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Lundi 31 décembre 2018 messe d'action de grâces
Bonne année au présent
Matthieu 6, 24-34
Jésus disait à la foule qui s’était rassemblée pour l’écouter :
26 Regardez les oiseaux du ciel : ils ne font ni semailles ni moisson, ils n’amassent pas dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Vous-mêmes, ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ?
27 Qui d’entre vous, en se faisant du souci, peut ajouter une coudée à la longueur de sa vie ?
28 Et au sujet des vêtements, pourquoi se faire tant de souci ? Observez comment poussent les lis des champs : ils ne travaillent pas, ils ne filent pas.
29 Or je vous dis que Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’était pas habillé comme l’un d’entre eux.
30 Si Dieu donne un tel vêtement à l’herbe des champs, qui est là aujourd’hui, et qui demain sera jetée au feu, ne fera-t-il pas bien davantage pour vous, hommes de peu de foi ?
31 Ne vous faites donc pas tant de souci ; ne dites pas : “Qu’allons-nous manger ?” ou bien : “Qu’allons-nous boire ?” ou encore : “Avec quoi nous habiller ?”
32 Tout cela, les païens le recherchent. Mais votre Père céleste sait que vous en avez besoin.
33 Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît.
34 Ne vous faites pas de souci pour demain : demain aura souci de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine.
Partout dans le monde, on célèbre cette nuit le passage à la nouvelle année. Mais pourquoi une telle célébration ? A-t-on vécu en 2018 une année si sublime, qu’il faille forcément l’achever par une soirée de fête ? Ou alors, est-ce le contraire ? Si cette année fut pour vous difficile, la voir s’en aller peut être un grand soulagement… pourtant, un changement de date a peu de chance de permettre à lui seul de tourner la page !
Alors, que célébrons-nous vraiment ce soir ? Comme chrétiens, nous ne vivons pas un simple passage, même s’il est beau et nécessaire de nous associer à des rites collectifs qui rythment la vie humaine. Mais le passage à la nouvelle année n’est jamais qu’une convention de calendrier ; pas de quoi bouleverser notre vie !
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Non, ce soir, nous ne célébrons pas seulement une année nouvelle, mais la valeur de chacune de nos journées. « Ne vous faites pas de souci pour demain : demain aura souci de lui-même ». Voilà ce que Jésus conseille à ceux qui l’écoutent : Se libérer du souci du lendemain !
C’est ce que le Christ nous demande en cette soirée de fête, parce qu’il nous aime trop pour nous voir empêtrés dans des soucis de toute sorte. Notre Dieu nous veut libres, libres de l’inquiétude du lendemain. Notre Dieu nous veut libres afin d’avoir des cœurs suffisamment disponibles pour aimer.
Alors, qu’est-ce qui nous attend dans cette année nouvelle ? Qu’allons-nous y trouver et que risquons-nous d’y perdre ? Qu’allons-nous devoir affronter ?... Autant de questions qui ne sont pas celles des disciples du Christ. Car trop tendus vers l’avenir ou trop tournés vers le passé, nous ne vivons plus vraiment, nous manquons de stabilité, nous perdons la vraie joie. Blaise Pascal disait : « Nous errons dans des temps qui ne sont pas les nôtres, et nous ne pensons pas au seul qui nous appartient. »
* * *
Alors, si nous sommes ici ce soir, auprès de la Vierge Marie, c’est pour penser au seul temps qui nous appartient vraiment : le présent.
Pour cela, avant de passer à la nouvelle année, nous célébrons l’Eucharistie. Nous allons communier à la présence de Jésus, puis nous arriverons jusqu’à minuit en adorant Celui qui est réellement présent, l’éternel présent.
Oui, Dieu est présent ; Lui seul sait pleinement habiter le présent ! C’est pourquoi notre Sauveur nous dit ce soir : « Ne vous faites pas de souci pour demain ». Entendez par-là : moi, votre Dieu, votre Tout, je suis là maintenant. Ne vous inquiétez donc pas de ce qui est passé, ne vous souciez pas de ce qui vous attend plus tard. « Ne vous faites pas de souci pour demain. »
Le passage à la nouvelle année est alors pour nous un appel à être « là » maintenant. C’est seulement ainsi qu’on embrasse la vie, un peu comme une roue qui, pour avancer, doit toucher le sol en un seul point. Si la roue voulait se rassurer en ayant plusieurs points d’ancrage au sol, elle freinerait le véhicule tout entier, elle l’immobiliserait.
Dans nos vies aussi, vouloir rester dans le passé ou se projeter déjà dans l’avenir, c’est rechercher plusieurs points d’ancrage et risquer l’immobilisation. Ne freinons pas l’élan de notre pèlerinage jusqu’au Ciel ! Allons-y vraiment, avançons sans crainte car de toute façon, le meilleur nous attend ! Vous entendez : le meilleur nous attend, pour l’éternité !
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Mes vœux pour chacun d’entre vous au seuil de cette nouvelle année sont donc que vous soyez des roues bien là dans le présent, libérées du souci du passé et des inquiétudes de l’avenir. Des roues qui se laissent entraîner par la grâce de Dieu et qui ne consomment pas inutilement l’essence de la vie en voulant s’agripper à plusieurs point d’ancrage. Des roues qui ne cherchent à toucher la route de la vie qu’en un seul point : le présent.
Mais pas n’importe quel présent : un présent habité, un présent d’espérance. Jésus vient de nous dire : « Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît. » Chercher le royaume, c’est nous décentrer de nous-mêmes et des préoccupations qui ne visent pas le Ciel. Chercher le royaume, c’est reconnaître qu’il est là, ce règne de Dieu déjà à l’œuvre dans le monde.
Depuis la mort et la résurrection du Christ, le présent est rempli d’espérance parce qu’il est sauvé de la menace de mort. Voilà ce que nous proclamons cette nuit encore, pour le déployer dans chaque journée de cette année nouvelle : nous célébrons un présent sauvé de la menace de mort ! Un présent qui n’est plus menacé, mais qui est transfiguré.
Cette transfiguration, nous la percevons parfois. Sans doute cette soirée nous permet-elle de la goûter en vérité. Mais cette transfiguration reste cachée, comme le Royaume de Dieu, suspendu dans les mains du Seigneur.
Je vous souhaite alors de vivre une nouvelle année qui soit un présent permanent, une présence au présent, sans chercher à combler par les biens de la terre ce dont le Ciel seulement pourra nous rassasier.
Vivons dans le présent, un présent qui attend dans la paix son déploiement éternel ! Amen.