Actualités
L'actu du Laus (détail de l'article)
Pour être tenu informé des publications d'articles,
Messe 5ème semaine de Carême
Messe du vendredi 3 avril 2020 – Vendredi de la 5e semaine du Carême
Homélie du père Ludovic Frère, recteur du sanctuaire
La revanche de Dieu
Il paraît qu’en ces jours de confinement, les jeux de société ont la cote. Quand on se retrouve enfermés à plusieurs en un même lieu, on peut en effet redécouvrir la joie de jouer ensemble. La joie de gagner aussi. Les jeux de société sont d’ailleurs bien révélateurs des bons perdants et de ceux qui ne le sont pas.
Je crois que je fais partie de ceux qui ne le sont pas toujours. En tous cas, plus petit, je préférais gagner. Et si je perdais, j’aimais l’idée de la revanche : même quand on a perdu une fois, on peut espérer se rattraper, en gagnant la fois suivante. Revanche qui fait même oublier, d’une certaine manière, la défaite précédente.
* * *
Dans notre liturgie de ce jour, la première lecture a justement parlé de « revanche ». Le prophète se désole de ses opposants. Il crie alors vers Dieu : « fais-moi voir la revanche que tu leur infligeras ». L’espoir d’une revanche divine !
À une semaine du vendredi saint, ce terme de « revanche » mérite d’être bien entendu. Sur la croix, la revanche de Dieu contre le mépris de son saint Nom, ce n’est pas d’envoyer des éclairs pour foudroyer les soldats romains ou les chefs religieux.
Les disciples de Jésus l’auraient pourtant bien vu ainsi. Regardez Luc, chapitre 9, verset 54. Après avoir été mal accueillis dans un village de Samaritains, Jacques et Jean proposent à Jésus : « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions qu’un feu tombe du ciel et les détruise ? » Une bonne revanche bien ciblée ! Mais, dit l’évangéliste, « Jésus, se retournant, les réprimanda » (Luc 9,55).
Soyons bien clair : pour le Christ, il n’y aura pas d’autre revanche que la croix. On aimerait peut-être parfois, nous aussi, un Dieu qui foudroie. Pas pour nous, mais pour les autres : un Dieu qui prenne sa revanche pour imposer sa Puissance et convertir par la force.
Mais avec le Christ, pas d’autre revanche que la croix. Une revanche non pas pour exterminer, mais pour sauver ! Un peu comme ma revanche aux jeux de société, mais infiniment mieux, plus durable et plus profond : ceux qui avaient perdu – ou plutôt : ceux qui étaient perdus, c’est-à-dire nous tous – finissent par gagner, grâce à la revanche de Dieu ! Nous ne sommes donc pas définitivement perdus.
Elle est là, la revanche divine : revanche non pour exterminer, mais pour que tout le monde soit gagnant. Que toute l’humanité soit gagnante.
* * *
Avis à ceux qui n’aiment pas perdre et à ceux qui se réjouissent de gagner : avec le Christ, on est toujours vainqueur ! Sauf à vouloir la jouer solo, fermé sur soi ; car alors, on se prive de la revanche de la grâce, qui donne part à la victoire définitive sur le mal et sur la mort.
Alors, ouvrons nos cœurs à la grâce ! Embrassons la croix ! La victoire est assurée. Elle passe par la croix. C’est ce que nous allons célébrer dans une semaine : passer par la croix pour sortir du tombeau. Et être tous gagnants ! Telle est la revanche de Dieu. Amen.
<xml> </xml>
<xml></xml>