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Dimanche de la Divine Miséricorde
Dimanche de la Divine Miséricorde – Dimanche 19 avril 2020
Homélie du père Ludovic Frère, recteur du sanctuaire
Toucher du doigt l’amour de Dieu !
Dans la Bible, les prénoms ont du sens. Ils disent une mission ou une particularité propre à chacun. Isaac, c’est « celui qui rit », parce qu’il est né suite au rire de Sarah. Esaü, c’est « le velu, » parce que, pauvre petit, il était très poilu dès sa naissance. Jacob reçoit le nom d’Israël, « Dieu fort ». Simon celui de « Pierre », pas besoin de le traduire. Jean, c’est « celui qui reçoit la faveur de Dieu ». Et Jésus, bien sûr, c’est « Dieu qui sauve ».
Ainsi, à chaque fois qu’un personnage biblique est évoqué, on pourrait traduire la signification de son nom. Mais la Bible ne le fait pas toujours ; ce serait d’ailleurs assez fastidieux.
Alors, quand elle prend le temps de le faire, c’est qu’il y a quelque chose d’important à savoir entendre. Ainsi dans l’évangile d’aujourd’hui : « L’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau) n’était pas avec eux quand Jésus était venu ».
« Jumeau » : entendez par-là, « celui qui nous ressemble ». Sans nier notre originalité de personne unique, Thomas est celui qui nous ressemble. C’est sans doute l’apôtre qui est le plus comme nous. Absent lors de la première venue du Christ ressuscité, il s’inquiète de savoir si ses amis ont bien vécu quelque chose de réel.
Il est bien comme nous, vous ne trouvez pas ? Ne pas tout prendre pour argent comptant et même, ne croire que ce que l’on voit de ses propres yeux, ça peut nous ressembler. Notre jumeau est d’ailleurs à l’origine d’une expression : « Je suis comme saint Thomas, je ne crois que ce que je vois ! »
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C’est souvent ce que nous lancent des non-croyants, comme un défi : « Prouve-moi que Dieu existe, et j’y croirai ! » C’est peut-être même ce qu’on se dit personnellement : j’aimerais bien une petite preuve, juste pour me conforter dans ma foi…
Sans pouvoir constater par soi-même, l’interrogation sur la vérité biblique paraît légitime. Comme mon jumeau Thomas, je peux douter du témoignage des autres : je ne crois que ce que je vois !
Clairement, si le Christ ressuscité se manifestait à tous comme il l’a fait aux Onze apôtres, ça serait plus facile d’être croyant ! Tout le monde serait croyant. Alors, pourquoi le Seigneur n’a-t-il pas fait ainsi ? S’imposer à tous par l’évidence, c’est bien la meilleure des méthodes, la plus efficace, la plus puissante ! Nous t’en prions Seigneur, apporte la preuve que Tu es bien ressuscité ! Apporte cette preuve et tout le monde croira en Toi !
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Mais je me demande si je ne suis pas en train de faire un peu comme le démon. Rappelez-vous : il tentait le Christ au désert, en Lui proposant pouvoir et soumission par un autre chemin que celui de l’amour. L’amour qui ne s’impose pas, mais qui s’offre, et qui en retour se cherche et s’accueille. L’amour qui laisse la liberté de dire oui ou non ; et qui stimule la passion de se jeter sans filet, dans des engagements et des projets, dans des promesses et des paroles données ! C’est ça, la méthode divine, l’amour. C’est la seule méthode divine, parce que Dieu est Amour !
« Cesse d’être incrédule, soit croyant » (Jn 20, 27). Crois que le projet de Dieu est plus grand que le tien ! Crois que les desseins de Dieu sont plus intelligents, plus subtiles, plus sublimes et plus aimants que les tiens ! Crois que le chemin de l’amour divin donne accès à une vérité par-delà le constat ! Mais une vérité tellement plus belle ; une vérité d’Amour ! Sois croyant !
Un croyant qui constate, c’est un « démonstrateur », pas un ami, pas un amoureux. « Cesse d’être incrédule, sois croyant ! » Ce dimanche de la miséricorde est un grand appel à nous jeter sans filets dans les bras du Seigneur ! Justement parce qu’il est miséricordieux, c’est-à-dire qu’il est cet Amoureux infini, sensible à nos misères. Nous pouvons donc nous jeter dans le cœur d’un tel Dieu, même sans voir, même sans toucher.
Avoir la foi, ce n’est pas être assis sur une certitude inébranlable. C’est se lancer, chaque jour, dans les bras de Dieu qui nous aime infiniment. C’est cela que Thomas, notre jumeau, est appelé à saisir : la foi comme rencontre personnelle avec le Dieu de miséricorde, et non la foi comme un théorème de mathématiques, incontestable quoique parfois obscur. « Cesse d’être incrédule, sois croyant ! »
Ose le saut dans l’Absolu, le saut dans l’immaîtrisable, le saut dans la Miséricorde Divine. « Sois croyant ! »
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Notre jumeau reçoit cet appel, accompagné d’une invitation au geste : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains : avance ta main, et mets-la dans mon côté ». Je me demande comment nous pouvons, comme notre jumeau, répondre à cette invitation du Seigneur : mettre notre doigt dans les mains percées du Ressuscité, mettre notre main dans son côté ouvert.
Qu’est-ce que ça peut vouloir dire, pour vous aujourd’hui ? Je vous invite à vous poser la question : comment ma vie peut être l’occasion de toucher les mains transpercées et le côté ouvert de Jésus vivant ?
Vous percevez, ce que ça veut dire alors, cesser d’être incrédule pour être croyant ? C’est forcément toucher les mains percées et le côté ouvert du Christ ressuscité. Et comme le Christ aime à venir jusqu’à nous sous les traits des plus pauvres, des plus blessées, nous saisissons que pour toucher le Christ, nous devons toucher toutes les mains douloureuses qui se tendent vers nous pour mendier notre soutien ; Ouvrir notre coeur pour laisser la compassion se déverser sur tous ceux qui souffrent.
Oui, être croyant, c’est recevoir du cœur de Jésus des torrents de miséricorde pour les donner à ceux qui ont besoin de soutien dans leurs misères. Vous trouvez ici l’appel à ce que notre vie soit remplie d’œuvres de miséricorde. Vous les connaissez, ces œuvres de miséricorde : nourrir ceux qui ont faim ou visiter les malades, prier pour les pécheurs ou ensevelir les morts… et tant d’autres œuvres qui font de nous des croyants, et pas seulement des gens qui ont une opinion sur l’existence de Dieu.
« Cesse d’être incrédule, sois croyant » ! Un croyant aimant, dans tous les sens du terme : croyant qui aime Dieu en se laissant aimer par Lui ; et croyant qui aimante à Dieu, en attirant à Lui tous ceux qui ont besoin de sa Miséricorde. Voilà comment continuer à faire rayonner la lumière de la résurrection en cette nouvelle semaine de confinement.
« Cesse d’être incrédule, sois croyant » ! Car Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité, Alléluia !
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