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L'équipement du missionnaire
Dans la lettre apostolique dont nous fêtons le centenaire, le pape Benoît XV précise ce qui est absolument nécessaire pour annoncer l’Evangile, que ce soit à l’autre bout du monde ou dans nos proximités du quotidien. Il dit du baptisé-envoyé : « Il donnera l’exemple de l’humilité, de l’obéissance, de la pureté et surtout de la piété. » 4 grandes vertus pour ouvrir à la foi en Jésus-Christ, unique Sauveur du monde.
Alors, puisque nous sommes tous convoqués à cette mission, nous sommes tous appelés à vivre ces vertus : humilité, obéissance, pureté et piété. Sans doute aurait-on pu s’attendre à ce que le pape insiste plutôt sur le courage, l’inventivité et le sens de la parole convaincante : autant de qualités qu’on pourrait penser indispensables pour évangéliser. Mais non, c’est dans l’humilité, l’obéissance, la pureté et la piété que Benoît XV voit les ressorts essentiels pour ouvrir à la Bonne Nouvelle.
Oh, c’était il y a 100 ans, ça fait bien longtemps, pensez-vous peut-être… Pureté, piété, obéissance : tout ce vocabulaire fait un peu daté ! À moins que ce soient ces vertus elles-mêmes qui aient fait leur temps. Mais en ce début du mois où tous les disciples du Christ sont exhortés à faire résonner en eux l’appel à la mission, je vous invite à vous laisser vraiment rejoindre par l’exhortation à vivre ces 4 grandes vertus.
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Puisque le pape Benoît XV écrit : « surtout de la piété », commençons par cette dernière. En saisissant d’abord ce que l’on entendait à l’époque par « piété ». Car c’est un terme plutôt désuet de nos jours. On lui préfère celui de « vie spirituelle », ou plus œcuménique, de « spiritualité ». Mais le terme de piété a l’avantage d’insister sur une réalité parfois oubliée dans notre spiritualité moderne : en grec, la piété, c’est le respect dû à Dieu. La vie spirituelle apparaît alors non pas d’abord comme une quête pour donner du sens à sa vie, ressentir de la paix ou être en harmonie avec soi. Non, la vie spirituelle vise d’abord le respect dû à Dieu parce qu’il est Dieu.
Alors, pourquoi sommes-nous rassemblés ici ce dimanche matin, sinon d’abord parce que Dieu est Dieu ? Comme toute messe, cette messe doit donc être un grand moment pour dire au Seigneur notre respect émerveillé devant sa grandeur et sa beauté ! Et y puiser force et lumières pour ouvrir les autres à cette infinie beauté de Dieu.
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C’est la première exigence missionnaire. Mais ça ne peut être la seule. Cette nécessité, le pape Benoît XV la relie une autre : l’obéissance. Sans obéissance, on ne peut pas être missionnaire. Car sans obéissance, on risque de ne pas témoigner du Christ, mais de soi-même.
Il est donc vraiment essentiel de bien entendre ce qu’est l’obéissance. Dans la langue du Nouveau Testament, « obéir » se traduit littéralement : « écouter par en-dessous ». Se mettre en-dessous pour bien écouter, voilà ce qu’est l’obéissance de la foi.
Cette foi dont les apôtres ont bien perçu qu’ils n’en avaient pas assez. Alors, ils supplient Jésus dans l’évangile d’aujourd’hui : « Augmente en nous la foi ». Remarquez que la réponse du Christ à cette demande d’augmentation n’est pas quantitative : « vous en voulez combien ? Quel pourcentage ? »
Non, sa réponse est spirituelle : laissez-vous conduire par l’Esprit ! Si votre vie est dans l’obéissance à l’Esprit Saint, votre foi grandira sans cesse, jusqu’à déplacer des montagnes ! Alors, obéissez à l’Esprit Saint plutôt qu’à votre esprit limité : écoutez par en-dessous, dites « oui » à la volonté du Seigneur infiniment grand. Ainsi, votre foi grandira, et vous serez vraiment missionnaires, car vous ne vous annoncerez pas vous-mêmes, vous n’annoncez pas vos idées pour vous rassurer d’avoir raison. Vous l’annoncerez Lui, le seul véritable Trésor, le seul Maître, le seul Sauveur.
L’obéissance de la foi permet donc de discerner les raisons pour lesquels nous souhaitons que d’autres adhèrent au Christ ; les raisons pour lesquelles aussi, nous défendons des valeurs. Ainsi, en ce jour où de nombreuses personnes ont le courage de manifester à Paris contre les lois de bioéthiques sur la PMA, nous voici de nouveau interpellés : si les gens sentent qu’on cherche à défendre des valeurs pour promouvoir un parti ou un groupe afin qu’il ne périclite pas, on n’annonce pas le Christ. Mais si les gens perçoivent qu’on défend un sens de la vie, un amour de l’humain, non pour notre avantage personnel mais par obéissance à ce qui nous dépasse, alors on est missionnaire. On peut espérer que tous les manifestants de ce jour le vivent dans cet esprit missionnaire, témoignant d’un grand sens de l’être humain et donc de la gloire de Dieu.
Et nous tous, en ce sanctuaire de conversion, laissons donc la Vierge Marie nous conduire à une purification de nos intentions, pour que nous ne cherchions rien d’autre que la gloire de Dieu : C’est cela, l’obéissance. Une obéissance conjuguée à cette autre vertu évoquée par Benoît XV : l’humilité. La conscience qu’on vient de l’humus, qu’on n’est que poussière et donc bien sûr qu’on n’est pas Dieu. Impossible d’annoncer l’Évangile si l’on se prend soi-même pour un dieu. Quand on se prend pour « tout », ou qu’on veut que « tout » tourne autour de soi, on ne peut témoigner que de soi. L’humilité, c’est le consentement à n’être pas « tout », pour entrer en relation avec d’autres que soi, et témoigner d’un Autre au-dessus de soi.
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Dernière vertu du missionnaire précisée par la lettre apostolique dont nous fêtons le centenaire, c’est la pureté. Voilà qui peut sembler encore bien étonnant ! L’ouverture des peuples et des cœurs à l’Évangile tiendrait donc à la pureté personnelle des missionnaires ? Ce n’est sans doute pas ce à quoi l’on penserait spontanément. Alors, je vous propose de bien entendre ce qu’est le sens chrétien de la pureté, de corps et de cœur.
La pureté du corps, d’abord : le message du Laus aide à saisir comme c’est important. Ce sont les anges –créatures non-corporelles - qui vont éveiller Benoîte à l’importance de la pureté du corps. Ainsi en 1693, son ange gardien lui dit, je cite les Manuscrits : « qu’il serait de temps en temps en sa compagnie […] afin qu’elle n’ait pas de peine touchant l’impureté ». « L’ange lui dit encore de bien remercier Dieu et sa sainte Mère de l’avoir délivrée de l’impureté, une plus grande grâce qu’elle ne pense ».
Une plus grande grâce qu’elle ne pense ! Et donc une vertu plus décisive qu’on ne peut croire. Non par obsession à l’égard de la sexualité ou par soupçon envers le corps, mais par cette vive conscience que le corps est particulièrement un lieu de don de soi. Or, pour témoigner du Christ, il faut témoigner du don, jusque dans le corps avec ses désirs et ses attentes parfois si fortes, en les orientant vers des fins vraiment dignes de Dieu et de l’humain.
Mais c’est aussi la pureté du cœur que le message du Laus appelle à désirer. Un passage des manuscrits dit ceci : Benoîte « ne voit pas toujours (la belle Dame) au même endroit, mais comme elle porte partout cette pureté de cœur qui la rend agréable à la Mère de miséricorde, elle a eu le bonheur de la voir en divers endroits. » Ainsi donc, la pureté du cœur permet d’entrer en relation avec le Ciel. Alors, purifions davantage nos cœurs de tout ce qui n’est pas fidèle à l’Évangile, et nous serons si bien connectés au Ciel que nous en témoignerons partout, peut-être même sans nous en rendre compte.
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Voilà donc ces 4 vertus à redécouvrir. Puisque nous ne sommes qu’au début du mois extraordinaire de la mission, je vous encourage à prendre ces 4 vertus dans votre quotidien de ce mois d’octobre. À les laisser vous habiter, vous transformer. La piété, la pureté, l’obéissance et l’humilité : en les accueillant comme des dons de Dieu, nous pouvons être de grands missionnaires, même dans les petites choses de la vie.
Je vous invite alors, au début de ce mois de la mission, à venir après la messe vous marquer de l’huile du Laus. Car si la Belle Dame en a fait un signe de guérison, l’huile s’inscrit aussi dans toute la tradition biblique comme un signe d’envoi en mission : les prophètes et les rois d’Israël ont été oints comme signe de la mission reçue d’En-Haut et de leur disponibilité à l’accomplir, préfigurant le Christ, dont le mot signifie : celui qui est oint.
Disciples du Christ, venez donc après la messe vous marquer de cette huile pour Lui dire, avec l’aide de Marie : « Seigneur, envoie-moi ! Au cours de cette semaine, fais de moi un messager de ta paix, de ta joie, de ton salut, de ta bonne humeur ! Me voici, Seigneur, envoie-moi ! »
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