saint est l’engagement en personne, de toute éternité. Et voilà qu’à la Pentecôte, il nous est donné comme engagement divin qui infuse toute l’Église de sa puissance de « oui ». Et à notre Pentecôte personnelle qu’est la confirmation, il devient l’engagement en nous : engagement de Dieu en notre faveur, qui permet et soutient tous nos engagements humains.
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Alors, « qu’as-tu fait de ta confirmation ? » devient pour nous une question très présente : « qu’acceptes-tu aujourd’hui de faire de ta confirmation ? »
De même qu’à la vigile de Pâques, nous renouvelons les promesses de notre baptême, en cette vigile de Pentecôte nous vous proposons de renouveler dans quelques instants les promesses de notre confirmation.
Pour dire « oui » à l’Esprit Saint, comme Marie lui a dit ce grand « oui » qui l’a rendue toute à Dieu. Dire « oui » à l’Esprit Saint pour qu’il nous embrase et nous abreuve. Dire « oui » à l’Esprit Saint qui ne cesse de nous dire « oui », qui croit en nous, qui aime habiter en nous, qui trouve ses délices en nous et entre nous.
Que ce grand élan habite notre renouvellement des promesses de confirmation. Et si vous n’êtes pas encore confirmé, qu’il creuse en vous le grand désir de le devenir !
Ô, viens Esprit Saint,
tu es chez Toi chez moi !
Viens là où Tu es déjà,
viens pour que j’y sois !